Musée de l’Elysée et du Mudac

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1000 Lausanne,
Suisse

Publié le 24 février 2022
Aires Mateus International Sàrl
Participation au Swiss Arc Award 2022

Le nouveau quartier  des arts prend forme  à Lausanne. À gauche, le MCBA nous guide vers le bâtiment conçu par Aires Mateus accueillant les deux nouveaux musées. Les deux musées bénificient de deux ambiances différentes. En haut, les espaces sont très lumineux grâce à la toiture en sheds, En bas, l’ambiance est beaucoup plus intime, la lumière étant amenée latéralement. Dans le hall d’entrée, 59 facettes de béton au sol et au plafond forment un espace rappellant une formation géologique ou un paysage abstrait. Ce n’est qu’en s’approchant du bâtiment que l’on remarque que des patios  ont été créé afin d’amener  de la lumière dans le musée de l’Elysée qui se situe au niveau inférieur.

Données du projet

Données de base

Catégorie de projet
Type de bâtiment
Achèvement
12.2021

Données du bâtiment selon SIA 416

Volume bâti
75'000 m³
Coûts de construction (BKP 2)
102,0 mio. CHF

Description

Le nouveau quartier des arts de Lausanne continue son développement. Après le Musée cantonal des Beaux-Arts, le Musée de l’Elysée et du Mudac prennent place sur le site de Plateforme 10. Réunis dans un seul bâtiment, ils sont séparés par une faille qui agit comme prolongation de l’espace public.

En 2016, démarrait la démolition des anciennes halles aux locomotives de Lausanne. Ceci était le début d’un projet ambitieux pour la ville, celui de créer un nouveau pôle culturel qui rassemblerait trois musées sur un même site. Mais plus que cela, il s’agissait de créer un vrai projet urbain, un véritable quartier des arts moderne, vivant et unique en suisse. Situé en prolongement des neufs quais de la gare, le site est appelé Plateforme 10. La proximité de la gare va permettre de créer un lieu convivial et diversifié en matière de public: les amateurs de culture vont se mélanger aux passants, aux professionnels faisant leur pause de midi, aux familles évitant les grands axes routiers bruyants, ou encore aux cyclistes. Le site profite également d’une vue exceptionnelle sur le lac Léman et les montagnes, bien évidemment avec le défilé des trains au premier plan.
La première étape de cette transformation urbaine fut achevée en 2019 par le bureau espagnol Barozzi Veiga avec la construction du musée cantonal des beaux-arts, un bâtiment longiligne, s’implantant le long des voies de chemin de fer. Le musée de l’Elysée et du Mudac, réunit en un seul bâtiment vient dans un second temps compléter cette infrastructure culturelle. «Un musée, deux musée», tel est le nom qu’a donné le bureau Aires Mateus à son projet lauréat du concours.
Le bâtiment marque la fin du nouveau quartier, décalé du musée cantonal des beaux-arts, il ferme visuelement le quartier côté ouest. Visible depuis la gare, sa façade brutale, faites de béton clair et percé d’une faille interroge et invite à la curiosité. Pour les concepteurs du projet, les espaces vides, ceux créé pour le public sont aussi essentiels que les volumes construits. Ils entourent et ouvrent la voie aux musées. L’idée des architectes est de pouvoir traverser la place en longeant le MCBA, puis d’entrer dans le musée dans un même mouvement, comme si l’espace publique se couvrait d’un toit. L’entièreté de la place publique est aménagée en mobilité douce, une longue rampe permet aux piétons et vélo de continuer leur chemin vers l’ouest, le site devient alors traversant.

Deux musées
Le musée de l’Elysée et du Mudac demandaient des choses bien différentes. L’un devait être baigné de lumière et l’autre devait avoir une lumière plus contrôlée. Assez logiquement, les concepteurs du projet ont alors placé un musée en hauteur et un autre en profondeur.
À l’étage, se trouve le musée du Mudac (musée de design et d’arts appliqués contemporain). Sous un toit complètement lumineux, se trouve un grand espace qui permet de nombreuses muséographies. Y a été ajoutée une fenêtre depuis laquelle on aperçoit le lac et les montagnes. C’est une façon de se reconnecter au lieu extérieur lors d’une visite muséale intérieure. Cependant, une fenêtre standard n’était ici pas possible, les architectes ont alors fait dépasser la faille au-dessus du sol de l’étage du Mudac afin d’y créer une ouverture.
En dessous, se trouve le musée de l’Elysée qui est entièrement consacré à la photographie. Cet espace, voulu plus intimiste possède des ouvertures sur trois patios et possède donc une lumière beaucoup plus contrôlée.

Une structure impossible
Entre les deux musées se trouve le cœur du projet: la faille. Il s’agit en fait de l’entrée du bâtiment. L’idée c’est qu’il n’y a pas de portes, l’entrée c’est la faille. Elle représente l’espace d’accueil depuis lequel on se dirige vers l’un ou l’autre musée grâce aux escaliers centraux. Avec ses 59 facettes de béton, cet espace comporte par moments des grandes hauteurs d’étages, et par moment de petites hauteurs où l’on se sent presque comme dans une grotte. On remarque alors qu’il se passe quelque chose en dessus et en dessous de nous.
Les architectes et ingénieurs ont voulu présenter quelque chose qui soit aussi troublant que déroutant. La structure doit amener une réflexion et non pas par son rôle d’image, mais par sa traduction en spatialité. Ici, on a l’impression que la partie supérieure du bâtiment flotte dans les aires, un peu à l’image de certains tableaux de Magritte comme «Le Château des Pyrénées». Ce défi a été relevé en collaboration avec l’ingénieur Rui Furtado. Pour lui, la conception de la structure supérieure du bâtiment s’apparente plus à un pont s’appuyant sur trois points.

Une dernière touche
La construction de ces trois musées ne marque cependant pas la fin du développement du site. Un concours d’idées pour l’aménagement d’une l’entrée a été mis sur pied. Cette prochaine étape se concentre sur deux éléments industriels du site: La plaque tournante et le poste directeur des CFF qui se situant à l’entrée du quartier. Le but est de créer un marqueur visuel qui indique le site depuis la gare en invitant le public à y entrer. L’architecte Ruben Valdez est ressorti vainqueur du concours d’idées et propose d’agrandir l’ancien poste directeur des CFF en y ajoutant un volume d’accueil. Cette entrée principale et unique permettra d’accéder à une partie souterraine à vocation culturelle et aux étages où se trouvent les bureaux, salles de conférences et ateliers d’artistes. Cette structure d’accueil marquera la nouvelle esplanade en indiquant la direction des musées. Le projet proposera également le prolongement de l’allée d’arbres existants et la végétalisation de la plaque tournante, reconvertie en patio.

Texte: Valentin Oppliger

Première publication: Arc Mag 1.2022

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