Immeuble galerie-jardin

Immeuble de 48 logements en zone de développement, local d'activités et parking souterrain
Quartier Surville, Petit-Lancy (GE)

Situation initiale

Substituer un immeuble à une villa sur son propre jardin. Le quartier de villas de Surville est entré dans un processus de densification, au vu de sa situation exceptionnelle de balcon sur la ville constitué par la moraine géologique. La qualité d’atmosphère de ce quartier réside dans l’arborisation qui devrait en partie subsister lors de sa mutation, les immeubles projetés dans le plan de quartier reprenant principalement la position des villas qu’ils remplaceront.

Ébauche du projet

Comment, dans une logique d’indépendance dans le temps, contribuer à prolonger cette qualité paysagère à l’échelle d’un seul immeuble? La réponse formulée lors du concours a mis en exergue l’orientation franche nord-sud du volume imposé, peu commune à Genève. Le parti pris typologique a saisi cette caractéristique en disposant les séjours déroulés en longueur au sud et à l’ouest, dédoublés par une galerie très généreuse agissant comme filtre climatique et optimisant la relation avec la course solaire. Ainsi, cette galerie devient le substitut, à chaque étage et pour chaque logement, du jardin de la villa d’origine, une manière de tisser un lien entre la nécessité de l’optimisation urbaine du lieu et sa mémoire d’intimité végétale. La conception du rez-de-chaussée valorise le caractère traversant pour les usages collectifs; les entrées des logements et les locaux pour les vélos jouissent d’une double accessibilité, côté chemin et côté jardin à couvert sous la galerie.

Étude du projet

L’architecture du bâtiment repose sur une dualité entre une façade métallique ossaturée et une façade en faïence percée, les 2 étant tissées par un profil horizontal qui ceinture le tout à chaque niveau. La conception architecturale de la galerie en inox et des balcons préfabriqués en béton engage les savoir-faire de l’ingénieur civil et du serrurier de manière accrue, chaque détail étant mis à l’épreuve d’un point de vue statique et de mise en oeuvre.
La maille textile métallique est le support de la prolifération végétale depuis chaque galerie qui produit un tissage changeant au fil du temps et au cours des saisons, tout en créant un microclimat devant les séjours. La dimension urbaine de l’immeuble de logements est contrebalancée par la quête d’une vibration associée au reflet, au textile et au dessin organique du développement végétal, qui font écho au registre paysager du site. La toponymie du quartier devrait continuer à être un ferment d’identité, le nom « Surville » comme principe actif.

Particularités

Thématique urbaine
La ville de Genève se développe également vers l’intérieur dans une recherche d’optimisation de son tissu urbain. Cet enjeu de densification légitimé par la préservation des zones cultivables produit une tension au coup par coup sur l’équilibre de la ville existante. Une nouvelle réglementation a introduit la possibilité de surélever les immeubles du centre-ville, les constructions projetées ont pu bénéficier de cette nouvelle loi votée en 2008. Dans cet élan de verticalisation de la ville, 3 cas de figure ont été explorés par l’atelier : conclure un îlot de la fin du 19e siècle, substituer un immeuble à une villa sur son propre jardin, et optimiser le reste d’une parcelle en jachère.
Dans la première couronne du centre de Genève, ces 3 immeubles de logements portent une problématique commune, celle de définir une qualité spécifique à la façon de séjourner dans les contraintes de la ville dense, en optimisant la protection contre les nuisances, les vis-à-vis et les orientations. Les typologies des appartements résultent de la recherche d’une articulation balancée entre chambres et séjours, ces derniers visant à offrir une générosité, un sentiment d’ouverture, autrement dit une façon de vivre positivement la ville.

Le texte a été formulé par les architectes dans le cadre de la soumission du projet pour l'Arc Award 2023.