Structure d'accueil médico-sociale fondation Silo

Située non loin de Morges sur un coteau face au Léman, la commune vaudoise d’Echichens compte depuis 2020 une nouvelle structure fonctionnelle et chaleureuse destinée aux personnes âgées. Le nouveau bâtiment signé par le bureau d’architectes genevois Lacroix Chessex vient compléter l’offre en matière de structures d’accueil temporaires.

Fruit d’un concours gagné en 2016, le nouveau bâtiment reprend le même nombre de niveaux que le contexte villageois existant. S’il respecte effectivement les constructions environnantes, c’est bien la morphologie adaptée au contexte rural et le rapport à l’échelle ainsi que les caractéristiques constructives du projet qui ont séduit le jury, les architectes ayant privilégié une topographie linéaire pour affirmer l’unité du lieu avec le paysage.

Un projet qui respecte le construit existant
Schématiquement, le bâtiment est un quadrilatère « pincé » en son milieu. Par cette articulation, les architectes ont produit deux unités structurelles identiques dessinant le chiffre huit ou le symbole de l’infini. Selon leur définition, le bâtiment se veut atemporel. La disposition des deux volumes sur le site n’est pas sans importance. L’immeuble de 2904 mètres carrés ancré sur une parcelle à la limite de la commune adopte une géométrie à pivot le positionnant à proximité de l’EMS Silo et des immeubles de la résidence Les Fougères. Le nouveau Centre d’accueil temporaire (CAT) doit son expression architecturale notamment à sa façade, qui est elle-même une structure. Celle-ci a des longueurs d’environ 25 mètres et en reprend les codes constructifs du village. Les architectes ont choisi des éléments préfabriqués en béton armé pour composer l’enveloppe du bâtiment. Formant deux T pris bout à bout ou évoquant la lettre grecque pi, ces éléments cherchent à réduire le linéaire de joints, ceux-ci étant le point faible de la construction préfabriquée. Pour résoudre le problème des chambres d’angles et répondre simultanément à la complexité structurelle de l’édifice, les architectes ont choisi des panneaux de béton aux motifs cannelés qui confèrent une certaine spécificité au bâtiment. Cet effet d’originalité et d’élégance engendre un embellissement autant en façade que pour le bâtiment dans son ensemble. À l’intérieur, la toiture prévue en bois au stade du concours a dû céder la place à des fermes en béton pour des raisons de coût et d’acoustique. À l’extérieur, le mélange d’agrégats concassés alluvionnaires et de marbre ocre liés au ciment blanc confère à l’édifice une texture et une couleur sablée. Notons qu’aux six angles du bâtiment, des gargouilles proéminentes en forme de U permettent d’évacuer les eaux de pluie.

Deux programmes bien définis
La structure s’articule en deux corps de bâtiments agencés chacun autour d’un patio. Les deux cœurs programmatiques sont organisés de même manière sur deux niveaux. Au premier étage, au carrefour des deux structures, deux tisaneries sont au service des résidents temporaires. C’est également à l’étage que sont disposées les 30 chambres dans un ordre séquentiel. D’une superficie de 16 mètres carrés, agrémentées de parquet en chêne, elles sont équipées confortablement. Chaque unité a sa propre salle de bain garnie d’un velux électrique sur le toit apportant lumière naturelle et air frais, augmentant ainsi le bien-être de l’occupant.
Si la distribution des chambres s’enroule autour des deux patios intérieurs, les chambres elles, par le biais de grandes baies vitrées, offrent de belles vues sur la campagne environnante ou le village. Mais le résident à également toute la liberté de circuler dans l’établissement. Pour cela, entre l’espace privé et les espaces de vie collectifs, la transition est facilitée par un aménagement de circulation fluide sur les deux niveaux qui permet de se déplacer aisément. Les chambres s’ouvrent par deux sur une dilatation spatiale fonctionnant comme espace seuil entre la chambre et le couloir. Un espace de rencontre privilégié avec son voisin direct. En adoptant des couloirs larges de 1,5 mètres et sans obstacles, les architectes ont non seulement facilité les mouvements des personnes, en particulier celles à la mobilité réduite, mais ils ont également permis d’autres usages, par exemple, le fait de rencontrer d’autres personnes facilitant les échanges et la qualité de vie sociale dans l’établissement.
Le plan du rez-de-chaussée a été agencé de manière à accueillir d’autres enseignes. Une cafétéria, une clinique médicale, un salon de coiffure et une agence postale viennent en effet compléter les prestations. Des teintes pastel rose et bleu clair caractérisent chacune des deux boucles, comme deux ailes d’un grand bâtiment. L’aménagement de ces petits espaces conviviaux favorisent le dialogue et la détente. En fait, ces petites zones tranquilles se rapprochent du modèle hôtelier, par opposition à des centres hospitaliers classiques. Les menuiseries teintées de rouge-marron sont un dénominateur commun dans l’ensemble de l’édifice. L’escalier, empreint de touches typiques des années 1960, relie les deux niveaux.
Si le but de cette construction est d’accueillir pour de courts séjours des personnes âgées momentanément fragilisées ou seules, l’impact positif que procure l’architecture de ce nouveau Centre d’accueil temporaire va au-delà des services pour les résidents. Il a la volonté de faire directement écho à l’environnement et de s’y inscrire de façon pérenne.

Texte: Renzo Stroscio

Première publication: Magazine de la Documentation suisse du Bâtiment 2021 - 5