Transmettre la culture du bâti
Non seulement les matières MINT, les langues étrangères et les connaissances informatiques, mais aussi les connaissances de base de la culture du bâti seront enseignées dans les écoles suisses. Début novembre, lors d’un colloque, l’association Archijeunes a stimulé le débat sur les futurs contenus pédagogiques.
L’année dernière, les Ministres européens de la Culture ont défini à Davos le concept de la «culture du bâti», le patrimoine bâti de l’Europe. L’objectif est de le «conserver et protéger». L’accent est mis sur la nécessité d’une approche holistique de la culture du bâti en tant que bien commun et responsabilité partagée. Quelles compétences un citoyen adulte doit-il acquérir pour intervenir sur les aspects de son espace de vie? Dans le cadre du colloque «Elemente einer Baukulturellen Allgemeinbildung», organisé par l’Association Archijeunes, plus d’une dizaine d’experts ont débattu de cette question dans le contexte de la Suisse.
Que signifie proche?
Dans le cadre de son exposé, le planificateur des transports Kay W. Axhausen a expliqué que, de nos jours, le temps de trajet domicile-lieu de travail dure en moyenne une heure. Entre les «lieux d’accessibilité maximale», un pendulaire passe son temps soit en voiture soit dans un train de banlieue. Les paysages traversés deviennent des lieux de passage et perdent ainsi leur valeur de vécu.
Ce fait a été reconnu également par l’urbaniste Anna Brandl. C’est pourquoi elle décida de ralentir le rythme de ses élèves de la Haute École Spécialisée de Liechtenstein, en parcourant avec eux la région fortement morcelée du Rheintal. Cette approche lente permet aux élèves de prendre connaissance des anciennes structures de peuplement.
Autrefois, le trafic individuel était à la base du mitage d’un territoire, créant ainsi des quartiers semi-anonymes. L’espace public divisé est donc un concept qui doit être réappris. Une partie de la population de Vaduz en a eu l’occasion avec la «Vadozner Huus»: l’université a créé cet espace public gratuit au centre de la ville. Dans le cadre de ce projet temporaire, le consensus social sur l’utilisation de cet espace fut un processus qui s’est développé au fur et à mesure durant l’été.
Comprendre l'histoire et les hiérarchies
Dans sa conception du patrimoine culturel, la conservatrice des monuments historiques Gabi Dolff-Bonekämper de Berlin fait également référence au droit humain à la participation culturelle, un droit fondamental pour tous les êtres humains. Les bâtiments sont des traces de l’histoire culturelle commune. Ils sont donc eux aussi des témoins silencieux de l’évolution et de l’histoire d’un lieu.
L’architecte Elli Moseyabi se sert de portes pour décrire comment l’architecture influence inconsciemment le comportement des personnes. La taille d’une porte façonne les hiérarchies et les distances entre les relations humaines. L’architecte paysagiste Christophe Girot jette un regard critique sur l’environnement naturel de la Suisse: qu’est-il arrivé aux 30 millions d’arbres fruitiers qui ont disparu ici après la Seconde Guerre mondiale? Quelles sont aujourd’hui les cicatrices qu’ont laissé les carrières et le développement du paysage dans des régions encore plus éloignées?
Lors du colloque, tant les techniciens en énergie que les chercheurs en durabilité ont fait part de leurs préoccupations quant au changement climatique. L’empreinte carbone est une de mesure environnementale scientifique permettant de quantifier l’impact d’une activité ou d’un objet sur le changement climatique. Elle peut également être utilisée comme unité de mesure dans le cadre de la construction durable et respectueuse du climat.
En tant que pays de démocratie directe, la Suisse offre à ses électeurs la possibilité de voter sur des projets d’aménagement du territoire et de construction. Il est temps d’ancrer encore plus solidement la culture comme une valeur commune dans l’éducation scolaire.
Toutes les contributions du colloque du 8 novembre 2019 ont été enregistrées sur vidéo. Les vidéos sont disponibles ici. (en allemand)