Tour des fours
,
Suisse
Publié le 25 janvier 2022
Boltshauser Architekten AG
Participation au Swiss Arc Award 2022
Données du projet
Données de base
Données du bâtiment selon SIA 416
Description
Une tour de près de neuf mètres de haut avec une grande plateforme panoramique a été construite sur le site du musée des tuileries de Cham. Une salle d'exposition et un four de cuisson sont également intégrés dans la construction en terre battue. Le projet est basé sur une conception des étudiants de l'atelier Boltshauser.
Situation initiale
La tuilerie de Cham, aujourd'hui exploitée par le Musée de la tuilerie, est la seule tuilerie manuelle conservée intacte en Suisse alémanique. L'ensemble protégé comprend une tuilerie en bois pour le séchage, un four de cuisson qui ne peut toutefois plus être exploité, le biotope de la glaisière historique, une maison d'habitation avec son jardin ainsi qu'un musée qui remplace une grange incendiée. En 2017, des étudiants de l'université de technologie de Munich se sont attelés à la tâche de concevoir une nouvelle tour de four sur le site: Un de ces projets a été développé et construit.
Ébauche du projet
Le matériau de construction de la tour du four montre l'argile sous sa forme non cuite et démontre la construction archaïque en terre battue dans un développement contemporain. La nouvelle tour permet aux visiteurs d'avoir une vue d'ensemble du site depuis la plate-forme panoramique d'environ huit mètres de haut. Grâce à son nouveau four, la tour permet au musée des tuileries de cuire à nouveau des briques. En outre, un espace sera créé pour exposer d'autres objets du musée.
La salle d'exposition et le four qui s'y rattache ont un plafond en bois massif. Son caractère est marqué par la présence de l'argile et la monumentalité du mur du four qui le termine. Les fentes de lumière des joints ouverts, devant lesquels passe la précontrainte, permettent de percevoir toute la massivité des murs en argile, qui contraste avec la finesse des tirants. De simples cadres en acier peuvent être fixés sur ces dernières pour maintenir les panneaux d'exposition ou les objets exposés. Un escalier en colimaçon en acier permet d'accéder à la plateforme d'observation sur le toit.
Étude du projet
Le travail de semestre de Regina Pötzinger et Robert Gentner a constitué la base du projet actuel. La structure précontrainte en argile et en bois se réfère directement au mock-up réalisé dans la Sitterwerk et est le premier bâtiment précontraint en argile au monde.
La construction avec des éléments en argile est aujourd'hui bien établie en Suisse. Toutefois, les joints entre les blocs, dont la taille dépend des conditions de transport et de montage, sont habituellement fermés ultérieurement par un travail manuel complexe, de sorte que les traces des différents éléments disparaissent. A Cham, ceux-ci deviennent le sujet d'une architecture expérimentale qui cherche à augmenter l'efficacité du processus de construction et la stabilité par des innovations constructives.
La première innovation réside dans la précontrainte déjà mentionnée, qui permet au système de résister aux charges sismiques, l'argile, qui ne résiste qu'à la compression, et l'acier, qui résiste à la traction, se complétant parfaitement. La deuxième innovation réside dans l'intégration des plaques de base en bois des éléments dans la construction du mur. Sur le chantier, une branche d'intempérie est montée sur les plaques pour protéger l'argile du lessivage et illustrer le principe de l'assemblage.
Réalisation
La tour est composée d'éléments en argile qui ont été produits en 2019 dans le cadre d'un cours d'été de l'ETH de Zurich sur le site d'une ancienne cimenterie à Brunnen. A cette occasion, une trentaine d'étudiants de l'ETH, de l'Université technique de Munich et d'autres hautes écoles suisses et étrangères ont acquis une expérience pratique de la construction en pisé sous la direction de Lehmag AG.
Contrairement au prototype du Sitterwerk, les barres de tension de la tour du four sont placées des deux côtés devant le mur. Cela renforce la force d'expression de la précontrainte et rend les têtes de serrage plus accessibles. Un ancrage circulaire en bois, relié aux poutres du toit pour former une plaque rigide, assure une transmission régulière de la force de tension dans les éléments du mur. En bas, les tirants sont ancrés directement dans le socle en béton préfabriqué, qui protège l'argile des éclaboussures extérieures.
Particularités
L'obligation de démonter entièrement la tour au bout de dix ans a été l'occasion d'explorer le potentiel de recyclage de l'argile. Le système de précontrainte installé séparément se détache facilement, ce qui permet de démonter facilement les éléments. Un recyclage de blocs d'argile serait judicieux au vu du travail investi. Il est facilité par les joints ouverts et les plaques de base correspondantes, ainsi que par l'autonomie des blocs, qui se manifeste notamment dans leurs angles renforcés. Le matériau de construction lui-même fait déjà partie de l'économie circulaire, puisque les déchets de construction ont été recyclés en tant que composant du mélange d'argile.
L'accompagnement scientifique du projet expérimental contribue à ouvrir de nouvelles possibilités à ce matériau de construction qui n'est encore qu'à l'état d'ébauche. Plus de 60 millions de tonnes de glaise et d'argile sont excavées chaque année en Suisse et mises en décharge, généralement sans être utilisées, pour combler des gravières. Si l'on parvient à trouver de nouvelles applications pour cette ressource en friche, il sera possible d'apporter une contribution importante à la substitution des matériaux de construction produits à grands frais comme le béton et la brique. Par rapport aux méthodes de construction conventionnelles, il serait ainsi possible d'économiser jusqu'à 40 pour cent d'énergie grise lors de la construction d'un nouveau bâtiment.