Surélévation d'un immeuble municipal

Contrairement à la structure classique en îlots fermés du quartier d’Aussersihl, le nord de la Feldstrasse s’est développé au XIXe siècle selon une logique de rues en impasse ponctuées de bâtiments isolés. En 1894, le commerçant J. Gamper y fait construire un bâtiment en bande symétrique, Gamperstrasse 7–11. Aujourd’hui, la plupart de ces constructions ont disparu au profit des voies ferrées ou de nouvelles constructions. Avec le prolongement prévu de la Lagerstrasse, la maison traitée ici pourrait subsister comme bâtiment ponctuel en bordure des rails.

Son extension réagit de manière précise à cette situation urbaine en mutation. Le volume reprend et transforme les logiques spatiales des façades rue et cour à travers des jeux subtils de symétrie et de proportions. La composition du bâtiment existant inspire une grammaire constructive adaptée aux conditions actuelles, où chaque élément, simple et pragmatique, trouve sa place dans un dialogue avec le langage ornemental d’origine. Sur cette base, la surélévation s’intègre comme une continuation cohérente du bâti. La nouvelle construction, en bois massif et panneaux porteurs, s’adapte précisément au bâtiment existant, jusque dans les fondations. La façade en bois et acier recyclé entre en résonance avec le contexte urbain et les toitures environnantes. Deux duplex de cinq pièces complètent les appartements d’origine, avec des espaces compacts mais complexes, offrant des relations spatiales diagonales et verticales inattendues. Chaque pièce bénéficie d’une qualité d’usage propre – niches, hauteurs généreuses ou liens extérieurs différenciés – répondant aux besoins contemporains de flexibilité. Le refus de grandes surfaces ouvertes au profit de chambres spatiales clairement définies permet une utilisation riche et efficace de l’espace. Cette approche incarne une valorisation consciente de la densité urbaine. Tous les détails – portes, cuisines, salles de bain – ont été conçus sur mesure, dans une logique de durabilité, de simplicité matérielle et de réparabilité.

Le projet de Baukombinat a été soumis dans le cadre du Swiss Arc Award 2025 et publié par Nina Farhumand. La version française a été revue par Dane Tritz.