Frames: Stratégies de cohabitation urbaine
,
Suisse
Publié le 29 mars 2023
Participation au Swiss Arc Award 2023
Données du projet
Description
Frames propose le rassemblement de quatre stratégies de cohabitation urbaine au sein d'un même ensemble bâti, chacune proposant un équilibre spécifique entre l’appropriation et le partage de l’espace domestique.
Situation initiale
Située au sud des Alpes, la ville de Lugano se caractérise par une forte densité urbaine, fruit d’un développement spéculatif de plusieurs décennies. Un réseau compact de palazzine, disposé selon une grille orthogonale, s'étend sur une grande partie du territoire et entraîne une privatisation problématique des parcelles de la ville. Frames occupe l'une de ces parcelles, actuellement exploitée par un parking privé, avec le but de renverser ce schéma spéculatif et de restituer l’intérieur de l’îlot au public.
Ébauche du projet
Une cour-jardin se propose comme nouvelle centralité dans le quartier et donne accès à une série d'espaces publics dédiés à la création et au partage culturel. Dans une logique de durabilité sociale, le projet s’adresse particulièrement aux personnes vivant seules, envisageant une manière de vivre ensemble qui permettrait à chaque habitant de préserver sa propre idiorythmie. Ce sujet est abordé à travers quatre stratégies de cohabitation, chacune proposant un équilibre spécifique entre l’appropriation et le partage de l’espace domestique. Le réseau de coursives reliant les blocs sert à la fois de système distributif et de prolongement extérieur des appartements, devenant lieu d’échange et de possibilités. À travers une articulation complexe entre espaces publics, communs et privés, le projet propose une manière constructive de repenser la cohabitation urbaine.
Étude du projet
Frames se compose de quatre blocs distincts, proposant chacun une manière spécifique d’habiter et de partager l’espace domestique. La typologie en studio propose une privatisation importante de l’espace, où la coursive se veut tout de même comme prolongation extérieure de l’espace de jour, articulée autour de l’entrée et de la cuisine. La typologie en duplex propose une variante plus généreuse de ce même type, pouvant accueillir autant des couples que des petites familles. Un troisième bloc accueille une typologie en cluster où le seuil de privacité, toujours articulé, se déplace en proposant un espace de jour partagé par trois habitants. Le quatrième bloc propose ensuite la variante plus radicale, où l’espace privé est réduit à une chambre à coucher et où l’ensemble des espaces de vie sont partagés par six habitants. Dans toutes les typologies, la chambre à coucher représente l’endroit le plus intime. Afin d’en faciliter l’appropriation, le projet propose un système de mobilier fixe intégré. La réduction plus ou moins accentuée des espaces privés est compensée par une une série d’espaces collectifs généreux et accessibles par l’ensemble des habitants, situés à différents niveaux de l’ensemble et caractérisant ainsi ponctuellement l’utilisation des coursives.
Réalisation
Chaque bloc est tenu par une grille structurelle exposée en façade, composée d’éléments préfabriqués en béton armé. Les éléments verticaux servent de structure porteuse alors que les horizontaux complètent la grille, afin d’assurer la rigidité de l’ensemble. Cette grille structurelle assure une certaine rationalité de la façade, en résonnance avec l’héritage urbain de la ville, et permet de régler la variété des espaces propres à chaque bloc.
En revanche, tous les éléments structuraux situés à l’intérieur des blocs sont en bois : des poutres transversales s’étendent entre les deux grandes façades, alors qu’une trame plus fine de poteaux et poutres, perpendiculaires à celles-ci, en réduisent la portée tout en caractérisant l’espace par le marquage des seuils. Des dalles-caissons, portant entre les poutres transversales, viennent finalement compléter cet ensemble.
Le traitement de la façade se partage ensuite en deux types : les façades exposées, tant côté rue que côté jardin, sont protégées par un revêtement en brique, qui fait le remplissage entre les éléments structuraux en béton armé, alors que les façades filtrées par les coursives et donc en lien avec l’accès aux habitations, sont recouvertes par un crépis, dont la teinte rappelle une certaine domesticité tessinoise. Un relief en carrelage vient finalement accompagner le parcours le long des coursives, protégeant la façade et évoquant le fameux muret d’enceinte de la ville.
Particularités
Projet Next Generation soumis pour l'Arc Award 2023 par Mathias Helfenstein, Ecole Polytechnique Fédéral Lausanne (EPFL)