Bâtiment du directeur d'exploitation

La densification, le changement d'affectation ou la construction à partir de l'existant marquent actuellement le discours architectural de manière décisive. Le maître d'ouvrage a fait un pas de plus en matière d'habitat durable et a réuni le travail et l'habitat en accolant directement sa nouvelle maison à sa halle commerciale.

Situation initiale

Plutôt que d'acquérir une parcelle de terrain en pleine nature ou un loft branché au chic industriel patiné, comme il s'en vend encore quelques-uns autour de Lucerne, le maître d'ouvrage a décidé de s'installer dans une zone d'activités banale et en pleine effervescence. Ce faisant, ils ont parfois compris que le tapis d'habitations considéré comme peu attractif recèle un énorme potentiel si l'on veut concrétiser l'association tant vantée de l'habitat et du travail.

Ébauche du projet

Habiter et travailler de manière synergique au cœur de la vie: c'est justement parce que la Suisse est parsemée de zones d'activités aussi moyennes que l'on peut attribuer à cette démarche pionnière une grande pertinence. Elle montre en effet que même des lieux communs jusqu'ici ignorés peuvent être sortis de leur sommeil pour laisser place à une densification bien mélangée. Cette approche, qui concilie les contradictions apparemment inconciliables des zones constructibles courantes, montre également qu'un projet low-cost et low-tech dans un environnement réputé inhospitalier peut faire tellement plaisir qu'il attire même les regards envieux de nombreux citadins. Les maîtres d'ouvrage prévoyants sont enviés non seulement pour la fraîcheur et la vitalité surprenantes du lieu, mais aussi pour le trajet quasi nul entre le lieu de travail et le domicile. En effet, la nouvelle maison est directement accolée à la halle industrielle existante, dans laquelle les maîtres d'ouvrage exercent leur activité.

Étude du projet

La richesse de l'espace fait éclater l'étroitesse: pour la construction de la maison d'habitation, il n'y avait qu'une partie très étroite du terrain disponible entre les ateliers existants, c'est pourquoi il était évident de viser un concept vertical. Il fallait également veiller à ce que les travaux de construction n'affectent que brièvement les entreprises voisines, raison pour laquelle une construction en éléments de bois s'imposait. Bien que les conditions-cadres et le budget aient été très serrés dès le départ, notre recherche a porté sur un maximum de valeurs d'habitation, qui devaient être basées sur des qualités spatiales et non sur des matériaux luxueux ou une domotique intelligente.
En raison de l'empreinte réduite du bâtiment, nous avons créé une séquence spatiale verticale chorégraphiée et variée, qui va de la rue jusqu'au ciel et dont les espaces aériens relient des lieux aussi différents que l'entrée, modeste en termes de mètres carrés, et l'espace de vie à deux étages sous le toit. Dans cette maison, la qualité de l'espace ne se mesure pas en mètres carrés mesurables horizontalement, mais dans la générosité ressentie de la verticalité. Malgré la compacité extérieure du corps de bâtiment, les habitants font quotidiennement l'expérience d'une opulence spatiale baignée dans les ambiances lumineuses les plus diverses, ce que l'on trouve habituellement plutôt rarement dans les maisons individuelles abordables.

Réalisation

Une mise en place qui va de soi: calme, serein et peu spectaculaire, le nouvel acteur du quartier hétérogène dégage le charme direct d'un bâtiment commercial. Une écorce composée de planches brutes de sciage s'ouvre progressivement en fonction de l'environnement et des vues et perspectives souhaitées. En direction du nord et du sud, où la vue s'ouvre sur la multitude de couleurs de la zone industrielle et bien au-delà, les faces frontales des étages supérieurs sont dotées de fenêtres en bande de grand format et d'un balcon déployé comme une scène. En revanche, l'enveloppe s'ouvre moins sur les côtés longs qui sont étroitement liés au voisinage. Néanmoins, elle sert ici aussi à l'éclairage et à la ventilation naturels des espaces intérieurs, ce qui est parfois assuré par un filtre en lamelles de bois pivotantes développé spécifiquement pour le projet.
Malgré l'étroitesse de l'espace et une certaine rugosité qui caractérisent l'environnement, le concept de façade ne mise pas sur le cloisonnement, mais sur un dialogue adapté à l'environnement. La relation de dialogue avec le voisinage fait que le nouveau bâtiment n'est pas perçu comme un intrus dans le quartier, mais comme un acteur à part entière, malgré sa différence d'utilisation.