La Sardana, chorégraphie domestique pour le quartier de Poblenou

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08019 Barcelone,
Espagne

Publié le 31 mars 2022
 
Participation au Swiss Arc Award 2022

Zoom et usages domestiques Zoom, porte-morte Paso doble, typologie sud - studio duplex Paso doble, typologie sud Corrida, typologie est-ouest Corrida, typologie est-ouest - studio et bande active Dramatica, typologie nord A-typica, typologie de couronnement - loft sans usages Facade sud avec coursive Facade est-ouest, doubles hauteurs sur le jardin Facade est-ouest, espace collectif en cascade Colonne-meurtrière, vision d'une ville en déconstruction et reconstruction Le chanfrein et le seuil des communs Dramatica, facade nord Dramatica, façade chorégraphique

Données du projet

Données de base

Projekttyp
Projets d'étudiant·e·s
Achèvement
07.2021
Liens

Données du bâtiment selon SIA 416

Étages
de 6 à 10 étages

Description

Le projet de logement présenté par l'étudiant de l'EPFL Harry Waknine imaginé à Barcelone et se confrontant aux thématiques environnementales, climatiques, de logement et de spéculation qui modèlent une ville qui se distancie progressivement des idéaux d'Ildefonso Cerda et qui, aujourd'hui, échappe de plus en plus à ses habitantes.

Situation initiale

La Sardana, danse traditionnelle catalane vient donner son nom au projet pour faire écho au titre de mon mémoire: Le couloir et la chorégraphie des usages. Celui-ci s'intéresse à la manière dont les architectes chorégraphient les usages des habitant.e.s au sein de l'espace domestique à travers les organes de circulation. Le texte s'intéresse au manque de flexibilité que le couloir a historiquement initié, et comment habiter la circulation (ex.: hall), donc ne plus créer d'espaces uniquement dédiés au mouvement, permet une diversification des usages pour l'imprévisible ménage contemporain.

Ébauche du projet

Suite à mon séjour de deux ans à Barcelone, je souhaitais soulever la perte du modèle de ville verte d'Ildefonso Cerda avec une Barcelone, aujourd'hui, surdensifiée, en crise de logement, décorée d'une végétation ubiquitaire, mais asphyxiée et dont les sols continuent d'être imperméabilisés.
Poblenou reste le dernier quartier spatialement capable de construire du logement, tout en prenant soin d'y ajouter des espaces verts appropriables, écologiques et productifs. Cependant, Barcelone a toujours l'ambition d'en faire un quartier high-tech, le 22@, gentrifiant la zone depuis 20 ans et étouffant financièrement et spatialement les habitantess.
La Sardana, en s'implantant sur une contre grille, selon l'interprétation de Cerda par Manuel de Solà-Morales, s'oppose à un projet urbain de corridor vert ayant pour objectif l’augmentation de la valeur foncière des parcelles voisines, attractives aux investisseurs étrangers. Conformément à cela, aucun projet de logement n'est prévu le long de cet axe, uniquement des sièges de multinationales, des bureaux et des hôtels.
A l'image d'un hall, le projet vient se placer sur le corridor vert pour le court-circuiter, et rétablir l'isotropie de la grille cerdanienne. Il vient obstruer les quatre parcelles voisines pour empêcher toute densification future et conserver du vert en périphérie comme au centre. De plus, il s'insère au centre d'un futur superblock barcelonais, privilégiant le piéton et la dé-imperméabilisation des sols.

Étude du projet

En structure poteau-poutre préfabriquée en béton, le remplissage et la compartimentation se fait entièrement en bois. Le bois est issu des forêts des montagnes de Collserola, derrière Barcelone, là où la densité des arbres y est beaucoup trop élevée et où les espèces allogènes, à l'image de l'Acacia, asphyxient les racines des arbres indigènes. Les cloisons sont toutes en balloon-frame, où l'on peut trouver des portes-mortes, un détail permettant de retirer un morceau de mur afin de relier des pièces entre elles, permettant aux typologie de s'affranchir de la notion d'appartement (appartare, mettre à part). On ne définit plus des pièces mises à part à l'avance pour un type de ménage, mais on laisse aux habitant.e.s le soin de définir cela. Le manque de logement et de typologies variables poussent les locaux et/ou précaires à quitter la ville. L'usage de la circulation habité et du concept d'évolutivité permet au projet de se confronter à ce problème. Chaque étage est légèrement différent, selon les doubles hauteurs, les coursives en split-level ou les espaces collectifs en cascade, comme si, dans un geste festif, au fil des étages, le bâtiment dansait autour du jardin, réclamant un droit à la ville pour ses habitantes.

Réalisation

Sur un socle relié par quatre colonnes aux angles, quatre barres en structure béton et remplissage bois se posent dessus. Reliées par un chanfrein inversé, la collectivité se déploie sous de nombreux seuils. Différentes selon leur exposition au soleil, les barres sont enveloppées d’une structure métallique absorbant leur irrégularité et ainsi reproduire la volumétrie homogène de l’îlot. Cet échafaudage permet de faire face à la ville, de se protéger du soleil, de laisser passer la circulation et de s’ouvrir sur le jardin. Chaque barre se compose de typologie A, qui articule la circulation, et d'une B, variables. La sud, Paso Doble, par exemple, profite de la double qualité du soleil au sud et du jardin au nord. Ainsi à l'aide d'une coursive protégeant du soleil au sud, la B articule des duplex donnant sur le jardin, et en A des typologies traversantes. Les typologies Corrida, en est-ouest, sont égales en exposition solaire, donc distribuées par une cage d'escalier en B, mais génère des loggia en double hauteur coté jardin en A. Le bâtiment fait face passivement au soleil, contre le réchauffement climatique déjà ressenti au sud de l'Espagne.

Particularités

Un dessin résumant les intentions du projet prend la forme d'un tapis, afin de mettre en avant l'architecture générique, tissée par des exceptions et des considérations liées au site, à son climat et à son environnement. De la trame de la ville au carrelage de la cuisine, le bâtiment se déploie avec un visage homogène, comportant une grande hétérogénéité. Ses couleurs, tout comme celles du bâtiment, sont issues de la Casa Vincens, de Gaudi, à l'origine entourée par un jardin avec une fontaine monumentale. Aujourd'hui, face à la spéculation, ce jardin et cette fontaine n'existent plus, et le bâtiment est aujourd'hui un symbole de l'étouffement de la densification de la ville. Le projet est un clin d'oeil à cette maison pour ses aspects politiques et environnementaux mais aussi pour sa composition chromatique et matérielle.

Projet Next Generation soumis pour l'Arc Award 2022 par: Harry Waknine, EPFL Lausanne

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