Ambassade de Suisse, Moscou, Fédération de Russie
,
Russie
Publié le 02 octobre 2020
Brauen Wälchli Architectes
Participation au Swiss Arc Award 2021
Données du projet
Données de base
Données du bâtiment selon SIA 416
Description
Dans un ancien verger du tsar, ce palais néoclassique a été acquis par la Confédération en 2005. Il subit une cure de jouvence dans le respect de l'original de 1892, tandis qu'un nouveau corps de bâtiment est édifié sur la limite sud-est de la parcelle, afin de dégager une cour intérieure protégée.
Situation initiale
Ancien verger du tsar, le terrain est proche du premier anneau d’extension urbaine, dans un secteur disparate, quoique très protégé, comportant encore d’anciennes maisons de bois. Avant travaux, l’ensemble comprenait la résidence et un agrandissement des années 1950 pour l’ambassadeur. En 2007, le Département fédéral des affaires étrangères lança un concours d’architecture pour le réaménagement de l’ambassade. Le programme exigeait le maintien du palais de 1892 et prévoyait la construction d’une nouvelle chancellerie en lieu et place de bâtiments plus récents.
Ébauche du projet
Le parti consiste à construire sur la limite de parcelle pour dégager un espace central protégé par la coque dure du bâti. A l'angle sud-ouest par contre, le terrain demeure non bâti pour conserver la vue sur le bâtiment historique. Le projet prévoit ainsi de donner corps à la mission première de protection d’une ambassade tout en évoquant par son architecture les liens entre les deux pays.
Étude du projet
L’organisation interne rassemble les fonctions par types (administration, représentation, habitation) et procède par couches: sur le pourtour externe, des bureaux cellulaires «classiques», sur l’anse intérieure, des bureaux paysagés. Relativement calmes et fermées sur rue, les façades entièrement vitrées ouvrent l’ambassade sur le jardin qui est conduit – et c’est là l’idée forte – à l’intérieur des bâtiments dont le volume est travaillé par de profonds redents.
Réalisation
Dans un ancien verger du tsar, au nord-est du Kremlin, ce palais néoclassique turquoise et blanc a été acquis par la Confédération en 2005. Il subit une cure de jouvence dans le parfait respect de l'original de 1892, tandis qu'un nouveau corps de bâtiment est édifié sur la limite sud-est de la parcelle, afin de dégager une cour intérieure protégée. A l'angle sud-ouest par contre, le terrain demeure non bâti pour conserver la vue sur le bâtiment historique. Entièrement vitrées et rythmées de piliers apparents, les façades à profonds redents des deux bras de la nouvelle aile s'ouvrent sur la cour. Vue d'en haut, celle-ci rappelle la forme de la Suisse. Sur cette carte nationale improvisée, comme un clin d’œil au verger d'antan, Brauen Wälchli Architectes a imaginé de planter un pommier de la variété Rose de Berne. En écho à cette idée, l’artiste Anne-Julie Raccoursier a fait pousser un petit arbre ambassadeur cultivé par greffage à partir du pommier de Moscou dans chacun des cantons suisses, en un lieu où Suisses et Russes ont entretenu ou entretiennent des liens particuliers.
Particularités
Vu en plan ou du ciel, la cour intérieure de l’Ambassade rappelle la forme de la Suisse. Au sol, chacun des emplacements des chefs-lieux des 26 cantons est signalé, tandis que celui de la capitale helvétique sera, en 2015, planté d’un pommier de la variété «Rose de Berne». Une manière de rappeler que l’Ambassade, à deux kilomètres du Kremlin, se trouve dans un ancien verger du tsar. C’est dans le prolongement de cette symbolique et de plus de deux siècles de relations et d’échanges tissés entre les deux pays qu’Anne-Julie Raccoursier inscrit sa contribution plastique conceptuelle, forte et riche de sens diplomatique, relationnel et philosophique. Partant de l’idée qu’une ambassade a vocation d’essaimer et de créer des liens, elle fait planter dans chacun des cantons suisses un petit arbre ambassadeur cultivé par greffage à partir du même pommier «Rose de Berne» et appartenant à la même espèce que celui de Moscou. Mais pas n’importe où : chaque arbre plante ses racines dans un terreau particulier, là où des Russes connus vivent en Suisse et où des Suisses entretiennent des liens particuliers avec la Russie. La vue du pommier de l’ambassade qui renvoie aux 26 autres arbres absents ici, mais bien réels ailleurs, provoquera, note l’artiste, «un déplacement de la réalité vers l’imaginaire, un espace à la fois contemplatif et méditatif». Tout comme les pommiers disséminés en Suisse évoqueront celui de Moscou. Niels Bohr, un des pères de la physique quantique, disait à ses élèves que «L’arbre qui est dans son jardin existe seulement quand il le regarde, sinon c’est une possibilité». Une suite de photographies de tous les pommiers ambassadeurs de Suisse avec l’explication de chacune de leurs localisations sera installée à l’entrée des salons de réception de l’Ambassade.