Pavillon Petit Rivage

Dans un plan conçu à partir de l’observation de figures de pavillons de thé japonais, le bois structurel, mobilier et accessoire collabore avec des murs en terre crue. Une pensée qui valorise le savoir-faire artisan à travers toutes les échelles, une cohérence du domestique au paysage. Par une dérivation de configurations spatiales tramées, le plan s’est cristallisé sur une composition centrifuge à partir d’un point décentré qui joue un rôle de régulateur climatique. Le concept de ce plan s’attache à résoudre la contradiction apparente d’un espace voulu à la fois continu et défini par des pièces différenciées.

 

Les espaces intimes clos sont greffés en extension d’un cœur formé par les trois pièces de séjour carrées et juxtaposées.
Dans ce jeu de pièces décalées en plan et en coupe, l’habitat est appréhendé dans une relation fluide et intime à la nature, tissée entre deux matières naturelles: la terre et le bois massif. Comme un chapeau, la grande toiture-volume est creusée de coupoles pour différencier les espaces intérieurs du séjour, et posée sur des piliers fins en chêne massif libres ou insérés entre les murs de briques de terre crue. A la manière des franges d’un tapis, les deux extrémités verticales et obliques de l’avant-toit revêtu de lattes de bois ventilées dessinent des ombres qui relient le sol et le ciel, laissant couler l’eau de pluie dans le jardin. Une relation aux éléments naturels intensifiée.

Tactilité et savoir-faire
L’exploration par le détail a permis de mener des recherches approfondies avec les savoir-faire locaux à toutes les échelles du projet, de la charpente à la poignée, dans une réflexion sur la présence du bois dans la vie quotidienne. Une collaboration exigeante entre ingénieur civil et entreprises a permis la conception d’une charpente intégralement massive (sans colle) liée aux piliers en chêne massif, et des dalles sur sous-sol collaborantes bois/béton préfabriquées. Les fenêtres et les menuiseries intérieures réalisées en chêne massif huilé forment un ensemble de détails conçus spécifiquement, notamment le dessin des petits volets ajourés, l’intégration de boîtiers en chêne dans la brique de terre crue pour chaque interrupteur, ou encore le travail du cœur central avec l’insertion de plots de verre amovibles filtrant la lumière jusqu’au sous-sol. Enfin, dans une intense collaboration entre une tourneuse sur bois genevoise et le menuisier, un projet de poignées de porte en chêne massif tourné, une conception inédite, auquel s’ajoute la création de boutons et loquets, intensifie l’aptique du quotidien. Il en résulte un ouvrage artisanal complexe, où la résolution des nombreux détails se trouve à l’intersection de savoir-faire spécifiques de la mise en œuvre du bois massif, dans une recherche esthétique et sensible.

Le projet de Atelier Bonnet architectes a été soumis dans le cadre du Swiss Arc Award 2025 et publié par Nina Farhumand. La version française a été revue par Estelle Gagliardi.