Payi

Lauréat du mandat d’étude parallèle pour la construction des marquises de la nouvelle gare routière de Bulle, le projet «Payi» répond à la demande de couverture de quatre quais de bus régionaux, ainsi que de la rampe de sortie du parking souterrain.

Situation initiale

Baraki ont choisi de travailler la structure principale en bois régional pour son utilisation habituel dans l’architecture vernaculaire et moderne et son faible impact environnemental. Le But du projet est de créer une infrastructure approchable à l’échelle humaine et identitaire pour la population de la ville et la région. Payi fait référence au paysage Gruérien au pied des Préalpes, formé par l’aire glacière. Une analogie des vallonnements sinueux se retrouve en sous-face des dalles des marquises, travaillées comme un relief topographique.

Ébauche du projet

Le public est entrainé dans ce relief imaginaire en attendant le bus. L’œil se perd dans les courbes, comme une illustration de son propre voyage à venir. Au-delà du défi technique des marquises, le projet s’inscrit dans un cadre budgétaire modeste. Pendant la phase du concours, l’équipe a cherché la meilleure manière de concevoir les marquises, en collaboration étroite avec des spécialistes en fabrication bois. L’échelle industrielle et l’expertise dans la construction bois de la région a permis de garantir le prix. De manière simplifiée, le gros œuvre en Suisse va privilégier la simplicité de mise en œuvre sur l’économie de la matière. En revanche, pendant les années 1960, la main d’œuvre était bon marché et la matière première plus coûteuse. Le résultat dans le cas des réalisations de P.L Nervi était une optimisation de l’utilisation de ciment qui donne forme à l’imaginaire de l’ingénieur.

Étude du projet

Deux matériaux principaux composent les trois marquises, chacun choisi pour des qualités précises. Le bois, sourcé à moins de 30km et façonné de manière sophistiquée, fait lien entre la tradition architecturale de la région et l’ambition dynamique et innovative de la ville de Bulle. Le métal endosse le rôle de porteur soumis à l‘usage quotidien de l’infrastructure publique. Plus solide et rigide, l’acier galvanisé parle au revêtement de sol minéral de la nouvelle place de la gare. En analogie du paysage formé grâce aux forces et poids des glaciers, le relief en sous-face est sculpté par les moments des forces. L’épaisseur variable entre 11cm et 35cm de la dalle en bois épicéa massif lamellé-collé, est le résultat d’une optimisation de la matière à l’aide de la méthode des éléments finis, une approche inédite à ce jour dans la construction des dalle en bois massif. Le calcul se base sur une résistance isotrope avec l’équivalent de C24 par direction. Les épaisseurs résultantes sont ainsi usinées par des machines CNC 5-axes dans les halles de production locales de l’entrepreneur. Tous les chutes et copeaux de bois sont recyclés, le totale de 115 m3 de bois absorbe env. 1 Tonne de Co2 par m3 de bois et donne un bon bilan énergétique au projet.

Réalisation

Les dalles de 35.4 m sur 4.3 m, et 35.4 m sur 3.3 m sont décomposées en trois parts, et la dalle de 26 m sur 7.8 m en 7 parties, transportables sur un camion depuis l’atelier au chantier. Les éléments préfabriqués d’un poids maximal de 5.1 Tonnes sont levés à l’aide d’une grue mobile sur place et sellées en tiges filtées sur les poteaux en attente.