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LIEU – Ce qui est déjà là
Conçus pour une fabrique horlogère à la fin des années 1950, 250 m² de plan libre occupe tout l’étage d’une construction de 4 niveaux. L’espace offre une luminosité propre aux ateliers d’horlogerie, avec une dalle de plafond à 3,85 m et de larges vitrages s’élançant presque aussi haut. Durant la période où les locaux étaient inoccupés, des travaux de stabilisation parasismique ont fait apparaître de larges éléments monolithiques en béton dans l’espace. Les locaux, traversants, donnent sur deux atmosphères opposées: d’un côté, l’avenue Léopold-Robert et son trafic, ses fêtes, ses tours, le soleil de fin de journée et ses lumières artificielles le soir. De l’autre, une cour intérieure aménagée de bambous, le silence, le volume de la célèbre salle de musique et sa fresque bleue.

PÉRENNISATION – Ce qui doit être conservé et renforcé (NOIR)
Les qualités existantes suivantes seront renforcées et mise en valeur: dalles, murs et colonnes en béton brut. Hauteur sous plafond. Fenêtres en aluminium. Radiateurs fins et bien intégrés. Chape ciment. Espace traversant profitant de la lumière du matin et de la fin de journée.

DÉCONSTRUCTION – Ce qui n’a plus lieu d’être et doit disparaître (JAUNE)
Les éléments suivants seront déconstruits: reste de moquette, locaux exigus en brique, crépi sur les colonnes en béton.

CRÉATION – Ce qui manque et doit être ajouté (ROUGE)
Un horizon à 2,40 m marque le début des vitrages et la fin des parties pleines. Seule la porte de la salle de conférence s'étire jusqu'au plafond, répondant par sa pleine hauteur à la lame de béton. Cette ouverture laisse une grande quantité de lumière naturelle illuminer le hall d’entrée et permet une vue transversale de la salle de pause à l’avenue Léopold-Robert. Là, on aperçoit la tour Espacité, symbole de la ville tout en hauteur. Les plafonds répondent de façon différenciée aux deux secteurs d’activités: revêtement phono-absorbant pour un confort acoustique maximum dans les parties communes et fiduciaire, dalle brute pour l'atelier d’architecture. Le béton est montré dans sa couleur et sa texture naturelle, avec ses défauts, les traces et les dessins qui ont participé à sa réalisation. Une façon de localiser cette rénovation par rapport aux interventions passées et futures et d’évoquer avec douceur l’impermanence des choses.

La réflexion à la base de ce projet est comment partager un maximum de ressources, qu'elles soient spatiales (lumière, volume), programmatiques (salle de réunion, sanitaires, salle de pause), électroménagères (machine à café, frigo, micro-onde, etc.) tout en réunissant les conditions nécessaires à l'identification claire et au quotidien de deux entreprises distinctes.

Le projet de Marginalia a été soumis au Swiss Arc Award 2025 et publié par Jeannine Bürgi. La version française a été revue par Dane Tritz.