
École des Plaînes-du-Loup
,
Suisse
Publié le 18 janvier 2024
APPA SA
Participation au Swiss Arc Award 2024
Données du projet
Données de base
Données du bâtiment selon SIA 416
Description
Une école de quartier, un édifice public, un repère, un point focal: le projet à Lausanne cherche à être tout ceci à la fois. Aeby Perneger ont créé une architecture intemporelle qui se démarque des habitations avoisinantes. Vivant de jour comme de nuit grâce à la disposition en toiture des salles de gymnastique.
Situation initiale
Ce projet est issu d’un concours d’architecture et d’urbanisme pour un fragment urbain regroupant plusieurs programmes: des logements, un établissement médico-social et une école de quartier. L’école constitue le point central de l'écoquartier des Plaines du Loup. Au sein d’un tissu urbain marqué par des formes continues, son caractère public est renforcé par sa morphologie monolithique.
Unique projet public au sein de cette première étape d’extension urbaine de la ville de Lausanne, il endosse un devoir d’exemplarité en matière de labellisation et de certification écologiques.
Ébauche du projet
Ce projet est avant tout un projet de coupe. La position de la double salle de gymnastique est motivée par une volonté urbanistique de verticalité, de réduction des travaux d’excavation et de simplification structurelle en évitant toute superposition problématique.
Cette décision initiale entraine toutes les suivantes, le plan d’étage est donné par la dimension de l’équipement sportif. Sa profondeur permet d’organiser deux rangées de classes et de libérer un vaste espace central mis à profit pour le déploiement de volées d’escaliers en cascade.
L’école est conçue selon un schéma simple permettant une appropriation par les élèves et le corps enseignant. Elle est organisée autour d’un vaste espace de distribution permettant d’improviser des usages pédagogiques hors des classes. L’organisation spatiale de la distribution verticale offre, à tous les élèves et enseignants, une visibilité sur l’intégralité du volume. Elle atténue ainsi la ségrégation par étage et favorise le «vivre ensemble». Au cœur du quartier, le préau de l’école fait office de square urbain. Sa position, à côté de l’école, de l’EMS et de la terrasse de son restaurant encourage les rencontres intergénérationnelles. La part belle donnée aux usages extrascolaires des salles de gymnastique, en balcon sur le quartier, et de la bibliothèque, ouverte aux habitants, conforte le caractère public du bâtiment.
Étude du projet
Les principes constructifs conjuguent des réfléxions architecturales, économiques et environnementales. Le système porteur du bâtiment associe avec parcimonie trois matériaux structurels: l’acier, le bois et le béton. Chacun d’entre eux est utilisé dans les zones où ses qualités intrinsèques sont mises à profit.
Le béton est utilisé pour le sous-sol partiel et les cages d’escaliers de secours assurant le contreventement. L’acier se déploie sous la forme d’une grille tridimensionnelle de poteaux et de poutres organisant l’ensemble du volume et le bois, sous la forme de dalles CLT réalisées à partir d’arbres issus des forêts de la ville de Lausanne, pour les zones de plancher définies par la structure linéaire en acier. Ce projet nous ramène à un temps longtemps révolu, celui d’une économie de moyens et de matière obtenue par une conception et une réalisation à haute intensité de main d’œuvre.
La recherche d’une forme de frugalité et de légèreté, obtenue par une stricte rationalité constructive, a demandé un fort engagement de la part de tous les intervenants: ouvriers, architectes, ingénieurs et Maître de l’Ouvrage. Ce processus exigeant a fédéré les énergies et généré un bel enthousiasme.
Dans ce projet, pas d’exploit structurel, ni de matériaux extravagants, mais un retour à une forme d’objectivité. La quête de la proportion juste, la lisibilité de la structure et l’expression honnête des matériaux circonscrivent cette recherche au strict champ de l’architecture.
Réalisation
La construction d'un bâtiment combinant béton, bois et acier pendant la pandémie a été un défi complexe, nécessitant une gestion méticuleuse du planning, des détails et une coordination exceptionnelle entre les entreprises impliquées.
L'utilisation simultanée de ces matériaux distincts a introduit des défis inédits, nécessitant une expertise précise et une planification minutieuse à chaque étape du processus de construction. La gestion du planning a été cruciale pour coordonner la fabrication, la livraison et l'installation de chacun de ces matériaux, évitant ainsi les retards et les conflits dans les travaux.
Chaque matériau ayant ses propres spécificités techniques, une attention particulière aux détails fut nécessaire pour garantir une intégration harmonieuse de la structure mixte.
La coordination entre les entreprises fut centrale pour assurer une compréhension commune des exigences et des délais de chaque phase du projet. Cela a exigé une communication fluide, des révisions constantes des plans et une résolution rapide des problèmes.
Le montage de la façade s’est déroulé en 15 étapes intégrant les difficultés de pose et de mise en œuvre du chantier. Dans le souci de préserver son aspect immaculé, le revêtement en aluminium brut a fait objet d'une vigilance particulière tout au long des manipulations en atelier et lors du montage.
Particularités
La composition de la façade est en cohérence avec la morphologie et le caractère public de l’édifice. Le bâtiment se présente comme un petit «palais» avec son socle perméable, son corps central occupé par les étages de classes et son couronnement sportif.
Les façades sont rythmées par la trame structurelle, des tôles en aluminium brut, pleines ou perforées recouvrent les parties pleines. Leurs reflets changeants modifient en permanence la présence du bâtiment au sein du quartier.
L’école incarne la vie publique du quartier, les multiples interactions entre intérieur et extérieur animent l'espace de jour comme de nuit.
Implantée dans un lieu anciennement occupé par une briqueterie puis par un grand parking d'échange, cette école s'intègre désormais dans un nouveau quartier émergeant. Les premiers habitants explorent timidement le potentiel de ces lieux dépourvus de voitures et dont la végétation s’épanoui progressivement.
Le projet d'Aeby Perneger a été soumis dans le cadre du Swiss Arc Award 2024 et publié par Elisa Schreiner.