Transformation d'un appartement à la Felsenstrasse

L'immeuble d'habitation de la Felsenstrasse 18/20 a été construit en 1899 par les architectes Scheier et Dürtscher. En raison de sa situation particulière, de son bon état de conservation et à titre représentatif d'autres bâtiments du même bureau d'architectes à la Felsenstrasse, il est aujourd'hui digne de protection.

«A l'époque de sa construction, cet immeuble d'habitation sobre de l'historicisme éclectique était considéré comme trop dépourvu de décoration et a donc fait l'objet de critiques publiques, auxquelles l'architecte Scheier a répondu dans le St.Galler Tagblatt en avançant des arguments d'objectivité et de fonctionnalité. Toit en croupe, deux pignons aveugles sur la façade sud. Sous le chéneau, une façade propre et régulière, de grandes fenêtres individuelles avec des murs en grès et des arcs aveugles en briques apparentes. Balcons ajoutés presque exotiques sur le côté nord. Les tourelles au niveau du toit semblent posées et doivent probablement tenir compte de la situation urbanistique particulière». Extrait de l’inventaire de protection des monuments historiques et archéologiques du canton de Saint-Gall. La transformation de l’appartement au rez-de-chaussée s’est elle aussi orientée vers les principes de sobriété et de fonctionnalité – fidèle à l’esprit architectural d’origine.

Les interventions nécessaires ont parfois été radicales. Des habillages superflus ont été retirés, les anciens sols mis à nu. Le plan des pièces de taille égale côté nord-est a été transformé pour créer une grande cuisine ouverte avec coin repas et vue sur le monastère de Saint-Gall. Déplacée depuis le versant ombragé, la cuisine occupe désormais le cœur de l’appartement. Des volumes fragmentés en acier inoxydable et en bois composent une cuisine atypique et fonctionnelle, où les appareils électroménagers, dissimulés à première vue, assurent une utilisation fluide. Pour alléger leur présence dans le bâti ancien, les meubles reposent sur des pieds réglables en acier. Leurs couleurs s’intègrent avec audace dans l’existant : face au poêle en faïence gris turquoise, une armoire vieux rose crée un contraste vibrant. Les surfaces en inox, rappelant les cuisines professionnelles, reflètent l’espace et évoquent, en dialogue avec la collection d’art des propriétaires, une diversité de cultures cosmopolites. L’entrée a été repensée comme espace de lavage central avec lavabo, pour activer le couloir et soulager la petite salle de bains. Les anciens éléments sanitaires ont été réutilisés, et le mur derrière le lavabo complété avec des carreaux de récupération. Dans la salle de bains aussi, des meubles intégrés offrent un rangement pratique pour les objets du quotidien.

Le projet de STUDIO ROMANO TIEDJE a été soumis dans le cadre du Swiss Arc Award 2025 et publié par Nina Farhumand. La version française a été revue par Dane Tritz.