Station de montagne "Matterhorn Glacier Paradise"
,
Suisse
Publié le 10 décembre 2020
Peak Architekten
Données du projet
Données de base
Données du bâtiment selon SIA 416
Description
Milan - Zermatt - Paris
Une station de téléphérique au sommet du Petit Cervin,
à 3800 mètres d’altitude, est censée offrir aux touristes européens l’expérience de la montagne «en passant».
Zermatt. Ce village, qui est considéré comme le point de départ vers le sommet du Cervin, est situé à 1608 mètres d’altitude. De là, on peut franchir en 40 minutes le dénivelé jusqu’au Petit Cervin en téléphérique, dont le sommet se situe à peine en dessous de la barre des 4000. Ce sommet de 3883 mètres est beaucoup moins spectaculaire que son grand frère, le Cervin. Cependant, la vue depuis la plate-forme d’observation panoramique à ce sommet permet de profiter d’une vue magnifique sur 38 sommets de 4000 mètres et 14 glaciers des Alpes françaises, suisses et italiennes.
C’est la position idéale pour admirer le Cervin, montagne à la forme typique, connue dans le monde entier.
Un paradis glaciaire
Depuis l’automne 2018, le «Matterhorn glacier paradise» au sommet du Petit Cervin est accessible par un nouveau téléphérique. Le nouveau téléphérique 3S Matterhorn Glacier Ride (derrière l’acronyme «3S» se cache l’abrégé allemand de «3 Seile», 3 câbles pour désigner la télécabine tricâble) est beaucoup plus stable que son prédécesseur, qui avait déjà atteint le sommet depuis la fin des années 1970. Les cabines du nouveau téléphérique s’arrêtent en gare uniquement si les vitesses de vent sont de 80 km/h. Plus de 2000 visiteurs sont transportés par heure. Quatre des 25 cabines sont équipées de deux planchers vitrés au sol, avec un verre spécial qui devient transparent au-dessus du glacier du Theodule. Environ trois minutes après la descente, le sol blanc laiteux se transforme en une fenêtre d’observation transparente. Cet effet est dû à un verre feuilleté actif qui, sous l’influence de l’électricité devient transparent. Ainsi, le paysage des hauts glaciers alpins se trouve littéralement aux pieds du visiteur.
Planer en hauteur
Le trajet de «Trockener Steg» au sommet de la montagne dure neuf minutes. Juste avant d’arriver, sur la dernière partie avant la station supérieure, on a l’impression de survoler le glacier: le téléphérique traverse une longue section exempte de pylônes où les visiteurs on la sensation de «planer» au-dessus d’une surface enneigée. Pour des raisons structurelles, la cabine du téléphérique semble de ralentir au niveau du glacier du Theodule.
Ce n’est qu’après le dernier pylône, juste avant la gare supérieure, que la vitesse perçue augmente à nouveau en raison des forces de traction verticales vers le haut. Instinctivement, on maintient le regard en avant, tout droit en direction de la marche. Ce n’est donc qu’en arrivant à la gare supérieur que l’on se rend compte que la traversée prend fin.
C’est tout à fait dans l’esprit des concepteurs: la forme angulaire et polygonale du bâtiment est censée rappeler un bloc de granit gris de la montagne. Avec ses murs latéraux chanfreinés, le bâtiment semble plus petit et légèrement en retrait. Les architectes poursuivent ainsi le langage formel des bâtiments existants sur ce sommet de montagne. La station supérieure du téléphérique des années 70, le restaurant avec hébergement pour alpinistes des années 2000 et le nouveau hall d’arrivée forment ainsi un seul et unique complexe de bâtis.
Deux nouvelles galeries relient la nouvelle station supérieure au tunnel existant. Cet accès principal traverse la montagne au sud du le plateau du Breithorn, où l’on peut skier sur le glacier durant toute l’année.
Se limiter à l’essentiel
La construction de la station supérieure se résume à l’essentiel: les fondations du bâtiment, l’enveloppe et l’ossature du bâtiment.
Des ancres permanents, jusqu’à 17 mètres de long, permettent de fixer la station supérieure sur le côté ouest du Petit-Cervin. Les structures en bois d’une épaisseur allant jusqu’à 1,6 mètre peuvent résister à des vents d’une vitesse allant jusqu’à 250 kilomètres à l’heure, ainsi qu’à des charges de neige et d’avalanche jusqu’à six tonnes par mètre carré. Les fermes en bois ont été préfabriquées dans la vallée et ont été transportées d’Italie au sommet du Petit Cervin avec un téléphérique monte-charges, spécialement construit pour le chantier.
Les panneaux photovoltaïques semi-opaques ont été utilisées comme enveloppe du bâtiment, et empêchent la vue vers l’extérieur. La lumière ambiante pénètre à l’intérieur au niveau des joints des éléments. Ce n’est pas le idéal pour prendre des photos du paysage montagneux, vu que les éléments photovoltaïques empêchent la vue vers l’extérieur.
«Alpine Crossing»
Avec la station de montagne du Petit Cervin, Zermatt Bergbahnen a créé une nouvelle destination pour les touristes internationaux. Car le circuit de «l’Europe en sept jours» ne permet aucune incertitude en termes de planification. Jusqu’à présent, les organisateurs proposant des expériences alpines préfèrent encore les régions du Jungfraujoch ou du Pilatus, vu que celles-ci sont plus facilement accessible que le Petit Cervin. L’année prochaine, cependant, un second téléphérique, qui assurera la liaison avec l’Italie, sera mis en service entre le Petit Cervin et Testa Grigia (Cervinia).
À partir de 2022, les voyageurs pourront ainsi vivre une expérience de montagne «en passant» sur leur trajet Milan-Paris.
Ueli Lehmann, architecte chez Peak Architekten concernant les fermes en lamellé-collé:
«Nous avons opté pour une structure porteuse en bois. Les poutres en bois sont tout simplement plus belles. En outre, des poutres en acier auraient dus être pourvues d’un revêtement pour répondre aux exigences de protection incendie. »
Ueli Lehmann, architecte chez Peak Architekten concernant les panneaux photovoltaïques:
«La location de surfaces pour l’exploitation d’installations photovoltaïques est désormais une pratique courante chez les entreprises d’énergie. Le Service de l’électricité de Zermatt a financé le gros œuvre du bâtiment.»
Texte: Katharina Wyss
Première publication: Magazine de la Documentation suisse du Bâtiment 2020 - 6