Felsenburg

Un nouveau toit corail se dresse au-dessus de la vieille ville de Bienne. Ce volume long et étroit, revêtu d'éternit arbore ses structures en bois sur les faces pignon. Sa géométrie harmonieuse, intégrée à l'architecture préexistante, témoigne d'un caractère contemporain tout en respectant le passé.

Situation initiale

Au fil des années, ce bâtiment industriel de 1860 a été transformé en maison unifamiliale. Ancré dans un périmètre ISOS et niché à 60 centimètres de la ligne de chemin de fer, il se positionne en tant que symbole de transition entre le quartier de Beaumont et la vieille ville. Dans les années 80, des modifications à la structure existante ont altéré la statique du toit, menaçant sa stabilité et exigeant une rénovation immédiate. Cette nécessité de rénovation s'est muée en une opportunité saisie: exploiter les possibilités réglementaires pour transformer les combles en espaces habitables.

Ébauche du projet

La densification verticale devient réalité, offrant à la fois un foyer confortable et un lieu de travail inspirant. De plus, elle anticipe les besoins futurs en donnant la possibilité de se diviser en deux appartements distincts ou de se muer en une maison intergénérationnelle. La nouvelle structure, respectueuse de l'histoire du site, prend la forme d’une maison sur la maison.
La surélévation, dans sa conception externe, est conçue comme un étage mansardé obtenu volumétriquement par l'intersection de différents plans géométriques. Ce choix formel découle à la fois de la nécessité de cohérence matérielle entre les plans inclinés et verticaux, et de la nécessité technique de protéger l'intérieur du bruit de la ligne ferroviaire. L'amiante-ciment s'est révélé être le matériau le plus adapté à ce double défi.
Aucune ouverture n'est prévue du côté nord, en raison de la nécessité de protéger contre le bruit ferroviaire. Même du côté sud, le bâtiment est monolithique ; les surfaces inclinées et verticales dans cette orientation sont conçues pour être recouvertes de panneaux photovoltaïques à l'avenir. En revanche, le volume est entièrement ouvert sur ses côtés est et ouest (les meilleures orientations de la parcelle) vers le paysage et la lumière solaire filtrée par des brise-soleil en bois. Sur les façades pignons, s'expose fièrement le structure entièrement en bois, de part et d'autre, conférant à la surélévation un effet filigrane de décomposition du volume en surfaces.

Étude du projet

À l'intérieur, les portails préassemblés en épicéa marquent l'espace, s'adaptant aux plis du plan pour proposer une expérience spatiale fluide et dynamique. Les façades pignons exposent la structure en bois à travers les fenêtres encadrées, les lames verticales en mélèze naturel et les revêtements intérieurs en OSB.

Réalisation

Sa géométrie de plan complexe ainsi que l’accès difficile au chantier ont exigé un montage par hélicoptère.

Particularités

Le projet, axé sur l'efficacité économique et le respect de l'environnement, a privilégié l'auto-construction et les matériaux récupérés, optimisant chaque détail à l'essentiel, pour réduire les coûts. La réutilisation de structures temporaires en bois de chantier et l'intégration d'un escalier en colimaçon métallique hérité d’un théâtre illustrent cette approche responsable.
Ce projet allie héritage historique et défis contemporains, transformant les contraintes structurelles en opportunités créatives et fonctionnelles.
En conjuguant ingéniosité technique, sensibilité esthétique et engagement écologique, il démontre la capacité de l'architecture à surmonter les obstacles.

Le projet de Sara Gelibter Architect a été soumis dans le cadre du Swiss Arc Award 2024 et publié par Valentin Oppliger.