Construction d'un pont à l'Opéra de Zurich

L'Opéra de Zurich souffre d'importants défauts d'exploitation dus au manque de place. De nombreuses salles sont occupées plusieurs fois, mal aérées ou sans lumière du jour. Il manque en outre des salles de séjour, des vestiaires et des espaces pour les manifestations. L'insuffisance des livraisons et le manque de surfaces de stockage sont particulièrement problématiques. Une solution à long terme doit voir le jour grâce au projet « Zukunft Oper ». Toutefois, pour améliorer la situation à court terme, l'Opernhaus Zürich AG a prévu de construire un bâtiment transitoire temporaire (ÜBB). L'utilisation étant limitée à dix ou quinze ans, la construction doit pouvoir être réutilisée.

La limitation dans le temps de l'utilisation ainsi que sa situation exposée dans un environnement historique - au bord du lac et sur la Sechseläutenplatz - créent un contexte complexe pour la construction et la conception de l'ÜBB. D'une part, il doit rester identifiable en tant que projet temporaire et pouvoir être réutilisé ailleurs grâce à sa construction modulaire en bois, dans l'esprit de l'économie circulaire. D'autre part, il doit être adapté à la situation urbanistique du lieu. La construction en bois minimise la charge sur la dalle existante et permet une réutilisation ultérieure. Les éléments de construction sont de grande taille et facilement démontables. Les murs extérieurs sont constitués d'une ossature en bois avec des murs de contreventement en bois lamellé-croisé. Le prolongement de la cage d'ascenseur et du système d'évacuation des fumées et de la chaleur est également réalisé en bois, car cela permet un montage rapide. La structure porteuse du toit est construite sous la forme d'une trame régulière de pannes et de chevrons, ce qui ne nécessite pratiquement pas de murs porteurs à l'intérieur et permet une utilisation flexible de l'espace.  

La géométrie de base du bâtiment de transition est régulière et se réfère à la géométrie principale de l'Opéra. L'ÜBB d'un étage se conçoit comme une structure de toit en forme de pavillon et développe à partir de là un langage architectural autonome avec des murs inclinés et une forme de toit marquante. Les faces frontales réagissent aux façades axialement symétriques de l'existant et lui confèrent une silhouette caractéristique et élégante. La brise soleil, intégrée à la volumétrie, renforce l'horizontalité des deux façades longitudinales et laisse le vitrage s'effacer dans un joint d'ombre. La structure technique est également traitée avec un grand soin architectural et intègre de manière évidente les cheminées existantes, tandis que les deux installations photovoltaïques viennent se poser en surface sur les plans inclinés de la toiture.

La matérialisation des surfaces de toit avec des lés de bitume recouverts d'ardoise s'étend comme un textile jusqu'aux bords et cherche, par ses couleurs et sa matérialité, à se rapprocher des structures de toit historiques environnantes. En revanche, les façades frontales et longitudinales sont recouvertes d'un revêtement en bois peint. Des matériaux simples et « pauvres » sont donc utilisés, mais leur traitement soigné ne donne pas une impression de bon marché, ils se patinent au fil des ans et leur interaction correspond au caractère temporaire du pavillon.

Le projet de EM2N | Mathias Müller | Daniel Niggli Architectes a été soumis dans le cadre du Swiss Arc Award 2025 et publié par Nina Farhumand.