Transformation kHaus

La transformation du bâtiment existant en un nouveau centre culturel est devenue un modèle d'architecture circulaire et de réutilisation: le bâtiment construit il y a 150 ans comme caserne est devenu un nouveau centre public au cœur de Bâle. En 2013, Miquel del Rio et Hans Focketyn ont remporté le concours international pour la transformation du bâtiment principal existant de la caserne de Bâle et ont créé un phare culturel qui, après un processus de transformation de huit ans, est désormais ouvert au public, à la ville et à l'avenir.

Un cadre historique
Il y a 150 ans, l'armée suisse a construit un complexe de casernes en plein cœur de la ville, formant un site fermé et excluant le public. En 1966, le site a été abandonné. Au cours des décennies suivantes, les vastes bâtiments et une grande zone ouverte ont été intégrés de manière organique dans Bâle et sont devenus un centre social et culturel très apprécié, l'aire de la caserne. Ce processus de fertilisation civile et communautaire a fait du site un lieu apprécié pour les expressions culturelles, religieuses et collectives. Il abrite plusieurs institutions culturelles, des salles de musique et de spectacle multifonctionnelles ainsi que plusieurs restaurants et bars, tous attenants à un grand parc public.
Le bâtiment le plus marquant du complexe n'a toutefois jamais connu cette évolution. Situé à l'autre extrémité du site, il bloque l'accès au Rhin et a donc échappé à cette transformation sociale, bien qu'il soit le bâtiment principal du complexe. Compte tenu de sa situation centrale à Bâle, la ville a lancé en 2013 un concours international pour la rénovation de ce bâtiment de 9 000 m², désormais appelé «kHaus».

Extérieur actuel
La nouvelle «kHaus» modernisée offre à la ville de Bâle une institution culturelle contemporaine multifonctionnelle et de nouveaux espaces publics dans un lieu historique et central. La conversion réunit deux des espaces publics les plus symboliques de Bâle: le Rhin et la cour de la caserne. Pour la première fois, ils sont reliés entre eux et accessibles au public des deux côtés. Ce nouveau centre urbain facilite les connexions à l'échelle de la ville et crée un nouveau lieu de rassemblement pour la communauté, animé par de multiples activités.
À l'extrémité sud de la cour, une arche classique a été creusée avec un cadre en béton pour servir de nouvelle ouverture. Avec deux passages supplémentaires en bordure de la structure, ces couloirs offrent un accès public permanent à la rivière tout au long de l'année. Désormais, il sera possible de traverser le bâtiment à tout moment de la journée en empruntant différents itinéraires.
Tout en conservant la composition et la logique spatiale d'origine du bâtiment, FDRS a transformé la «kHaus» en un centre social ouvert et poreux pour de nombreuses activités au bord de la rivière. En s'inspirant du bâtiment et de l'histoire du lieu, les architectes ont subtilement transformé son aspect extérieur tout en préservant son caractère intact. La façade a été modifiée en douceur, toutes les fenêtres du rez-de-chaussée ayant été transformées en portes, ce qui a donné au bâtiment une structure ouverte et accessible.

Intérieur actuel
Le cœur du bâtiment est la «Plaza» : un vaste espace public intérieur situé entre les deux façades, la rivière et la cour intérieure. D'une hauteur de plus de treize mètres, il offre un espace pour les activités tout au long de l'année. Premier accès public au bâtiment, la «Plaza» est destinée à tous: un lieu où l'on peut se rendre les jours d'hiver humides ou les chauds après-midi d'été. Un escalier sculptural relie la cour intérieure à la rivière.
L'intérieur de la «kHaus» se caractérise par la pluralité et la diversité: En son centre se trouve la «Plaza» publique, juste au-dessus une salle de spectacle et de performance. Les cinq étages supérieurs abritent des studios d'art et de répétition, une matrice de salles multifonctionnelles, des restaurants, des salles à manger et des espaces pour les services religieux, tous reliés par la «Plaza» centrale et trois escaliers verticaux.
De manière plus générale, la «kHaus» et sa complexité programmatique peuvent être comprises comme un ensemble d'utilisations différentes, chacune ayant sa propre traduction en termes d'espace, de matériaux et de techniques. Face à cette disparité, les architectes ont combiné différentes zones en un ensemble cohérent, chacune avec son propre caractère, ses propres couleurs et ses propres sons, en se basant sur la double logique de permettre à chaque partie de développer son propre potentiel tout en conservant un ensemble cohérent.
Tout en conservant les éléments structurels et en les adaptant aux différentes possibilités d'utilisation d'un bâtiment du 21e siècle, les architectes ont discrètement révolutionné le bâtiment principal de la caserne afin de permettre fonctionnalité et flexibilité et de le rendre encore plus adaptable et évolutif grâce à une «polytypologie» des espaces. Les pièces peuvent devenir des couloirs et les couloirs des pièces, ce qui augmente l'évolutivité et la flexibilité de l'espace intérieur. La circulation ouverte devient omniprésente et est canalisée par deux escaliers verticaux.

Manifestations futures
Un bâtiment qui constituait autrefois une barrière est désormais ouvert et accessible. La transformation, qui a coûté 45 millions de francs, est le premier investissement de Bâle financé par les pouvoirs publics dans une grande institution culturelle du Petit-Bâle. Elle est désormais un pôle d'attraction de 9000 m2 pour la ville et un phare pour son orientation inclusive et multiculturelle. La nouvelle caserne a réalisé tout ce qu'elle s'était fixé comme objectif: elle crée de nouvelles connexions, anime les deux façades, relie la rivière à la cour intérieure et est suffisamment flexible pour accueillir de nombreuses utilisations grâce aux différents espaces du bâtiment. Pour l'instant, il s'agit d'un centre culturel, mais qui sait ce qu'il deviendra un jour. Le site des casernes a vécu cent vies par le passé et son bâtiment principal continuera d'évoluer à l'avenir.

Un bâtiment structurellement durable
La stratégie globale de conservation et de rénovation a été appliquée de manière rigoureuse par Schnetzer Puskas Ingenieure dans l'ensemble du bâtiment. Hormis l'ouverture dans l'aile intermédiaire, la structure du bâtiment avec ses murs en moellons massifs est conservée dans le projet fini. Des interventions plus importantes n'ont été effectuées qu'au milieu des cinq parties du bâtiment et dans la zone côté rivière, à côté des tours nord et sud, où deux noyaux d'accès supplémentaires ont été installés. En conservant autant que possible la structure du bâtiment et en minimisant la consommation supplémentaire de matériaux, on obtient une grande efficacité de construction. Le projet représente une transition réussie vers un bâtiment durable conforme à l'état actuel de la technique.

Le texte a été formulé par les architectes dans le cadre de la soumission du projet pour l'Arc Award 2023.