Quartier Belle-Terre

Quartier Belle-Terre, pièces urbaines A2 et B, espaces publics et immeubles

Situation initiale

C’est la découverte d’un site exceptionnel — aux horizons lisibles depuis le plateau horizontal issu du retrait glaciaire — qui constitue la première source d’inspiration de ce grand projet. Comment s’adresser à ce panorama ouvert sur les Voirons, le Môle, le Mont-Blanc, les Aravis, le Salève et le Jura?

Ébauche du projet

Profondeur des champs
Cette réalisation fait partie d’une famille de projets qui s’adressent au paysage large, une conception qui privilégie la forme du vide soutenu par le plein, au-delà de l’objet.
Deux thématiques caractérisent les projets: l’une est la recherche d’une relation avec l’au-delà du site, une identité d’un paysage-fond capté au cœur du système; l’autre est la nécessité de se déplacer d’un point à un autre pour percevoir et se repérer, pour comprendre.
La recherche du mouvement par séquences fait partie intégrante de la pensée sur l’espace. La relation à l’horizon lointain et au contexte proche constitue un assemblage d’échelles à même d’offrir des profondeurs de champ nourries de l’identité paysagère des lieux. Une des préoccupations majeures consiste à inviter ou susciter une curiosité à parcourir l’entrelacs des espaces extérieurs et intérieurs par des cheminements multiples.

A la recherche d’une forme urbaine et paysagère — Inversion et pli
Le développement des deux premières pièces urbaines joue un rôle de centralité dans le futur quartier, qui comprendra un jour environ 7000 habitants, planifié par le plan directeur de quartier de 2005. Quelle morphologie envisager pour ces deux pièces urbaines centrales sans continuité avec la ville existante? Les mandats d’étude parallèles d’urbanisme ont représenté une opportunité de proposer une recherche orientée vers une forme hybride qui tire son essence des imaginaires aussi bien urbains que paysagers.

Étude du projet

Les immeubles étirés, pliés, fragmentés en plan et en coupe, définissent un côté place et un côté jardin, à la recherche d’un équilibre entre urbanité et nature. Situés en articulation de ces deux ambiances, des passages sous les immeubles accueillent les entrées des logements. Le projet est conçu comme un ensemble urbain, tant dans son processus que dans sa présence matérielle. Plus que des objets, les bâtiments forment une famille d’immeubles réunis par la minéralité et le thème de l’horizontalité des façades en écho à la topographie du site. La présence du bois dans les rez-de-chaussée caractérise chaleureusement les accès aux logements dont les fenêtres sont toutes en chêne naturel. L’esprit de ces deux premières pièces urbaines, qui accueilleront près de 1500 habitants, n’est pas sans rappeler l’unité de la ville du 19e siècle.

Réalisation

Le postulat de former un ensemble urbain, avec des valeurs partagées, réside en premier lieu dans la qualité du processus de conception qui va au-delà de l’assemblage volumétrique des immeubles.
La recherche d’unité et de variation de la matérialité pour le quartier s’inscrit dans la minéralité où les cailloux restent visibles.
La conception du projet du sol repose sur deux atmosphères: l’esplanade urbaine minérale au dessin unifié et les jardins de bord à la nature domestiquée et délimités par des murets.
La complicité entre les immeubles se joue spécifiquement dans les rez-de-chaussée par la présence chaleureuse du chêne utilisé pour les menuiseries.

Particularités

L'opportunité de concevoir ensemble
Le processus de ce projet repose sur une approche pluridisciplinaire sous forme d’ateliers rassemblant le maître d’ouvrage et les différents acteurs à toutes les étapes de la conception. Dans cet élan, le masterplan s’est enrichi des partis pris typologiques différenciés développés par les architectes mandatés dans un deuxième temps pour la réalisation des bâtiments. La dynamique d’échange issue du développement du projet urbain s’est ainsi poursuivie dans le processus de résolution architecturale des immeubles autour de thématiques partagées. Quels sont les facteurs d’unité qui forment un quartier, et quels sont les particularités de chaque bâtiment qui différencient les allées et permettent aux habitants de développer un sentiment d’appartenance à une entité spécifique? Le grand défi du développement de cet ensemble urbain construit à plusieurs mains, c’est la recherche d’un caractère qui se joue à toutes les échelles, en quête d’une identité commune fondatrice d’un nouveau quartier.
Un processus régulier d’ateliers réunissant les maîtres de l’ouvrage et les 4 architectes a permis l’ajustement mutuel entre les acteurs et une compréhension plus large des enjeux respectifs.

Le texte a été formulé par les architectes dans le cadre de la soumission du projet pour l'Arc Award 2023.