Steib Gmür Geschwentner Kyburz Partner – un équilibre entre individualité et communauté
Avec la construction récente des Tiny Homes de Zollikerberg, Steib Gmür Geschwentner Kyburz ont pu mettre mettre en œuvre leurs connaissances et démontrer leur savoir-faire en matière de nouveaux types de logements compacts mais confortables et offrant néanmoins une spatialité généreuse. Pièces en double hauteur, espaces extérieurs variés et géométrie partiellement orthogonale sont les bases d’une petit quartier offrant une très grande diversité de logements et dont se dégage une atmosphère vacancière.

Pour que les petits appartements paraissent plus grands, chacun dispose d’un grand espace extérieur. Dans la mesure du possible, les appartements ont été reliés au hall souterrain existant par des escaliers. | Photo: Roger Frei
Les Tiny Houses sont tellement en vogue que l’on oublie souvent qu’elles font à peine mieux que les maisons individuelles en termes de consommation de terrain, d’infrastructure et d’aménagements extérieurs. Le concept est bien plus probant lorsqu’elles sont assemblées les unes contre les autres et développées en hauteur, au risque de devenir des bâtiments de studios sommes toutes classiques et aux limites bien connues. Les studios, ou plus justement Tiny Flats, ne jouissent généralement pas d’un accès extérieur direct et peuvent ainsi rapidement donner un sentiment d’étroitesse. Il faut également tenir compte du fait que les célibataires, qui représentent le plus grand groupe de locataires en Suisse, occupent en moyenne une surface habitable d’environ 80 mètres carrés, soit au moins deux fois plus que les personnes cohabitant avec plusieurs personnes, en ménage ou sous d’autres formes. Comment améliorer cette situation, alors que les petits logements constituent un moyen de lutte contre la pénurie du logement et la consommation de terrain? Un défi taillé sur mesure pour la créativité architecturale.
Au-delà des aspects pragmatiques en faveur d’une réduction de la consommation des surfaces habitables, les petits logements de 25 à 60 mètres carrés sont un investissement immobilier intéressant offrant une meilleure rentabilité et se démarquant du secteur problématique des meublés ou des Airbnb. Ils répondent en plus aux besoins de jeunes adultes en quête d’un premier logement, aux expatrié·e·s ou aux personnes âgées désireuses d’habiter dans un espace plus réduit. Pour toutes ces raisons, les petites unités disposant d’installations intégrées et de rangements multifonctionnels, comme c’est le cas d’une Tiny House, sont particulièrement recherchées. Construit en 2016 à Opfikon dans le Glattpark, le bâtiment MIN MAX conçu par les architectes du bureau EMI posait les bases de ce trend à Zurich. L’ensemble propose différents types de petits logements d’environ 40 mètres carrés chacun, accessibles depuis l’extérieur par des coursives côté cour. Et EMI a poursuivi dans cette voie avec la construction, à Zurich en 2022, de la Maison Performative: une version améliorée des Tiny Flats grâce à sa modularité spatiale, des plans organisés en éventail, des parois pivotantes et des podiums intégrant de grands rangements.

Rez-de-chaussée | Plan: Steib Gmür Geschwentner Kyburz Partner
Un espace ouvert aux innovations
Ces deux bâtiments répondaient à des commandes de Uto Real Estate Management AG (Utorem), un investisseur immobilier connu dans le monde architectural pour l’organisation de concours encourageant le développement de «solutions de logement ménageant les ressources pour le segment croissant des ménages d’une seule personne» – et profitables en termes de rendement financier. Acquise en 2017 par Utorem, la parcelle de 3800 mètres carrés qui nous intéresse est située à l’ouest de Zollikerberg – commune limitrophe de Zurich – à proximité de l’arrêt de S-Bahn Waldburg, entre la Forchstrasse et la lisière de la forêt.

Vue de la cour intérieure des Tiny Homes. | Photo: Patrick Gmür
Utorem avait prévu d’y construire de petits appartements d’une surface habitable moyenne inférieure à 54 mètres carrés et offrant un maximum d’intimité. L’offre devait s’adresser à des nomades professionnels, seul-es ou en couple, mais aussi à des personnes âgées. Déjà existant et occupant une majeure partie de la parcelle, le parking souterrain et ses cinq mètres de hauteur devait être conservé pour des raisons à la fois économiques et environnementales. Et c’est un bureau zurichois, Steib Gmür Geschwentner Kyburz, qui remportait le concours organisé par Utorem. Habitué à travailler dans différentes constellations, SGGK s’est fait un nom avec des immeubles de logement aux façades toutes plus originales les unes que les autres, et aux plans aussi innovants que conviviaux. Trois réalisations zurichoises méritent d’être à ce stade citées: construit en 2016, l’immeuble d’habitation à la Paul-Clairmont-Strasse, caractérisé par une spectaculaire façade de balcons; la tour Hardturm-Park, ensuite, avec ses fenêtres en bandeau dansant construite en 2013, et pour finir, l’ensemble Binz 111, construit en 2018 pour les étudiant·e·s et employé·e·s de l’hôpital universitaire, dont les couleurs et les arcades surdimensionnées révèlent des influences milanaises. L’aspect dynamique de ces bâtiments, déjà, laisse présager d’appartements et de plans très variés. À titre d’exemple, l’immeuble Binz 111 dispose de 40 vastes clusters de colocation et de 272 studios d’environ 25 mètres carrés et tous équipés de kitchenettes, salles de bains, niches et fenêtres à la française élargissant leur spatialité intérieure.
Petits logements et urbanisme
Abordant le concours d’Utorem avec l’expérience du logement de petite taille, SGGK y a vu un terrain d’expérimentation idéal pour leur quête d’un petit logement adapté à la vie quotidienne, confortable et offrant un «sentiment d’habitat maximal». L’agencement habile de Tiny Homes très différents les uns des autres a permis aux architectes de placer 38 unités à deux étages et un atelier sur un terrain qui, dans le cadre d’une utilisation traditionnelle, pouvait accueillir environ six maisons individuelles ou deux petits immeubles collectifs. Les unités sont réparties entre quatre volumes différents: deux parallélépipèdes, un prisme triangulaire plat et un long corps de bâtiment affirmant la présence de l’ensemble sur la Forchstrasse à la manière d’un mur. Cette organisation permettait aux architectes de respecter l’échelle du tissu bâti environnant, tout en introduisant l’idée de structure villageoise pour organiser l’ensemble et ses petits logements.

Le toit offre un bel espace aux appartements de l'étage supérieur. | Photo: Roger Frei
Simplicité et diversité
On devine la richesse spatiale des logements à la lecture des toitures sculpturales, des lucarnes losangées et des terrasses découpées dans la masse. On accède aux différents logements par trois escaliers et deux passerelles enjambant la ruelle principale. Coiffé d’une toiture à pan unique légèrement incliné, le bâtiment allongé au nord de la rue principale abrite des logements à un étage. Leurs cuisines et séjours sont placées en pignon et éclairées par des lucarnes et des fenêtres sur rue. Des chambres profitant du calme de la ruelle centrale complètent le programme spatial. Elles sont accessibles de l’extérieur par des passerelles et des balcons murés qui ressemblent à des patios. Placés aux étages supérieurs des trois autres volumes, six duplex relativement grands – environ 70 mètres carrés de surface habitable chacun – surprennent par une diversité d’aménagement encore plus grande, fruit d’un jeu de lumière et d’espace orchestré par des escaliers, des angles de cloisons saillants, des plafonds pliés et des pièces imbriquées ou croisées en diagonale.

Au deuxième étage, les espaces s’élargissent vers le haut de multiples façons grâce à un paysage de toit différencié. | Foto: Roger Frei

Photo: Boris Haberthür
Le texte a été écrit par Roman Hollenstein pour le Swiss Arc Mag 2025–3/4 et traduit en français par François Esquivié.
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