Données du projet
Données de base
Données du bâtiment selon SIA 416
Description
Vie citadine au Pilatus
L’histoire du nouvel hôtel de ville Kriens par Burkard Meyer Architekten correspond à la transformation de Kriens, de commune suburbaine de Lucerne en ville à part entière. Marquée par l’industrie et le tourisme, la localité,
à présent devenue ville, possède désormais un élégant hôtel de ville.
Tout au long de la crise financière des années 1930, la vallée de Kriens a vu la ville déployer des efforts récurrents pour se rattacher à la commune de la ville de Lucerne. Cette localité touristique du Pilate a néanmoins poursuivi son développement dans la seconde moitié du XXe siècle. Du fait de l’accroissement démographique de cette ancienne banlieue de Lucerne et du développement de zones industrielles, ces projets furent maintes fois reportés aux calendes grecques. La volonté d’accompagner la métamorphose de l’ancienne banlieue en ville s’est donc traduite, au siècle suivant, par une déclaration architecturale. En se basant sur des études de la société Wüst und Partner, la commune a donc lancé en 2007 un concours de projets pour un bâtiment à usage d’habitation et d’administration sur le site Pilatus-Areal. Telle devait être la réponse apportée à la montée d’attractivité et à la densification d’exploitation de la commune, élevée, depuis 2019, au rang de ville.
Le studio Burkard Meyer Architekten de Baden a remporté le concours. Avec les projets menés dans leur ville d’origine, dans la zone industrielle de Baden Nord, ils avaient déjà à leur actif une grande expérience en la matière.
Les services administratifs de Kriens, jadis disséminés sur différents bâtiments, se retrouvent ainsi presque tous réunis au sein du nouveau «Zentrum Pilatus». C’est ici que siège le conseil communal et le conseil général se réunit également tous les mois dans la nouvelle salle «Pilatus-Saal», dans laquelle peuvent aussi avoir lieu des évènements culturels.
La façade
La façade au quadrillage régulier du bâtiment au caractère prononcé est constituée de verre et de minces profilés en aluminium extrudé poli et brossé. Si différents tons de bronze semblent s’y combiner, ce n’est qu’apparence trompeuse produite par des reflets changeants. Les éléments de quadrillage, au niveau des garde-corps et du revêtement frontal des dalles, sont garnis de verre noir émaillé.
Ce n’est qu’en y regardant de plus près que l’on s’aperçoit, grâce aux fines balustrades à barreaux sur le pan ouest du bâtiment, que le Zentrum Pilatus est aussi lieu d’habitation. Dans ces logements, la lumière entre par l’arrière où se trouve une petite cour. Deux cages d’escaliers permettent aux résidents comme aux employés d’accéder directement aux services administratifs ou aux appartements.
Les appartements possèdent une loggia qui, telle une véranda, peut s’ouvrir ou se fermer intégralement. La façade quadrillée, paisible et agréable, se prolonge au-delà des loggias, mettant ainsi tous les usages du bâtiment sur un même plan d’égalité.
L’immeuble compact reprend la hauteur de son voisin à l‘ouest. La façade se dresse sur six étages tout entiers. Une frise en saillie souligne la transition entre le socle et les étages supérieurs. Verticalement, des lésènes, légèrement moins saillants, redessinent les éléments de quadrillage et forment une cohérence entre les étages. En termes de cohérence, les angles du bâtiment mettent la touche finale. Ils reprennent la largeur de la frise et des lésènes et forment, au coin, l’arête verticale. Les angles prennent ainsi une apparence solide mais non massive.
Dès la phase de concours, des arcades se déroulaient au rez-de-chaussée sur trois des côtés du bâtiment. Un élargissement de ces arcades aux portes de l’angle à l’est accentue l’entrée de la mairie, donc accessible depuis la rue.
Point de référence, l’entrée de l’hôtel de ville forme l’interface où se rejoignent bâtiment, place et rue. C’est un peu comme si la place s’écoulait sous les arcades pour venir se déverser dans le hall d’entrée. L’autre côté du bâtiment est dévolu à l’utilisation par des tiers, tels que bureaux et commerces, formant, pour ainsi dire, le lien public du bâtiment avec la Gemeindehausstrasse.
La salle
Les teintes de gris et d’anthracite prédominent à l’intérieur du bâtiment.
Centralisé, l’accès des visiteurs à la salle se fait directement via le hall d’entrée de l’hôtel de ville.
Le volume de la salle de Pilatus se niche à l’arrière d’un espace constitué d’une cage d’escaliers et de plusieurs ascenseurs. Côté hall d’entrée, cet espace prend la forme d’un mur en béton apparent imposant, telle la face frontale du hall d’entrée, délimité sur les trois autres côtés par des baies vitrées. Placées en renfoncement dans le mur de béton apparent, les portes ouvrant sur la salle sont revêtues de résine synthétique dans des nuances de brun.
Véritable cœur du bâtiment, la Pilatus-Saal se situe au-dessous de la deuxième cour, plus grande que la première. La façade intérieure de la salle qui se dresse sur deux étages est formée par un rideau de lamelles de bois régulières. L’écart entre les lamelles gris clair double de largeur, de bas en haut, ce qui permet d’offrir, à l’arrière, une surface réfléchissante se prêtant à des jeux de lumière aux couleurs changeantes. La salle est éclairée par le biais du plafond lumineux suspendu, dont les formes triangulaires, pareilles à un paysage de montagnes inversé, dégagent un halo de fraîcheur.
La salle comporte 400 places assises et dispose d’une tribune ainsi que de diverses pièces annexes qui servent notamment au catering lors d’évènements. L’acoustique et la climatisation soulèvent des contraintes particulières, ce en quoi les murs de la salle jouent aussi un rôle important. Aux étroites lamelles de bois, qui déjà, en elles-mêmes, réfléchissent le bruit, s’ajoute, à l’arrière, une surface absorbante de couleur sombre, çà et là perforée pour le fonctionnement de bouches de ventilation transversale.
Les voies de l'administration
Quand, après avoir traversé le hall d’entrée, on souhaite rejoindre non pas la salle mais la mairie, on ne peut être qu’irrésistiblement attiré par un magnifique escalier en colimaçon menant à l’étage noble. De là s’offre encore une large vue d’ensemble et l’on se retrouve à la réception, au beau milieu de l’open space des services municipaux. Les requêtes que l’on vient effectuer ici peuvent, en grande partie, se traiter directement dans l’un des guichets cabines semi-ouverts. Mobilier des comptoirs, ouvre-portes et rampes sont en chêne et les murs en béton apparent lasuré.
Les discussions demandant un cadre plus discret peuvent se dérouler à l’intérieur de parloirs, situés de l’autre côté de l’escalier en colimaçon.
L’éclatement entre espaces de travail et espaces de discussion, qui se retrouve presque à l’identique à chaque étage, peut aussi se percevoir au niveau du sol. Un revêtement terrazzo poli aggloméré à du ciment est utilisé dans le hall d’entrée ainsi qu’à la réception et dans les espaces d‘information. Au niveau des parloirs et bureaux, plus sensibles, on trouve des dalles de moquette anthracite.
Architecte Manuel Frey, Burkard Meyer Architekten BS:
«Dans le hall d’entrée, l’escalier en colimaçon est conçu
comme un objet solitaire. Il a été soudé sur place à partir de pièces détachées, préfabriquées en usine, les joints apparents ont été poncés, recouverts d’enduit puis peints. Les marches angulaires préfabriquées en terrazzo et la main courante intérieure en chêne lui confèrent une élégance sobre.»
Architecte Manuel Frey, Burkard Meyer Architekten BS:
«Pour les plafonds suspendus, on a opté pour un produit non-directionnel dissimulant la structure des éléments apparents et présentant des ouvertures suffisamment grandes pour assurer l’efficacité du chauffage TABS par éléments thermoactifs. Les luminaires sont placés derrière le plafond, mettant ainsi en relief le cône lumineux»
Texte: Claudia Frigo Mallien
Première publication: Magazine de la Documentation suisse du Bâtiment 2020 - 4