Minimhouse

 
1489 Murist,
Suisse

Publié le 18 avril 2023
U15 Architectes Sàrl
Participation au Swiss Arc Award 2023

Facade Ouest Facades Sud et Ouest Facades Nord et Ouest Facade Ouest Facades Sud et Est Facade Est Intérieur Intérieur Intérieur Intérieur CUBE, prototype Détail d'une pièce Livraison de la salle de bain

Données du projet

Données de base

Catégorie de projet
Type de bâtiment
Achèvement
04.2023
Liens

Données du bâtiment selon SIA 416

Étages
2 étages
Nombre d'appartements
1
Surface de terrain
700 m²
Surface de plancher
95 m²
Surface utile
190 m²
Volume bâti
616 m³
Coûts de construction (BKP 2)
660'000 CHF
Places de parking
2

Description

Minimhouse est un plaidoyer pour un habitat durable, mesuré et respectueux de son environnement. A travers un habitat normalisé et agrégeable, il porte une réflexion sur l’habitat contemporain et révise nos manières d’occuper le foncier et l’espace à vivre.

Situation initiale

La demande consistait à réaliser une habitation en bois, pour une famille de 4 personnes, de bonne qualité architecturale, de bonne facture constructive et de très bonne performance énergétique. L’objectif était de réfléchir plus généralement à l’habitat individuel et à ses modes d’agrégation possibles pour lui permettre de répondre aux principes de préservation des ressources, en particulier foncières, et de pouvoir répondre aux besoins en logement de groupes variables d’individus pour leur permettre d’accéder à la propriété individuelle pour le coût d’un loyer.

Ébauche du projet

Le projet prend position sur la problématique de la densification urbaine en Suisse et de ses modes d’implémentation dans le territoire. Face au développement des logements collectifs à grande échelle visant à réduire le mitage du territoire mais induisant indéniablement une perte de rapport au sol et d’individualisation de l’habitat, le projet explore la possibilité d’un retour à l’habitat individuel de petite échelle comme solution alternative et complémentaire de densification raisonnée.
Il est ainsi démontré que le procès fait à celui-ci (coût élevé, absence de qualité architecturale et urbaine) n’est pas lié à sa typologie mais à sa planification, à son mode de réalisation et aux attentes décalées des usagers.
L’habitation réalisée est constituée de 255 composants qui formalisent l’ensemble de la construction (structure, enveloppe, équipements de base, noyaux techniques, sanitaires et cuisine). Les composants permettent de réaliser un ouvrage complet, sobre, évolutif, qui encourage l’implémentation ultérieure et l’appropriation durable de manière variable grâce à la grande simplicité et à la flexibilité de son plan. Il répond ainsi aux besoins de groupes d’individus diversifiés.
L’habitat proposé peut se décliner en tailles raisonnées soit pour s’intégrer dans des interstices fonciers, soit pour s’agencer en agrégations cohérentes composant un ensemble pourvu d’un indice minimal d’utilisation du sol de 0.6 à 0.8.

Étude du projet

Le projet aspire à être un modèle de neo-vernacularité contemporaine. Epure d’habitat d’expression modeste, il tire sa forme de l’archétype de la maison atavique -le volume parallélépipédique avec toiture à deux pans- contextualisé par l’usage du bois suisse (mélèze et sapin) et de volets combinés propres aux hangars à tabac locaux.
La sobriété du plan, la rationalisation de la construction, sa modestie d’expression ainsi que la réduction de la complexité des installations techniques nécessaires au fonctionnement de l’ouvrage, génèrent sa valeur d’usage, sa variabilité, sa flexibilité, sa domesticité, son économicité et sa durabilité.
Chaque ouvrage, structuré par un noyau intérieur de services, est équipé et enrichi progressivement au gré des besoins, moyens et évolutions des habitants. Le cloisonnement, les corps creux des sols, les parois et noyaux permettent l’implémentation ultérieure d’équipements mobiliers et d’accessoires alignés au langage de la construction.
Le principe combinatoire des éléments constitutifs, sa composition et la versatilité de son plan ainsi que sa capacité d’intégration lui confèrent son identité plastique et constructive.
Des équipements «basse technologie», , optimisés pour une performance transversale cohérente, permettent une performance écologique comparable au label MINERGIE P ECO même si la construction utilise exclusivement un poêle à pellets, le solaire passif pour son chauffage et le solaire thermique pour la production d’eau chaude

Réalisation

La construction s’implante sur le site avec un minimum d’impact. Les déplacements de terre sont limités (absence de sous-sol volontaire) et aucune évacuation de terre n’a été effectuée.
La construction, essentiellement réalisée par l’assemblage de composants, est décomposable et recomposable dans des contextes ultérieurs. Elle est facilement recyclable en fin de vie.
L’ouvrage est réalisé sur la base d’un principe de standardisation élastique. Le catalogue de composants permet la réalisation d’une construction complète de taille diversifiée.
Les composants optimisés et rationalisés sont réalisés par des entreprises locales et livrés finis sur site. Ce principe permet aux fournisseurs de réaliser les composants « hors commande », dans des conditions optimales (ou périodes creuses) et d’assurer un cycle court et local de production et d’approvisionnement.
Les composants sont assemblés principalement à la main. L’assemblage de l’ensemble de la construction sur site fondations comprises dure 35 jours, du terrain vierge à l’ouvrage habitable.
La logique combinatoire des divers éléments constitutifs, la diversité des finis ainsi que les équipements qui enrichissent l’ouvrage en font un objet unique
Ce prototype de construction contemporaine industrialisée à "basse technologie" permet de poursuivre, par la validation de son concept constructif, la réflexion entamée sur l'agrégation de l'habitat individuel de petite échelle comme complément alternatif à l'habitat urbain dense.

Particularités

L’habitat individuel minimal et de petite échelle, agrégé en groupements denses et enrichi d’infrastructures publiques est conforme aux principes de développement durable et d’économie du foncier, techniquement plus simple à réaliser et globalement plus léger pour l’environnement.
Le projet est à la fois une commande unique répondant à des exigences contextuelles spécifiques, un ouvrage de série issu d’un catalogue réduit de composants partagés et un habitat pouvant être agrégé en ensembles de densité moyenne. Cette trivialité formelle et spatiale ouverte, revendiquée comme vertueuse, associée au développement d'un modèle d’occupation organique d'un territoire enrichi d’infrastructures et d’espaces publics, permet une densité du foncier à taille humaine et durable ainsi qu’une économie de la construction.
Une agrégation organique composée de déclinaisons de cet ouvrage, issue de la même famille de composants, répartie sur des unités de surfaces parcellaires attribuées par nombre d’habitants, enrichie d’espaces communs destinés au développement du lien social, a été ainsi envisagée et proposée au travers de plusieurs projets.
Elle permet la réalisation d’un tissu alternatif de petites unités d’habitation et le développement de clusters d’habitats individuels denses, de qualité urbanistique, sociale et environnementale élevée.
Considéré comme un contre-projet d’architecture individuelle fondé sur l'assemblage de composants pré-définis, cet ouvrage révèle le caractère versatile de la sérialité de construction et d’agrégation.
Par son efficacité architecturale, énergétique, environnementale et sociale, il postule que le modèle patrimonial de l’habitat individuel n'est pas dogmatiquement révocable, et qu’il peut participer à une société durable qui priorise le développement du lien social, favorise la parcimonie constructive et foncière et l’économie locale au travers d’un lien au sol et au tissu urbanisé d’échelle maitrisée retrouvé.

192554933