Bâtiment «Panorama» pour les patients

 
8370 Sirnach,
Suisse

Publié le 18 février 2021
Galli Rudolf Architekten AG ETH BSA
Participation au Swiss Arc Award 2022

Vue sur la cour d'entrée de  la nouvelle unité de patients  de Panorama. Le décalage  des deux volumes crée une situation d'angle négative. Pour les patients et les visiteurs, cette cour est un endroit tranquille qui invite à la détente. Protégé par  un avant-toit, un long banc en chêne massif a été fixé au mur de béton texturé. Chaque étage dispose  du côté nord-ouest de l’immeuble d’une salle à manger d’où les patients  ont une vue imprenable  sur le paysage mais également sur le salon  central situé devant  la cour est. Les fenêtres des  chambres des patients  sont réalisés en chêne  et dotées d’allèges suffisamment larges pour s’asseoir en tout confort.

Données du projet

Données de base

Situation de l'objet
Littenheid, 8370 Sirnach, Suisse
Catégorie de projet
Achèvement
01.2019

Données du bâtiment selon SIA 416

Étages
de 3 à 5 étages
Surface de plancher
7176 m²
Volume bâti
24'807 m³
Coûts de construction (BKP 2)
25,3 mio. CHF

Description

Relations visuelles réciproques

Durant le vingtième siècle, la localité de Littenheid s'est peu à peu transformée dans son ensemble en «village-hôpital», passant d’une maison de retraite avec asile et hospice à une clinique privée psychiatrique et psychothérapique. Achevée en 2019 dans une vallée sèche de la commune thurgovienne de Sirnach, la nouvelle construction de trois étages, qui a été réalisée par le bureau d’études Galli Rudolf Architekten, comprend soixante chambres de patients.

Outre sa tradition agricole, la vallée se situant aux portes de la ville industrielle de Wil, en Suisse orientale, a connu au fil des années plusieurs finalités. Divers plans d'affectation, élaborés pour des raisons économiques, tels que la construction d'une ligne de chemin de fer ou d'un barrage, ont échoué. La clinique privée de psychiatrie et de psychothérapie à Littenheid est née d'une école de commerce et d'industrie fondée en 1868. Après la fermeture de cette dernière en 1880, un «gardien de fous» de Suisse romande a ouvert dans le bâtiment d'accueil un foyer pour les marginaux et les sans-abri souffrant de problèmes mentaux. À partir du tournant du siècle, le foyer fut géré comme une entreprise familiale sous le nom de «Asyl Littenheid». Après la Première Guerre mondiale, l’établissement fut géré sous la forme d’une entreprise collective. Quelques 300 patients âgés étaient hébergés dans la clinique de soins et d'assistance, qui s'est développée au fil des années pour devenir un hôpital psychiatrique moderne et finalement être intégrée, en 2008, à Clienia Littenheid AG. La Clinique privée Littenheid, avec un total de 273 lits, est membre du groupe Clienia, qui gère également une clinique dans le canton de Zurich et proposent des soins ambulatoires dans d'autres lieux. Cela permet au groupe d'offrir une gamme variée de méthodes de traitement psychiatrique et psychothérapeutique.

Le village
Littenheid est passé d'un village rural autonome à un employeur important dans la région. La disposition d'une douzaine de maisons, destinées aujourd'hui principalement à un usage résidentiel et thérapeutique, reflète encore le caractère agricole de la vallée. Le terrain s'élève doucement vers les collines boisées au sud. Le ruisseau du ravin qui se dirige vers le nord emporte avec lui les soucis et les angoisses des patients. Le paysage tranquille attire les randonneurs en été, et en hiver, le marais sert de patinoire aux enfants.
Au cours des dernières années, le cabinet zurichois Galli Rudolf Architekten a assaini plusieurs bâtiments et construit de nouvelles habitations dans cette région. Parmi les nouvelles constructions qu’ils ont réalisées, on peut citer un restaurant situé au cœur du village, qui jouit d’une grande popularité, non seulement auprès des collaborateurs mais également auprès de tous ceux qui visitent cet espace de loisir et de détente. Avec son toit incliné, le bâtiment d'un étage rappelant un pavillon et étant situé dans un petit parc, adopte le langage formel de la structure hétérogène du village, suivant ainsi un plan directeur élaboré en 2008.

Nouvelles maisons pour les patients
Dans les années 1980, la clinique a agrandi ses installations à Littenheid en y ajoutant un nouveau bâtiment de service. Située à l'entrée du village, la maison «Pünt» est un volume de trois étages, dont les trois ailes, disposées comme des doigts, accueillent les chambres des patients et sont organisées verticalement. En 2015, un appel d'offres a été lancé auprès de six équipes pour la construction de nouvelles unités de soins. Après s’être chargé de l’assainissement de la maison Pünt, le cabinet Galli Rudolf Architekten connaissait déjà bien les lieux et a élaboré des espaces appropriés à cet effet: le projet prévoyait un bâtiment de quatre étages, décalé perpendiculairement et disposant de deux cours. L’immeuble renferme trois unités destinées à la thérapie des traumatismes et à la dépression gériatrique, avec vingt lits par niveau. Au dernier étage se trouve la division privée, tandis que le rez-de-chaussée héberge tous les locaux de service de la clinique, comme les laboratoires, la pharmacie et le service de médecine interne.
Le complexe de forme allongé est disposé de façon compacte tel un huit. Les deux cours intérieures assurent un bon apport de lumière naturelle dans les salles de thérapie adjacentes et le couloir central. Le bâtiment est conçu de manière à faciliter et optimiser le travail des collaborateurs. Lorsque les patients quittent leur chambre qui, selon l’orientation, bénéficie du soleil couchant ou du soleil levant, ils se retrouvent dans les couloirs circulaires. Ces derniers donnent sur la cour intérieure et permettent aux regards de s'évader. Les patients peuvent se rencontrer dans la salle à manger ou dans la salle de séjour, qui se trouvent toutes les deux au point de croisement des pièces en enfilade, où il y a également une grande cage d’escalier.
Alors qu’à l’intérieur du bâtiment les teintes prédominantes en marron et gris des fenêtres en chêne et des carreaux de sol en pierre artificielle assurent une ambiance tamisée et chaleureuse, la cage de l'escalier à trois volées est dotée d’une installation artistique de Pascal Seiler. Il s'agit d'une sculpture tubulaire surdimensionnée qui occupe presque tout l’espace. Outre d'offrir une protection visuelle, l'installation représente également une protection afin d'éviter toute chute en cas de tentative de suicide.

Panorama nature
Bien souvent, il n'est pas si facile de déterminer la durée d'un séjour en thérapie d’un patient. Les angoisses et inquiétudes qu'ils éprouvent à leur arrivée à la clinique ne se dissipent parfois que bien plus tard. Découvrir de nouvelles perspectives et pouvoir jouir d’une vue sur le magnifique environnement revêtent donc une importance toute particulière. C'est bien là que l'architecture peut intervenir, en offrant d’une part des perspectives et, d’autre part, en imposant des limites. Les cours intérieures lumineuses sont des lieux introvertis, sans pour autant empêcher la vue sur l'extérieur. Depuis les salles de séjour au centre, la vue traverse les cours qui s'ouvrent sur la vallée ou la forêt voisine. Dans le couloir, des rideaux devant une paroi vitrée à hauteur de plafond laissent entrevoir la salle commune, ce qui permet de participer à la vie quotidienne tout en gardant un peu ses distances. La fenêtre bandeau de grande hauteur, avec parapet et coussiège, permet aux patients de profiter d’une vue imprenable sur le paysage de roseaux.
L'étage d'entrée abrite, côté nord, un grand foyer avec accès à une pharmacie, ainsi qu’un comptoir pour le laboratoire. Certains locaux de stockage à l'arrière sont construits dans la pente et ne comportent pas de fenêtres, si bien que la construction se présente vers le sud comme une structure compacte de trois étages. La façade se divise en plusieurs niveaux: un rez inférieur en béton apparent et les étages supérieurs, recouverts d'un enduit coloré à base de chaux et de ciment. La structure de la maçonnerie à deux parois des étages supérieurs demeure visible derrière le plâtre, soulignant ainsi l’aspect horizontal et calme de la façade. Les longues fenêtres des chambres des patients sont encadrées d'éléments en béton sablé et soulignent également l'expression sereine du bâtiment à toit plat.
Les parois des cours intérieures sont recouvertes d'un revêtement de tôle aluminium profilé en zigzag. Le même matériau a été utilisé pour les allèges du couloir vitré, afin de capter un maximum de lumière et favoriser la convalescence des patients.

Claudio Schiess, Architecte chez Galli Rudolf Architekten, sur la commande d’éclairage biodynamique efficace: Trilux Leuchten und Trilux Steuerung :
Les chambres des patients, très lumineuses, sont équipées d'une commande de la lumière du jour (HCL). La température de couleur s’oriente sur les variations de la lumière du jour et contribue ainsi au bien-être des patients.

Claudio Schiess, Architecte chez Galli Rudolf Architekten, sur la tôle de la façade côté cour:
La façade intérieure des cours est recouverte d’un revêtement en tôle d’aluminium anodisé de structure verticale. Ce matériau, qui a également été utilisé pour les allèges et, en partie, entre les fenêtres, permet de capter un maximum de lumière, ce qui favorise la convalescence des patients.

Texte: Claudia Frigo Mallien

Première publication: Magazine de la Documentation suisse du Bâtiment 2021 - 2

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