Rénovation totale de l'immeuble de bureaux de la Müllerstrasse
,
Suisse
Publié le 19 juin 2025
Ilmer Thies Architekten AG
Données du projet
Données de base
Données du bâtiment selon SIA 416
Description
Le point de départ du projet était un immeuble de bureaux existant datant de la fin des années 1970. Afin de remédier à une infrastructure obsolète et de répondre aux besoins changeants des nouveaux locataires, le projet nécessitait une modernisation en profondeur de la structure et de l’enveloppe du bâtiment. L’objectif était de revaloriser le bâtiment existant en conservant sa structure tout en l’adaptant aux exigences contemporaines.
L’approche du bâtiment circulaire – la réutilisation et l’évolution ciblée de matériaux et de structures existants – constituait un élément central du projet. Celui-ci s’est appuyé sur une analyse de la structure porteuse et des matériaux en place afin d’identifier leur potentiel pour de futurs usages. La façade existante se caractérisait par un tramage de grands panneaux en fonte d’aluminium et de larges surfaces vitrées. Vue de l’extérieur, elle semblait ouverte, mais à l’intérieur, cette impression ne se confirmait pas : le tiers inférieur des surfaces vitrées était masqué par un allège en béton dissimulée derrière un vitrage miroir aveugle. La générosité apparente de la façade était donc fortement réduite depuis l’intérieur, ce qui constituait une contradiction flagrante. Pour résoudre cette dissonance esthétique et fonctionnelle, la nouvelle façade a été conçue de manière à établir un équilibre entre ouverture intérieure et extérieure. Dans un premier temps, les éléments de construction existants ont été déconstruits jusqu’à la structure porteuse principale, puis celle-ci a été nettoyée. Les allèges en béton ont été supprimées pour créer une impression d’espace ouvert. Certaines parties ont été réemployées sous forme de bancs. Le reste du matériau a été recyclé et utilisé comme agrégat pour le béton recyclé et les sols en terrazzo. Un système de tirants a remplacé les allèges en béton afin d’éviter toute déformation du bord des dalles due à leur retrait. Les tirants ont été disposés selon le trame de la nouvelle façade et suspendus à une poutre métallique remplie de béton, située entre le 6ᵉ et le 7ᵉ étage, qui transmet les efforts à la structure porteuse principale. La structure originale du bâtiment présentait des irrégularités dans les entraxes. Pour parvenir malgré cela à une solution économique et peu exigeante en entretien, un système de panneaux de façade de largeurs variées mais limitées a été développé. Celui-ci permet de compenser discrètement les écarts, de minimiser les formats de vitrage et d’éléments, d’optimiser le processus de fabrication tout en réduisant les coûts et la consommation d’énergie. Ce principe a également été appliqué aux hauteurs de vitrage. La hauteur des éléments vitrés de tous les étages est déterminée par celle d’un socle en rez-de-chaussée et d’un panneau fermé au-dessus (rez et 6ᵉ étage), contribuant ainsi à l’harmonie de l’enveloppe. La nouvelle façade résout le contraste entre la générosité extérieure et la retenue intérieure de la façade d’origine. Une conception ouverte et une gestion dynamique de la lumière assurent aujourd’hui un équilibre qui répond aux exigences d’un environnement de bureau contemporain. La nature des anciens panneaux en fonte d’aluminium – leur composition et les impuretés de l’alliage – a empêché la production de nouveaux profilés en aluminium issus du recyclage. Ils ont donc été réemployés directement : découpés par jet d’eau, nettoyés, puis intégrés dans la nouvelle façade. Ils ont été soudés à une structure porteuse plutôt que collés, puis suspendus à la façade, ce qui permettra de les démonter facilement à l’avenir pour les recycler. Cette méthode a permis d’économiser toute l’énergie grise nécessaire à la refusion et au moulage. Les chutes issues de la découpe ont servi à fabriquer les habillages muraux et plafonds des deux halls d’entrée représentatifs au rez-de-chaussée (les panneaux ont été soigneusement poncés et assemblés sans joints visibles). Des éléments de signalétique pour les aménagements de base ont également été produits de cette manière, et installés dans les cages d’escalier, les sanitaires et les halls d’ascenseur. Tous les déchets résiduels non réutilisables ont été refondus et employés pour les panneaux en aluminium de la façade côté cour. La façade a été entièrement équipée de vitrages à cristaux liquides à protection thermique, à commande dynamique. Ces éléments peuvent être assombris en quelques secondes, sans pour autant entraver la vue vers l’extérieur, essentielle au bien-être. Le système réagit déjà à un faible rayonnement thermique diffus en procédant à un obscurcissement partiel, ce qui prévient efficacement la surchauffe. Sa capacité à s’adapter aux conditions saisonnières ainsi qu’aux besoins individuels en lumière et en chaleur réduit de manière significative, immédiate et durable les charges énergétiques, notamment pour le refroidissement. Cette technologie remplace les systèmes de protection solaire mécaniques. Grâce à la combinaison de technologies innovantes, de matériaux réemployés et d’une construction modulaire, une solution durable, fonctionnelle et d’une grande exigence esthétique a pu être réalisée. Le projet montre comment les bâtiments existants peuvent être rendus pérennes grâce à des approches circulaires, et définit de nouveaux standards pour une architecture respectueuse de l’environnement et des ressources – sans compromis sur la qualité ni sur l’innovation.
Le projet d’Ilmer Thies Architekten a été publié par Dane Tritz.