Station de Pompage «Lange Erlen», Bâle

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4058 Basel,
Suisse

Publié le 01 septembre 2020
Staehelin Meyer Architektur AG

Le sol en terrazzo a été réalisé  à la main directement sur  place et se compose de ciment blanc et de galets de rivière. Station de pompage «Lange Erlen», Bâle La nouvelle station de pompage «Lange Erlen» près de Bâle s’intègre harmonieusement dans son environnement  tout en s’affirmant en  tant qu’ouvrage d’infrastructure. Avec la façade d’entrée en retrait, les escaliers avec la rampe pour fauteuils roulants, les gradins et le petit bassin de la fontaine acquièrent  une plasticité singulière, comme s’ils étaient coulés d’un seul moule. Trois côtés de la façade présentent un profilage vertical qui est censé faire référence  à la forêt environnante. Bien que de nombreux matériaux aient été laissés  à l’état brut, avant d’avoir néanmoins subi un traitement de surface, le bâtiment présente un aspect de très grande qualité En pénétrant dans le bâtiment, on se retrouve d’abord dans un hall d’entrée qui, avec ses angles arrondis, reprend le motif du projet  des moulins des glaciers. Une œuvre de l’artiste Madlaina Lys orne  le jour de la cage de l’escalier en colimaçon  qui mène au sous-sol. Façade métallique en profilés en  L et baguettes d’acier laqués en noir Façade en béton apparent blanc, à éléments pour une part préfabriqués

Données du projet

Données de base

Situation de l'objet
Schorenweg 150, 4058 Basel, Suisse
Catégorie de projet
Achèvement
01.2019

Données du bâtiment selon SIA 416

Étages
2 étages
Nombre de sous-sols
1 étage
Surface de plancher
2000 m²
Surface utile
15'320 m²
Volume bâti
11'000 m³

Description

Brut et représentatif

C’est un peu cachée, au cœur d’une zone de forêts, de prairies et de champs, entre Bâle et Weil am Rhein, que se dresse la nouvelle station de pompage qui contribue à l’alimentation en eau potable de Bâle. Le corps blanc du bâtiment né de la maquette du cabinet Staehelin Meyer Architekten s’inscrit avec détermination, et retenue toutefois, dans cet environnement.

Dans l’histoire de l’architecture, les bâtiments d’infrastructure revêtent un rôle tout particulier, négligeant le plus souvent l’aspect de conception de l’espace dans un contexte urbain, aspect subordonné à leur fonction utilitaire et à la prestation, toujours identique, mais souvent essentielle, qu’ils mettent à disposition. C’est justement cette nature, entre fonction et représentation, qui les rend si intéressants pour les architectes. Il s’agit pour eux de créer des édifices vivant pour ainsi dire dans l’ombre, mais remplissant à la fois une tâche importante pour la société – et qui méritent donc en ce sens une attention particulière sur le plan du design.

Infrastructure eau potable
Il en est ainsi par exemple pour les bâtiments consacrés à l’alimentation en eau potable. Aujourd’hui, il va de soi, à la maison, que l’eau coule du robinet. Mais son traitement implique un système complexe incluant le captage, l’épuration et le transport, à un niveau de qualité élevé et permanent. À Bâle par exemple, où l’eau potable est fournie par la société IWB, les Industrielle Werke Basel, il s’agit là d’une procédure fascinante: la nappe phréatique propre de la vallée de la Wiese n’étant pas suffisante pour alimenter la ville, l’IWB la supplémente dans la plaine de Lange Erlen – par laquelle passe la Wiese, rivière bordée de forêts alluviales – d’eau du Rhin, par inondation des zones boisées. L’eau s’infiltrant dans le sol est alors filtrée quasiment naturellement et se mélange à la nappe phréatique. Elle est ensuite ramenée vers le haut, passe par diverses étapes de filtration et de nettoyage, avant d’être délivrée aux foyers consommateurs sous forme d’eau potable. À la sortie du robinet, l’eau a donc déjà fait un long et fort précieux chemin.

Eau de glacier, gravier et sable
C’est là, dans la Lange Erlen, qu’a été érigée une nouvelle station de pompage, qui doit alimenter le réseau en eau potable jusqu’aux réservoirs. L’idée à la base du projet élaboré par le cabinet de Staehelin Meyer Architekten de Bâle repose sur les images puissantes du trajet de l’eau depuis les Alpes, où le Rhin prend sa source, des marmites glacières nées des bédières, du gravier et du sable, et des galets polis par la force de l’eau. À partir de là, ils développèrent une structure cadre définissant la forme, la fonction et la matérialisation de la nouvelle station de pompage. La démolition de deux différentes constructions, utilisées autrefois en tant que station de pompage, espaces de bureaux, silo à charbon pour le chauffage et plus récemment en tant que bâtiment à usage polyvalent avec station de transformation, a permis de construire un corps de bâtiment neuf bas d’une grande superficie, et d’aménager un espace vert avec des fleurs des prairies et des arbres autochtones, créant ainsi un lien naturel avec l’écrin de verdure environnant.

Modelage soustrctif
Sur le plan extérieur, le nouvel édifice doit se présenter comme une unité autonome, d’esprit posé sur toutes ses faces, s’affirmant, vis-à-vis des constructions existantes ou de celles pouvant venir s’y ajouter à l’avenir, avec assurance et retenue à la fois. Ainsi, le corps de bâtiment en béton blanc est dessiné par soustraction, partant de la forme purement géométrique d’un bloc plat presque carré, dans lequel les diverses fonctions ont été taillées par enlèvement. Les façades présentent un profil vertical pour une part très prononcé, élément plastique organisant les surfaces en vagues et produisant selon la position du soleil des jeux d’ombres. L’entrée principale est marquée par ce que les architectes appellent un «paysage de gradins» modelé dans le béton, large escalier dont part une rampe à droite et complété à gauche de quelques sièges avec un étroit bassin, fontaine faisant référence à la fonction de l’édifice. En arrière, la façade avant de couleur sombre présente, par analogie au profilage vertical des façades en béton, également une surface verticalement profilée, réalisée toutefois à partir de profilés en L (6 x 6 cm) et de baguettes d’acier laqués en noir.

Un aménagement intérieur haut de gamme
En pénétrant dans le bâtiment, on se retrouve d’abord dans un hall d’entrée, dont le matériau prédominant reste le béton. Les angles arrondis de la pièce reprennent et déclinent le sujet du dégrossissage à partir d’un bloc monolithique. De plus, des surfaces en chêne massif, avec des niches où il est possible de s’asseoir, un vestiaire et des rangements, ainsi qu’une œuvre de l’artiste Madlaina Lys pendant du plafond – des centaines de petites tesselles de céramique fabriquées à la main, suspendues à des fils de nylon – confèrent à cet espace une atmosphère caractéristique. À droite, une salle multifonction à laquelle se juxtapose une cuisine peut être utilisée pour des réceptions et manifestations. De même, cet étage comporte quelques pièces, ainsi qu’une station de transformation accessible de l’extérieur, qui fournit l’électricité nécessaire à la station de pompage. Sous l’œuvre d’art, un escalier hélicoïdal mène au sous-sol, où se trouve les pompes du réseau. Les visiteurs accèdent ici à une plateforme faisant barrière de sécurité, depuis laquelle il est possible de voir les pompes et les conduites d’eau.

Un elément d'infrastructure précieux
La fonction importante qu’abrite ce bâtiment est perceptible intuitivement en cet endroit. Simple dans le principe, la forme architecturale reflète, par son élaboration dans le détail et ses matériaux bruts, mais aussi ennoblis, une valeur toute particulière. Ceci est on ne peut plus tangible dans le traitement du béton, non pas gris, comme on pourrait peut-être le supposer, mais blanc, utilisé dans sa forme bouchardée, décoffrée et lissée, et ressenti comme un élément plastique. Les références aux motifs fondamentaux de l’eau qui coule, de la glace, des moulins des glaciers et des galets de rivière sont omniprésentes – ainsi par exemple au sol, constitué d’un mélange de ciment blanc et de cailloux, poncés sur place, après leur application à la main, en un très beau terrazzo. Brut et représentatif à la fois: le bâtiment réalisé par Staehelin Meyer Architekten se démarque ainsi de sa vocation purement utilitaire et devient un élément précieux au sein d’une infrastructure de toute première nécessité pour l’homme.

Architectes Jonas Staehelin und Stephan Meyer, Staehelin Meyer Architekten ETH SIA, Basel:
«La façade métallique presque noire, en retrait par rapport au volume du corps de bâtiment, abrite des fonctions diverses, nécessaires pour une construction d’infrastructure. En même temps, elle confère à l’entrée principale, par sa délicatesse, le caractère représentatif voulu.»

Texte: Thomas Geuder

Première publication: Magazine de la Documentation suisse du Bâtiment 2020–5

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