Tour du refuge Cluozza

L'ensemble de bâtiments de la Chamanna Cluozza, qui s'est développé de manière organique, se trouve au cœur de la forêt de mélèzes du Parc national suisse. La nouvelle tour en bois indépendante s'intègre parfaitement dans son contexte.

Situation initiale

La cabane Cluozza, construite à l'origine en 1910, est la seule possibilité d'hébergement du Parc national suisse. Elle n'est accessible qu'à pied et n'est exploitée que pendant les mois d'été. En raison de l'afflux croissant de visiteurs, l'espace disponible dans la cabane était de plus en plus restreint, des solutions ont été recherchées afin d'optimiser les processus d'exploitation. Les mesures de construction nécessaires à cet effet devaient répondre aux exigences élevées des objectifs de protection de la nature et du paysage ainsi que de la conservation des monuments historiques.

Ébauche du projet

Au lieu d'agrandir une nouvelle fois le bâtiment principal, l'idée d'un ensemble de bâtiments avec des annexes a été mise en place. Une tour en bois indépendante pour le personnel complète donc l’ensemble. Cela a permis de dissocier l'espace et l'exploitation avec le moins d'interventions architecturales possibles sur les bâtiments existants, dont les toits ont été recouverts de bardeaux de bois fendus à la main ou de bardeaux en planches. La tour de Cluozza bénéficie d’une organisation verticale des pièces sur une petite surface au sol et d’une connexion avec les constructions voisines. Si les modèles historiques étaient généralement construits avec d'épais murs en pierre naturelle, les murs sont désormais assemblés en bois de mélèze. Chacun des trois étages est directement accessible depuis l'extérieur, celui du haut disposant d'une entrée surélevée accessible par un escalier extérieur. À l'instar de la ramification d'un arbre, les zones murales des entrées tournées les unes vers les autres se prolongent et permettent ainsi au corps de bâtiment de se fondre dans les arbres épars de la forêt de mélèzes. À l'intérieur, deux chambres d'angle apparaissent à chaque étage. L'étage du milieu, avec sa chambre à coucher et son séjour, est destiné à la famille d'accueil, tandis que l'étage supérieur et l'étage inférieur abritent chacun deux chambres à coucher pour le personnel.

Étude du projet

Dans le but de poursuivre la construction du patrimoine historique de manière naturelle tout en utilisant des matériaux de construction respectueux des ressources, les matériaux de construction naturels les plus évidents ont été utilisés: bois, pierre et terre. Si les mélèzes utilisés pour la construction du bâtiment fondateur ont pu être abattus et travaillés sur place, la centaine de mélèzes nécessaires à la nouvelle tour a dû être abattue dans les forêts voisines, en dehors de la zone du parc national, puis transformée dans la vallée à l'aide de machines à commande numérique, avant d'être finalement acheminée par quelques transports en hélicoptère. Et si les angles des bâtiments existants présentent des saillies d'angle traditionnelles, ceux de la tour sont formés par un assemblage d'angle réduit avec un recouvrement affleurant. Les ouvertures des fenêtres sont de tailles différentes et carrées, leur disposition irrégulière renforce l'aspect monolithique du corps de bâtiment. Le bloc de bois repose sur un socle en béton de dimensions minimales, échelonné en fonction de la pente du terrain. Au lieu d'une dalle en béton, le sol du rez-de-chaussée a été réalisé en terre battue.

Réalisation

Les mesures nécessaires en matière de risques naturels ont représenté un défi considérable. Ainsi, pour se protéger des glissements de terrains, il a fallu construire une digue en terre qui devait être intégrée de la manière la plus organique possible dans la topographie. Et pour résister à l'action des avalanches en cas de départs de grandes masses de neige sur le versant opposé de la vallée, des barres métalliques ont été tendues aux quatre coins de la tour, fixant le corps en bois au socle afin d'éviter le basculement de la tour.

Particularités

Avec plus de 4000 nuitées par an, la cabane Cluozza est l'un des refuges les plus fréquentés de l'espace alpin. Le renouvellement de l'approvisionnement en énergie, qui se fait principalement de manière autonome par le biais d'une microcentrale hydroélectrique et d'une installation photovoltaïque, faisait également partie du projet d'extension. L'ancienne turbine du ruisseau voisin a été remplacée par un groupe plus performant et une installation photovoltaïque équipe le toit de la tour. Pour ne pas nuire au bilan énergétique, une station d'épuration fonctionnant sans électricité a été construite. L'idée de durabilité devrait en outre être au centre de l'exploitation et de la restauration. L'offre comprend des boissons faites maison et des plats de la région. L'harmonisation de l'espace extérieur et la renaturation des environs constituaient d'autres exigences importantes du projet de construction. L'usure intensive due au piétinement et aux activités de construction antérieures avait laissé des traces sur le sol forestier sensible au fil des ans. Des mesures ont été prises pour rétablir le caractère original de l'environnement. Ainsi, la végétation naturelle a été rétablie. La plantation de mottes de végétation provenant de la forêt voisine a joué un rôle important en tant que végétation initiale. Enfin, l'élément le plus visible de l'aménagement de l'environnement est la création d'une zone d'ombre.

Le texte a été rédigé par les architectes dans le cadre de la soumission du projet pour l'Arc Award 2023 et traduit en français par Valentin Oppliger.