Rénovation et extension de la résidence secondaire LIH

La résidence secondaire située à la périphérie d'Ascona se trouve dans un quartier proche du lac et se caractérise par des habitations indépendantes entourées de vastes espaces verts. À l'origine, il s'agissait d'une maison individuelle à deux étages avec une annexe à un étage qui servait d'entrepôt et de parking. L'une des particularités inconfortables de l'ancien bâtiment était que les deux étages n'étaient pas reliés en interne, de sorte qu'il fallait toujours aller à l'extérieur pour passer d'un niveau à l'autre.
L'atelier Rampazzi a réorganisé les espaces d'habitation, élargi le volume de la construction et fragmenté les corps architecturaux afin de rendre leur origine et leur fonction clairement reconnaissables. Côté rue, le bâtiment d'habitation a été agrandi de deux étages, tandis qu'une aile secondaire parallèle d'un étage a été construite. Ces deux nouveaux corps de bâtiment créent un accès représentatif et assurent une meilleure séparation entre le jardin privé et la voie publique. Les murs extérieurs d'origine ont été conservés comme souvenir visible de l'ancien bâtiment.
Les espaces extérieurs ont été débarrassés des dépendances délabrées et de la végétation qui s'est développée de manière incontrôlée. Le jardin a été réaménagé, y compris une nouvelle terrasse, légèrement surélevée, qui relie la maison d'habitation à l'annexe. La terrasse s'étend vers le sud et abrite la nouvelle piscine, créant ainsi des espaces extérieurs polyvalents.
L'organisation spatiale est basée sur le principe de l'urbanisme romain avec deux axes principaux: l'axe est-ouest Decumanus relie la maison d'habitation à la rue et sert d'entrée principale. Un mur en acier Corten décoré contraste ici avec le béton apparent, tandis qu'une lucarne accentue la zone d'entrée. Un pavage continu en cubes de granit renforce la fluidité du parcours. L'axe sud-nord Cardo relie le jardin privé à l'atrium d'entrée et constitue l'accès interne à la maison. Il fait office d'élément de liaison central entre la nature et l'architecture, entre l'ancien bâtiment et la nouvelle extension.
Le rez-de-chaussée se caractérise par une fragmentation des corps de bâtiment et un décalage ciblé de leur orientation. Il en résulte différentes perspectives qui rappellent les noyaux villageois étroits et confèrent à l'espace une qualité particulière. Les retraits et les débords de toit guident intuitivement les visiteurs vers les entrées et créent différentes qualités d'espace – des espaces de retraite intimes ou des zones ouvertes et exposées. Cette conception consciente des corps de bâtiment crée un cheminement étroit mais harmonieux, sans espaces intermédiaires inutilisés ou sans valeur.
Les espaces intérieurs suivent une structure classique: l'espace de vie au rez-de-chaussée, l'espace de sommeil à l'étage. Au centre de la maison se trouve une zone de circulation verticale avec un espace aérien sur deux étages qui relie visuellement les niveaux et assure une lumière zénithale dans l'espace de vie. C'est également là que se trouve une cheminée à fleur de sol, dont le revêtement sombre en acier corten crée une ligne horizontale et forme ainsi un contraste saisissant avec l'ouverture verticale de l'espace de respiration.
La façade est revêtue de grandes plaques d'acier corten de différentes largeurs, laissées brutes. Des bandes décoratives horizontales interrompent cette surface fermée: la bande centrale regroupe les volumes du rez-de-chaussée, tandis que la bande supérieure sert de finition au bâtiment. Le processus naturel de vieillissement de l'acier corten modifie l'apparence de la maison au fil des ans. Ce choix de matériau souligne le concept d'un bâtiment modulable qui s'intègre harmonieusement dans un environnement hétérogène.
De loin, la façade semble homogène, mais de près, les détails industriels finement travaillés se révèlent. L'évolution continue de la surface – que ce soit au fil des années ou au cours d'une seule journée en raison des différentes conditions météorologiques – renforce l'interdépendance entre l'architecture et la nature. La texture rugueuse et mate de l'acier fait disparaître le bâtiment dans l'ombre des cimes des arbres et des écorces.
Le choix délibéré du matériau a également permis de créer un lien subtil avec le bâtiment voisin, Casa Rondinella. Les deux maisons parlent un langage architectural similaire, reconnaissable aux éléments en béton apparent à l'extérieur ainsi qu'aux tons foncés des cadres de fenêtres et des éléments de protection solaire.

Le projet de  Atelier Rampazzi a été soumis pour le Swiss Arc Award 2025 et publié par Elisa Schreiner. La version française a été revue par Dane Tritz.