Immeubles d'habitation Libellenweg

Contexte
Quatre maîtres d'ouvrage aux racines locales et aux idées différentes se sont associés pour développer deux immeubles d'habitation sur des parcelles voisines, avec une idée conceptuelle commune. Lamprecht Villa Architecture a conçu deux bâtiments indépendants, mais structurellement proches, dans le respect de la granularité de l'environnement, avec des vues et des perspectives variées et un espace extérieur commun. On a recherché une structure à la fois forte et flexible, qui traverse les deux bâtiments et peut être utilisée de différentes manières. Des plafonds, des poutres et des poteaux élancés forment une grille spatiale tridimensionnelle qui structure l'ensemble du bâtiment. Différents plans sont tissés dans cette structure: il en résulte une grande variété d'appartements avec un nombre de pièces différent et des orientations changeantes. Comme tous les murs sont construits en construction légère, les appartements peuvent être facilement adaptés à de nouveaux besoins: Une nouvelle cloison légère est rapidement montée et une autre pièce est créée pour l'enfant supplémentaire, le nouveau colocataire ou le poste de travail nécessaire.

Urbanisme
Dans les années 1930, le lotissement Libellenweg a été construit au sud d'Altstetten avec une douzaine de maisons ponctuelles similaires. Les maisons à deux étages, crépies et coiffées d'un toit en croupe, sont assises au milieu de leurs parcelles et délimitent un quadrilatère rectangulaire entouré de terres agricoles. Après l'incorporation d'Altstetten, le quartier a été aménagé en cité-jardin et construit avec des rangées de maisons en série, le lotissement Libellenweg subsistant comme une sorte d'île. En 2016, un nouveau règlement de construction et de zone est entré en vigueur, autorisant sur les parcelles une utilisation accrue avec quatre étages réglementaires. Cela a déclenché un processus de transformation dans le cadre duquel les maisons d'origine ont été successivement remplacées, tout en préservant les qualités des maisons ponctuelles avec leurs jardins environnants et leurs multiples perspectives. Dans la foulée, les deux nouveaux immeubles d'habitation numéro 2 et 4 ont été construits sur les parcelles voisines du Libellenweg.

Flexibilité et permanence
Pour chaque étage, les deux maisons sont divisées par les poteaux et les poutres en neuf travées, dont deux sont utilisées pour la desserte verticale. Les sept travées restantes sont destinées à l'habitat: La travée centrale sert à chaque fois d'entrée et de surface de distribution, une travée est utilisée pour les salles d'eau et une autre pour la cuisine qui, selon la disposition, est suffisamment grande pour fonctionner comme une cuisine-salle à manger. Les quatre autres cases peuvent être utilisées, selon les besoins, pour vivre, travailler, dormir, manger, comme espace de jeu pour les enfants ou comme chambre d'amis. L'installation ou la suppression de cloisons qui n'ont pas de fonction statique permet ainsi de répondre à différents besoins en matière d'habitat. Grâce à cette installation de base générique au moyen d'une structure porteuse solide mais simple, les appartements peuvent également réagir facilement à l'évolution des besoins au fil du temps. L'objectif était ici la permanence, car les maisons durables sont avant tout celles qui résistent au temps et ne perdent rien de leur valeur d'usage.

Architecture
La structure peut être vécue à l'intérieur, les poteaux et les poutres sont dégagés. La façade suspendue en bois enveloppe la grille de l'espace comme une peau, et les fenêtres qui s'ouvrent à l'extérieur forment des corniches profondes à l'intérieur, qui peuvent être utilisées comme des meubles.
La structure intérieure se dessine également à l'extérieur: La façade est basée sur une grille sur laquelle s'alignent les piliers, les fenêtres et les éléments muraux. Les poteaux d'angle s'écartent d'une case de la trame, ce qui permet de créer des fenêtres d'angle vitrées qui offrent une large vue sur le quartier et créent un sentiment d'espace malgré le peu de place disponible. Deux allèges périphériques divisent le bâtiment en deux parties et donnent à la façade une nouvelle échelle qui crée un lien avec les maisons existantes à deux étages. Les encorbellements et les balcons, disposés selon une composition libre, confèrent aux bâtiments une légèreté et un caractère ludique, et aux appartements des points de vue supplémentaires.

Société
Les deux bâtiments perpétuent l'idée de base du lotissement d'origine, à savoir proposer un habitat en pleine nature avec beaucoup de lumière, d'air et de soleil. Malgré l'augmentation de l'utilisation, il reste possible de vivre entre des jardins luxuriants. Des appartements de 3 et 4 pièces de tailles différentes, des studios ainsi qu'un duplex offrent des espaces de vie adaptés aux différents besoins et modes de vie. Les familles petites et moyennes, les couples, les retraités et les communautés d'habitation trouvent des espaces de vie adaptés grâce aux différentes formulations des plans. La structure flexible de l'appartement permet en outre de réagir à l'évolution des besoins en supprimant ou en ajoutant des cloisons à tout moment.
Les habitants doivent former une communauté enrichissante et échanger avec le quartier environnant. Ils s'occupent eux-mêmes de l'entretien du jardin, de sorte que la place commune devient un lieu communautaire stimulant, où des rencontres spontanées et des fêtes estivales peuvent avoir lieu.

Espace ouvert
Les terrains sont entourés de murs dans la tradition du lotissement d'origine, ce qui permet d'absorber les différences de niveau. Depuis le Libellenweg, on accède aux entrées des maisons respectives par des chemins d'accès séparés avec des places de stationnement pour vélos ouvertes. Entre les deux maisons, une place commune avec du mobilier fixe est à la disposition des habitants. L'accès au garage souterrain se fait par la maison du bas, ce qui permet de minimiser les trajets en voiture au Libellenweg. Les deux parcelles sont entourées d'un jardin commun. Des surfaces sinueuses composées d'arbustes sauvages à croissance élevée, de causses et de pavages alternent. Différentes espèces d'arbres indigènes s'élèvent au-dessus des arbustes sauvages semblables à des prairies et créent ensemble une atmosphère sereine par leurs couleurs et leurs fruits. Malgré son étendue limitée, le jardin contribue à renforcer la biodiversité et devient un habitat pour les oiseaux et les insectes.

Développement durable
La structure porteuse minimisée et la construction de la façade en bois permettent d'économiser une part considérable d'énergie grise. Les fenêtres généreuses permettent une utilisation optimale de la lumière du jour, l'ombrage extérieur empêchant toute surchauffe en été. La production de chaleur est assurée par des sondes géothermiques et diffusée par un système de chauffage au sol à basse température de départ. Sur le toit, des modules photovoltaïques fournissent de l'électricité pour les besoins propres.
La construction compacte et le monte-charge intégré au bâtiment permettent de transformer pratiquement tout l'espace extérieur en jardin. Le jardin de plantes vivaces et les arbres indigènes favorisent la biodiversité et améliorent le microclimat. Le toit est végétalisé de manière extensive et tous les revêtements sont drainants, ce qui empêche le dessèchement. Les pergolas sur le toit transforment en outre les terrasses en jardins sur le toit en été.

Le projet de Lamprecht Villa Architektur a été soumis pour le Swiss Arc Award 2025 et publié par Elisa Schreiner. La version française a été revue par Dane Tritz.