École publique d’Enge

Situation initiale
Après environ vingt ans de location à des tiers, le complexe scolaire d’Enge redevient une école publique. En lien avec les futurs bâtiments scolaires du nouveau quartier urbain de Viererfeld, un nouveau pôle éducatif verra le jour. Le bâtiment scolaire, érigé en 1911 dans un style historicisant, ainsi que le gymnase ajouté en 1931 dans le langage sobre du Neues Bauen, ne répondaient plus aux normes en vigueur. Ils ont donc été rénovés en collaboration avec les services des monuments historiques.

Rénovation globale
Tout en respectant les exigences de la conservation du patrimoine, le complexe scolaire a été remis à niveau sur les plans architectural, pédagogique et technique, en intégrant également les objectifs énergétiques et écologiques actuels. Le programme spatial a été intégré avec soin dans la structure existante, en tenant compte des besoins des utilisateur·rice·s, avec des interventions ponctuelles plus marquées. Un ascenseur traversant tous les étages a été ajouté et les deux bâtiments, aux niveaux de plancher différents, ont été reliés de manière ingénieuse et rendus accessibles sans obstacles. Le hall d’entrée du gymnase a été transformé, sur la base de plans d’archives, en un préau partiellement ouvert. Un nouvel escalier monumental en pierre naturelle, accompagné d’une rampe, établit un lien généreux avec la cour de récréation et met en valeur ce nouveau cœur du complexe scolaire.

Au dernier étage, l’aménagement intérieur des années 1970 a été retiré. L’ancien logement du concierge a été transformé en salle de musique, et les espaces pour le corps enseignant ont été réaménagés dans un langage architectural en harmonie avec le bâtiment existant. Dans le bâtiment principal comme dans l’annexe du gymnase, les éléments d’origine ont été préservés ou reconstitués. Le revêtement mural typique – planches de soubassement, toile de jute en partie inférieure, enduit lisse en partie supérieure – n’était conservé que dans les couloirs, mais a été réintroduit dans les salles de classe. Les fenêtres ont été restaurées ou reconstruites selon les modèles historiques, avec amélioration énergétique par vitrages. Les portes et armoires ont été renouvelées dans un style à panneaux traditionnels. Pour le gymnase, une photo d’archives a permis de guider la conception du nouveau plafond acoustique et le choix des couleurs, en cohérence avec la configuration d’origine.

Énergie, durabilité et réemploi
Dans le bâtiment scolaire, seuls les allèges sous les fenêtres et la toiture ont été isolés, en raison de la structure massive du bâtiment et de la richesse de ses finitions intérieures. Par souci de préservation et d’économie, aucun système de ventilation mécanique n’a été installé. L’aération naturelle par ouverture manuelle des fenêtres a été maintenue, avec une régulation via capteurs de CO₂ et la possibilité d’un rafraîchissement nocturne, garantissant ainsi une bonne qualité de l’air. L’annexe du gymnase, dont les sanitaires sont situés au sous-sol, a été isolée de l’intérieur et équipée d’une ventilation mécanique. Dans la salle de sport, une aération naturelle automatisée assure un climat intérieur sain. À partir de 2027, l’approvisionnement en chaleur sera assuré par le réseau de chauffage à distance régional; d’ici là, le système existant reste en fonction. Le toit du gymnase a été équipé d’une installation photovoltaïque intégrée. De nombreux éléments d’origine – luminaires, lavabos, radiateurs et divers aménagements – ont été conservés ou réutilisés ailleurs dans le projet. Une grande partie des tuiles du toit a été nettoyée et remise en œuvre, complétée par des éléments neufs. Préserver un bâtiment, le rénover soigneusement et lui donner une nouvelle vie est en soi une démarche durable. Grâce à des interventions précises, parfois interprétatives, parfois fidèles à l’existant, l’intégrité et la valeur culturelle du bâtiment sont préservées. L’ancienne école retrouve une nouvelle vie, cohérente, harmonieuse et pleine de caractère. 

Art et architecture
Avec son projet tubes communicants, l’artiste Eva Maria Gisler a imaginé un système de conduites fictif à partir d’anciens tuyaux de chauffage. Peints en vieux rose, ces tubes traversent murs, sols et plafonds, relient pièces et bâtiments – de l’école au gymnase – et deviennent parfois barre de gymnastique, banc ou simple invitation au jeu en suivant leur parcours. 

Le projet des Kast Kaeppeli Architekten a été soumis dans le cadre du Swiss Arc Award 2025 et publié par Nina Farhumand. La version française a été revue par Estelle Gagliardi.