Château de Rapperswil

crepaccio e mulini

Lors de la dernière période glaciaire, le glacier de la Linth s'est avancé jusqu'à l'actuelle vallée de la Limmat. Lors de son retrait, le lac de Zurich et la topographie des rives sur laquelle se trouve le château de Rapperswil se sont formés. La crevasse et les moulins glaciaires du projet s'y réfèrent de manière imagée. En tant que motifs centraux, ils rendent visibles les immenses forces de la nature, les changements lents et parfois brusques sur de longues périodes. De la même manière, le château et la ville de Rapperswil elle-même ont connu des changements constants pendant des siècles. Les rénovations architecturales rendent hommage à ce qui existe déjà. Le dialogue entre l'ancien et le nouveau donne une voix à l'historique, au présent et au futur.

Le château de Rapperswil constitue le point de départ du projet. Non pas en tant que monument historiquement clos, mais en tant qu'architecture, en tant qu'espace, en tant qu'organisation de surfaces et de niveaux et en tant que construction matérielle. Les interventions sont dérivées de l'existant. L'une des caractéristiques essentielles du bâtiment est la verticalité. Trois tours visibles de loin marquent un triangle presque équilatéral. Une ligne part de la surface du lac, passe par le marché aux poissons, la place principale légèrement inclinée, la cage d'escalier du 19ème siècle et le chemin qui longe le mur sud jusqu'à la colline de tilleuls dans la cour intérieure. Dans la zone d'accès Est, on retrouve la référence à la crevasse, l'ouverture entre le nouvel ascenseur de marchandises et l'ascenseur de personnes légèrement incliné. Le regard est guidé vers le haut. Les nouveaux escaliers s'enroulent vers le bas comme des moulins de glacier, radialement avec une direction changeante ou régulièrement. La verticalité abrupte de la crevasse contraste avec la lenteur des moulins glaciaires horizontaux situés en face.

Les structures existantes sont retracées, mises en évidence et renforcées. La libération des contraintes antérieures crée une nouvelle marge de manœuvre. La pierre apparaît sous différentes formes. La façade est en grès de Bollingen taillé, les encadrements de fenêtres et de portes sont sciés, scarifiés et parfois couronnés. Les marches d'escalier ont été foulées par les hommes au fil des décennies. Les galets de la cour du château et du jardin d'herbes aromatiques sont détachés et grincent lorsque l'on marche dessus. Le béton lisse de coffrage des parois de l'ascenseur et le béton bouchardé des parapets des escaliers complètent l'existant.

Le château de Rapperswil est inscrit à l'inventaire suisse des biens culturels d'importance nationale. Le nouveau s'intègre à l'existant. Les contradictions internes sont acceptées, l'identité se forme dans la différence. C'est justement grâce à l'hétérogénéité des parties qu'un ensemble se forme. L'utilisation culturelle de la salle des chevaliers sous le toit est maintenue et reliée au nouvel accès par le foyer. Le parcours du musée sur l'histoire du château dans le palais et le chemin de ronde commence au deuxième étage en partant du nouvel escalier. Le service de restauration dessert l'ensemble du bâtiment, les différentes salles, la cour intérieure et la colline de tilleuls. Grâce à la livraison réaménagée et à la réorganisation du sous-sol, les processus d'exploitation sont optimisés. De simples cabanes en bois sont placées devant les imposants murs du château.

Le projet du Park Arch a été soumis dans le cadre du Swiss Arc Award 2025 et publié par Jeannine Bürgi. La version française a été revue par Estelle Gagliardi.