Centre de transit de Volketswil

Une esthétique pragmatique

Le centre cantonal de transit de Volketswil ZH remplace le centre de transit de Hegnau qui était auparavant installé dans un immeuble existant en location. Après la résiliation du bail de l’immeuble, le conseil municipal proposa un terrain approprié pour un nouvel emplacement. L’équipe de «baubüro in situ», expérimentée dans la construction d’immeubles abritant des requérants d’asile, a obtenu le mandat de réaliser, en partenariat avec la direction général de projet Schaerholzbau, une nouvelle construction.

En mai 2019, la commune municipale a approuvé à une large majorité le crédit de construction d’un montant total de 7.48 millions de francs suisses. Le nouveau bâtiment de la Tolackerstrasse a été mis en service en septembre 2020. Il permet d’héberger 134 demandeurs d’asile qui sont assignés par les centres d’asile fédéraux aux cantons et doivent être préparés de façon adéquate à mener une vie autonome en Suisse. Contrairement aux logements communaux, les centres de transit sont gérés par l’Organisation zurichoise pour l’asile, l’AOZ, pour le compte du Service de l’action sociale de Zurich.

Terre en vue
Les formes alternatives de logement, telles que les coopératives d’habitation, les familles recomposées ou les projets multigénérationnels, sont plus que jamais sur toutes les lèvres. De manière général, la mobilité de la société évolue. Ainsi, le travail à domicile devient de plus en plus populaire, et les pop-ups remplacent les magasins de quartier. Cela influence également la façon dont nous abordons la question de la sécurité. On peut observer une tendance vers des projets à durée limitée. Le bureau de construction «in situ» a saisi l’opportunité en réalisant, ces dernières années, plusieurs centres d’hébergement pour requérants d’asile. Notamment dans le domaine des réaffectations de friches industrielles, le bureau d’étude a pu démontrer que la qualité d’une construction influence positivement l’acceptation de telles solutions temporaires.

Jusqu’à il y a quelques décennies, les ouvriers immigrés étaient hébergés dans des bidonvilles, qui n’offraient guère plus de protection qu’une tente et se trouvaient à l’écart des zones urbaines. L’architecture éphémère est aujourd’hui devenu un élément marquant du paysage urbain. Les nouveaux arrivants jouissent d’un cadre de vie plus agréable.
Une équipe d’environ six personnes accueille les futurs résidents du centre de transit et les assiste pendant leur séjour dans diverses activités. Contrairement aux bâtiments résidentiels classiques, seuls les enfants en âge scolaire quittent la structure tous les jours pour aller à l’école publique. Tous les autres résidents passent la plus grande partie de leur journée dans la structure, dont ils prennent soin et s’occupent.
Il est vrai que le débat sur le terrain que la commune souhaitait mettre à disposition pour la construction du nouveau centre de transit a échauffé pas mal d’esprits. Bien qu’il se trouve dans la zone industrielle, il est tout de même en bordure du quartier de Hegnau Chappeli. Ainsi, il était d’autant plus important de faire preuve, dès le tout début du processus de planifica­tion, d’une vision d’une architecture pragmatique de qualité, malgré le budget restreint.

Le havre de sécurité
Tel un catamaran, le nouveau centre de transit se compose de deux corps de bâtiments longitudinaux de trois étages en miroir réalisés en construction d’éléments en bois, ainsi que d’une construction de jonction d’un étage servant à la fois de terrasse et d’abri. La disposition dessine deux cours intérieures de forme rectangulaire. Des deux côtés, des escaliers principaux invitent à monter jusqu’à la terrasse, et le long des bâtiments longitudinaux, trois escaliers extérieurs en acier mènent chacun au pont et au deuxième étage.
Le rez-de-chaussée accueille essentiellement des locaux techniques, des locaux destinés au stockage et à la formation, ainsi qu’une grande buanderie. L’entrée principale présente un retrait au niveau de l’aile sud en direction de la Tolackerstrasse, devant lequel se trouve également un abri pour vélos. L’aile nord héberge au rez-de-chaussée des chambres à coucher, orientées vers le côté opposé de la cour et ce retrait se retrouve également à l’étage supérieur, uniquement réservé au logement. C’est là que se situent, orientées vers la terrasse semi-publique, les salles à manger et les cui­sines communes, directement accessibles l’extérieur, tandis que les chambres à coucher au second étage sont disposées en rangées et donnent également sur la cour.
Les demandeurs d’asile vivent en groupes, dans des chambres doubles, triples et familiales et se partagent une ou deux salles d’eau qui se trouvent dans le couloir. Les espaces disposés horizontalement sont divisés par des meubles de séparation qui servent non seulement au rangement mais offrent également un minimum d’intimité.

Précieux chargement
Depuis quelque temps déjà, l’esthétique des solutions d’espace avec containers est synonyme de changement et de flexibilité. Alors que les containers sont parfois la solution idéale en cas de pénurie de salles de classe ou offrent à une marque phare un endroit branché pour vendre des sacs coûteux, l’industrie du bois en Suisse est parvenue à exploiter un immense potentiel grâce à la construction modulaire et à éléments – tout en misant sur la durabilité et la valeur ajoutée suisse.
La réalisation à Volketswil n’est pas le premier projet commun du bureau d’études «in situ» et de la société Schaerholzbau, qui avait remporté le concours de prestation globale. L’avantage de cette collaboration est de bénéficier d’un réseau interdisciplinaire qui permet de constituer divers groupes d’étude. Des spécialistes régionaux du groupe sont à la recherche de solutions adaptées et travaillent de manière flexible. Ainsi, dans le cadre de ce projet, Schaer-
holzbau a relevé avec brio le grand défi d’achever la construction en seulement sept mois, et ce malgré un budget très limité et un calendrier serré.
La façade des ailes d’habitation est réalisée en épicéa brut de sciage. Construite par l’entrepreneur-construction du groupe de travaux, la partie intermédiaire se présente en béton apparent de première qualité, avec des escaliers, des rampes, des pergolas et des caniveaux en acier. Un peu comme dans un port à conteneurs, les entrepreneurs ont travaillé avec deux grues en parallèle, afin de pouvoir respecter le calendrier.
Contrairement à la construction modulaire, la construction en éléments de bois présente un net avantage, tant en termes de frais que d’économie d’espace. La préfabrication permet de gagner du temps. Les plafonds et les murs ne sont pas comptés deux fois. Cette approche pragmatique de la construction en bois se reflète également au niveau du design intérieur, avec des portes, des lits et des armoires encastrées à l’esthétique sobre. Ainsi, les embrasures de porte et les garde-corps des lits superposés qui ont été réalisés en chêne s’avèrent tout aussi robustes que les cadres métalliques – mais ils sont moins chers, plus durables et démontrent un aspect plus noble.

Christoph Müller, architecte chez Baubüro in situ AG, sur les Panneaux aggloméré, LivingBoard P5:
L’aménagement intérieur convainc par la délicate configuration des joints entre les panneaux en aggloméré insonorisants et autoportants, qui ne nécessitent plus qu’une couche de peinture.

Joseph Sager, directeur général de Schaerholzbau AG, sur les Plaque Compact de 4 mm, :
Le revêtement mural des salles d’eau préfabriquées se compose de panneaux massifs. Avec la découpe, il a été possible de réaliser des cache-serrures pour les armoires.

Texte: Claudia Frigo Mallien

Première publication: Magazine de la Documentation suisse du Bâtiment 2021 - 1