Après des arrêts réussis à Marseille, Arles et Paris, l'exposition de photos "Fernand Pouillon en Algérie" est maintenant arrivée au Forum de l'architecture de Zurich. Les fascinantes photographies de Leo Fabrizio peuvent y être admirées jusqu'au 23 décembre 2021.

Actuellement, des panneaux présentant les clichés grand format du photographe lausannois Leo Fabrizio forment un parcours au Forum de l'architecture de Zurich. Ils invitent les visiteurs à une incursion immersive dans l'Algérie d'aujourd'hui. Le photographe traque depuis plusieurs années déjà l'œuvre de l'architecte, urbaniste et écrivain français Fernand Pouillon (1912-1986). Fabrizio capture avec sensibilité ses observations à l'aide d'un appareil photo analogique en grand format 4 x 5. Les images parlent de parallèles - d'unité et en même temps de diversité dans le répertoire urbanistique et architectural de Pouillon. Les images montrent la beauté discrète des bâtiments de Pouillon. De loin, elles semblent durables et solides, mais en y regardant de plus près, elles sont aussi mélancoliques et fragiles. Et si l'on prend le temps d'étudier les détails, elles offrent en même temps un aperçu de la vie quotidienne des habitants en Algérie.

Un pionnier méconnu

Fernand Pouillon a longtemps été ostracisé dans son pays, la France, bien qu'il ait été un important bâtisseur des années de reconstruction après la Seconde Guerre mondiale. Il a réalisé des projets en Iran, et surtout en Algérie. Dans les années 1950 - alors que le pays était encore une colonie française - il a construit trois quartiers à Alger. Les 4200 unités d'habitation qu'il a réalisées offrent toutes sortes de commodités qui sont aujourd'hui la norme pour la construction de logements sociaux, mais qui étaient innovantes à l'époque. Avec des blocs massifs, l'architecte a tenté de renouer avec les traditions locales de construction. La pierre naturelle provient du sud de la France et la construction modulaire utilisée était peu coûteuse et efficace.

Un regard extérieur ?

Actuellement, les séquelles du colonialisme font plus que jamais l'objet de débats. Beaucoup de choses que les Européens ont façonnées et laissées dans le monde sont actuellement remises en question de manière critique. Si l'on observe les bâtiments de Pouillon plus d'un demi-siècle après leur construction sur les photos de Leo Fabrizio, cette critique ne semble pas s'appliquer aux bâtiments de Pouillon. Mais peut-être que le premier regard superficiel est trompeur ? Les visiteurs de l'exposition sont invités à entrer dans ce débat. L'exposition du Forum de l'architecture ne fournit certes pas les réponses, mais elle constitue une excellente base pour aborder ce débat important.

Texte: Suzanne Coleman