Réhabilitation de l'Ancien Manège
,
Suisse
Publié le 08 avril 2024
ESTAR Ciurlo et Armental Ruiz Associés
Participation au Swiss Arc Award 2024
Données du projet
Données de base
Données du bâtiment selon SIA 416
Description
Construit au cours du 19ème siècle et transformé en garage dans les années 1950, l’Ancien Manège est rénové pour accueillir un programme public varié: crèche, maison de quartier, restaurant scolaire et ludothèque.
Situation initiale
Le Manège de Saint-Léger, bâti entre 1828 et 1829, suivait le canon des constructions militaires du début du 19ème siècle. Doté d'une arène centrale couverte et de deux bâtiments latéraux utilisés comme écuries, il était complété par une rotonde semi-circulaire abritant l'entrée principale. Transformé en garage en 1930 pour répondre à l'évolution des besoins de parking, il a été significativement modifié en 1950 par l'architecte Jean Camoletti pour accueillir plus de véhicules, avec l'ajout de deux dalles de béton et de rampes d'accès, altérant ainsi sa structure spatiale et sa composition.
Ébauche du projet
Le point de départ du projet est la compréhension de la configuration spatiale et constructive du bâtiment pour sa transformation en un bâtiment civique avec un minimum d’intervention lourde. Le projet propose la réutilisation des éléments structurels des années 1950, combinés avec des démolitions choisies et ajouts minimaux utilisant les qualités atmosphériques du bâtiment avec le but de rétablir sa clarté spatiale et redéfinir sa présence sociale et urbaine. Le projet recherche l'équilibre entre l’optimisation de l’enveloppe thermique et la conservation des valeurs patrimoniales du bâtiment. L’utilisation du bois comme matériau principal des ajouts permet d’éventuelles modifications futures, comprenant l'intervention comme une nouvelle étape du processus de transformation de l’Ancien Manège. Aujourd'hui, le Manège rénové est un exemple de développement durable, d'engagement communautaire et d'inclusivité tout en préservant les valeurs patrimoniales du bâtiment et de son contexte.
Étude du projet
On accède au bâtiment depuis la rue Julienne-Piachaud grâce à une sorte de podium, un nouveau sol qui clarifie l’îlot urbain, en établissant une relation visuelle avec la Promenade de la Treille et crée un espace public extérieur à proximité de l’entrée. La porte d’accès principal pour le public est placée sur le côté gauche du bâtiment, le long de la fontaine, devenant visible frontalement en arrivant depuis la place du Bourg-de-Four. L’accès latéral au bâtiment permet à la rotonde en demi-cercle de devenir un espace d’accueil et de rencontre en relation directe avec la rue, tout en préservant les structures en béton et les balcons des années 50.
La dalle de béton inférieure est sauvegardée pour créer un socle technique où la majorité des services sont placés, libérant les ouvertures supérieure de toutes subdivision afin de bénéficier pleinement de la lumière naturelle. La dalle de béton intermédiaire est démolie pour libérer les grandes ouvertures cintrées au deuxième étage et ainsi obtenir une généreuse salle commune également desservie à partir de la zone de services. Le seul ajout structurel est une nouvelle toiture plate en bois au-dessus de l'aile sud, résultant de la démolition des rampes et du volume de la rue de Saint-Léger et offrant une terrasse au niveau de la salle.
Réalisation
La circulation est réglée par deux espaces longitudinaux parallèles alignés avec les tours, l’un de nature plus publique à l'avant et l’autre pour une utilisation interne, à l’arrière. Une série d’insertions en maçonnerie complètent et clarifient la configuration spatiale du volume central, des bâtiments latéraux inférieurs et des tours. Des nouveaux ajouts, réalisés en bois, définissent le bloc de services au rez-de-chaussée et qui, à l’étage, isolent acoustiquement la salle du reste du bâtiment grâce à deux grandes cloisons.
Afin que la salle soit occupée par plusieurs utilisateurs simultanément ou utilisée comme une grande salle pour des occasions spéciales, une structure mobile suspendue contenant un système de rideaux peut être abaissée ou levée pour diviser partiellement l'espace en fonction de l’utilisation. Cette structure est suspendue à la charpente en bois existante, une référence au grenier et aux galeries originales de l'Ancien Manège. Un quatrième cloison en forme de lanterneau aide à éclairer et à ventiler le centre de la salle.
Particularités
Le projet tente de rendre compatible l'optimisation de l'enveloppe thermique et la conservation des valeurs patrimoniales du bâtiment. Un doublage intérieur de béton cellulaire est ajouté du côté intérieur des murs existants pour améliorer la performance thermique en tenant compte de la qualité tectonique de la maçonnerie.
Afin de minimiser l'intervention dans les structures en bois existantes, les combles existants ventilés sont conservés et protégés derrière de nouveaux plafonds suspendus comprenant l’isolation thermique. La performance thermique est également améliorée avec l'introduction de nouvelles fenêtres en menuiserie bois, performantes et dotées de multiples possibilités d'utilisation par les usagers afin de ventiler naturellement la majorité des salles.
La stratégie d’insertion des équipements et installations techniques dans le bâtiment suit le principe de la reconnaissance de ses caractéristiques spatiales et constructives et de ses capacités d’adaptation à de nouveaux usages tout en préservant son intégrité. Un nouveau niveau de sous-sol abrite tous les espaces techniques. La distribution des installations est concentrée dans les deux grandes parois verticales délimitant la salle la zone des services située à l’arrière du bâtiment.
La nature des démolitions, des réparations et des nouvelles insertions, principalement en bois, se révèlent en tant qu’ajout lisibles comme une nouvelle étape du processus de transformation continue du bâtiment et se positionnent de façon à permettre d’éventuelles modifications futures.
Le projet d'Estar a été soumis dans le cadre du Swiss Arc Award 2024 et publié par Valentin Oppliger.