Maison de l'enfance et de l'adolescence

Onze services de psychiatrie sont réunis dans un projet novateur conçu comme une grande maison qui s'intègre dans la ville et allie soin et culture. Une architecture qui humanise le soin par une attention particulière aux matériaux, à la lumière et au son, cherchant équilibre et échelle humaine.

Situation initiale

Le projet a été initié par la vision humaniste du professeur Ansermet: construire une grande maison centrée autour de la psychiatrie de l’enfance, déstigmatisée par ses liens avec la culture et la cité. Le projet s’est ainsi construit autour d’un partenariat public-privé avec concours d’architecture et processus participatif des onze services concernés lors de chaque phase. Durant le concours artistique, une démarche inclusive avec les futurs utilisateurs s’est avérée pertinente et constructive.

Ébauche du projet

Basé sur une ambition de grande durabilité, la MEA propose une vision novatrice du rapport au soin centrée autour de la déstigmatisation de la psychiatrie. Lieu de soins, d'enseignement et de recherche, il est une passerelle entre le monde médical et les domaines culturel, scolaire et scientifique pour favoriser l’interdisciplinarité et les relations avec le monde extérieur. Ouvert au grand public, il est lien avec la ville, le sport et la culture (théâtre, danse, musique, radio, cinéma).

Étude du projet

Le bâtiment s’articule avec le lieu, pour le lieu. Il accueille le parc, défini une esplanade d’entrée pour le site hospitalier et marque son lien avec le quartier en s’alignant avec l’école. Les façades poursuivent la tectonique des immeubles de logements voisins et les agrégats des pilastres sablés reprennent les couleurs des pierres et joints de l’école. De l’intérieur, les couloirs alternés offrent une grande diversité de perspectives sur le quartier, pour des regards croisés, insoupçonnés. Le projet valorise l’image hospitalière par la prise en compte de l’humain au centre du projet avec un travail sur l’échelle et les espaces de transitions; de la ville à l’intime. Arcade d’entrée, cabane creusée dans le béton, chimères incrustées dans le terrazzo, niches des chambres ou tablettes devant les fenêtres, le projet multiplie les éléments d’appropriation positive. La valeur sociale de la déstigmatisation induit une inclusivité au cœur du lieu, carrefour entre la ville et l’hôpital. La façade, rythmée, alterne éléments pleins, vitrés et ouvrants à l’image d’une bibliothèque dans la ville. Elle reflète la diversité par une architecture sereine et chaleureuse qui par sa matérialité se fond dans son environnement. A l’intérieur, le bois s’exprime, côtoie le béton et se révèle par l’équilibre des couleurs et matériaux. Un projet synonyme d’apaisement et de stabilité, autant au niveau urbain qu’à l’intérieur, pour un lieu ancré dans la ville, ouvert, respectueux, attentionné.

Réalisation

La typologie articulée du plan a permis une intégration cohérente et appropriée de la grande diversité du programme, avec une structure ponctuelle garantissant la bonne flexibilité d’usage. Les propriétés domestiques des nombreux matériaux intérieurs en bois contrastent de manière équilibrée avec les noyaux en béton apparent, procurant la nécessaire stabilité et sérénité au lieu. La volonté de soigner l’acoustique dans les circulations contribue à la délicatesse des parcours intérieurs.
Ce projet est le fruit d’une densification raisonnée en cohérence avec l’évolution du site hospitalier, au cœur de la ville et des mobilités, avec priorisation des mobilités douces. Projet au volume contenu, il est articulé de manière à libérer de vraies zones de pleine terre arborées. Pour la construction, l’usage du béton structurel est optimisé et l’usage du bois pour l’intérieur maximisé. Le projet bénéficie d’une très haute efficacité énergétique à faible impact environnemental.

Particularités

Le projet vise à humaniser le soin en portant une attention particulière aux matériaux, à la lumière et au son, en créant un environnement thérapeutique pour les utilisateurs et visiteurs, par la puissance de la douceur. Résolument métissée entre espace culturel et accueil de soins au rez-de-chaussée, l’ambiance devient domestique dans les étages par le soin apporté au bâtiment comme l’expriment les matériaux ou la pose artisanale du parquet. Il s’agit d’un hôpital dans la ville, pour la ville.