Immeuble MIN MAX, Glattpark
,
Suisse
Publié le 07 août 2018
EMI Architekt*innen AG
Participation au Swiss Arc Award 2018
Données du projet
Données de base
Données du bâtiment selon SIA 416
Description
Une difficulté majeure dans la construction de logements aujourd'hui réside dans la conciliation de profils de locataires de plus en plus individuels et de l’importance croissante accordée à un souhait d’anonymat. La prospérité dont nous jouissons aujourd’hui permet à pratiquement tout le monde de réaliser son propre projet de vie, ce qui conduit inévitablement à une forme d’anonymat des locataires. En effet, les promoteurs et les propriétaires ne connaissent plus très bien les besoins réels de leurs futurs locataires. Quant aux architectes, il leur est impossible de penser à des typologies clairement définies. Un appartement typique, s'il existe encore, est plutôt le résultat d'un projet, mais non pas le point de départ.
Bien que le projet en question touche un groupe intéressant de personnes, la réponse à la question de savoir à quoi pourrait ressembler un tel mini-appartement et comment y vivre reste sans réponse. Pour ne pas tomber dans la spéculation et l’interprétation hasardeuse, nous avons formulé quatre thèses concernant les possibilités de vie au Glattpark Opfikon:
1 Une maison urbaine
L’immeuble résidentiel doit clairement se vouer à l’urbain, tant en termes de caractère que d’expression architecturale. Glattpark est un exemple frappant qui montre que la forte hiérarchie entre le centre-ville et la périphérie a disparu – ici il s’agit clairement d'une partie de ville. Plus l'architecture la reconnaît comme telle, plus cette partie de la ville devient urbaine.
2. Entre communauté et anonymat
La maison est supposée offrir la possibilité, mais non l'obligation, de vivre en communauté. Il ne s'agit pas d'une expérience sociale utopique, mais plutôt d'une forme de vie contemporaine qui comporte un choix: en effet, l'anonymat, qui fait part de la réalité urbaine, est tout aussi important pour nous que les aspects communautaires. Cette maison est, en quelque sorte, comparable à un hôtel, dans lequel il est possible d'avoir des échanges sociaux, sans pour autant que cela se transforme en obligation.
3. Les appartements: une sensation d'espace particulière
La compacité des surfaces habitables est compensée par une sensation d'espace particulière: les espaces de vie ne doivent pas être vécus comme des appartements conventionnels à petite échelle, mais sont au contraire censés créer de nouvelles qualités par leur compacité. Ils font un peu penser aux petits studios des années 1920 à Paris. Ainsi, avec sa petite emprise au sol et son plan simple et conçu pour travailler et vivre, la maison-atelier Ozenfant est un logement de type halle, vu sa grande hauteur sous plafond et ses fenêtres.
4. Sensation d’ouverture: une solution spatio-structurelle
Avec des locataires à la recherche de l’individualité et de l'anonymat, la maison doit présenter une structure spatiale et de bâtiment qui ne révèle pas l'identité de ses habitants, tout en anticipant des possibilités d’adaptations et d’ajustements structurels. Cette ouverture peut se refléter dans des dispositions simples et claires, mais également dans un certain non-formalisme. Elle concerne la structure porteuse et spatiale mais également la façade et la technique de bâtiment.
Description architecturale
Le concept urbanistique et architectural s'explique dans le contexte des quatre thèses: 1. Une maison urbaine 2. Entre communauté et anonymat 3. Les appartements: une sensation d'espace particulière
et 4. Sensation d’ouverture: une solution spatio-structurelle
Planification urbaine
Selon la première thèse, le projet imagine un bâtiment comme un bloc urbain, d’un point de vue de sa typologie. Avec son hauteur, il s'inscrit ainsi dans la continuité des avant-toits du boulevard Lilienthal. La surface d’emprise au sol du volume occupe pratiquement tout le terrain à bâtir et modèle l’espace sur la rue et les espaces verts adjacents.
La volumétrie et les façades du bâtiment sont majoritairement orientées vers le boulevard Lilienthal et, partiellement, vers l'espace vert de la Lindbergh-Allee. Du côté de la parcelle voisine, à l'est, la volumétrie du bâtiment suit un étagement en profondeur et en hauteur dans les deux étages supérieurs. Les accès au bâtiment suivent le même principe: l'entrée principale est située à l'angle du boulevard Lilienthal/Lindbergh-Allee, deux entrées latérales sont situées à l'angle nord-est et nord-ouest du bâtiment. La majorité des rares espaces extérieurs du bâtiment sont à usage collectif ou ouverts au public et structurés par des chemins. L'accès aux locaux commerciaux se fait directement par le Boulevard Lilienthal.
Le bâtiment renferme une cour intérieure qui se développe vers le haut en deux étapes: d’abord au-dessus du rez-de-chaussée, en suite au-dessus de l'étage N+4. Cette cour intérieure, qui constitue un espace central, est un lieu de communauté tout aussi simple que naturel et concis: un centre vide, pour ainsi dire, où tout se rejoint. Les appartements sont accessibles par des coursives, tandis que les installations communes telles que la buanderie et la cuisine commune se trouvent dans une extension vitrée en forme de tour qui donne sur la cour intérieure.
Division
La division de l’immeuble mérite une explication détaillée dans la mesure où elle associe urbanisme et volumétrie, accès et type de logement. Les logements en duplex situés aux deux derniers étages ont constitué le point de départ. Ils comportent une grande zone de séjour ouverte, avec une hauteur de pièce de 5,00 mètres, et des espaces sur un étage (salle de bain, cuisine, mezzanine avec chambre à coucher) qui présentent une hauteur de pièce de 2,30 mètres. Ce dimensionnement permet de réaliser une hauteur libre de 3,00 mètres aux trois étages standard, et de 4,50 mètres au rez-de-chaussée côté Boulevard Lilienthal.
Ceci a permis de créer deux types d'appartements très différents, et un bâtiment d'une esthétique singulière et sculpturale, avec une façade de type 1/3/2 à la verticale, dotées de «créneaux» sur deux niveaux en guise de terminaison verticale du bâtiment. Grâce à cette construction verticale, les circulations extérieures ne vont que jusqu’au quatrième étage, une solution judicieuse en termes d’espace qui a permis de réaliser l'extension vers le haut.
Ébauche du projet
Plans d'étage et usages
Le rez-de-chaussée abrite une surface commerciale continue de 400 m2, qui peut être subdivisée à volonté et qui longe le Boulevard Lilienthal, ainsi que 4 logements MIN de type 1, deux de type MIN+ et 3 de type MIN atelier. On y accède par la cour intérieure. Enfin, deux locaux à vélos fermés sont disponibles aux accès côté nord-ouest et nord-est.
Aux trois étages standard N+1, N+2, N+3 se trouvent les unités résidentielles MIN de type 1 orientées vers le sud, l'ouest et le nord, chacune avec une surface habitable de 40 m2. Côté est, on trouve des appartements un peu plus grands de type MIN+. Sur ces étages se trouvent également trois appartements MAX d'environ 180 m2, qui sont conçus pour des appartements en collocation. Grâce à la structure porteuse neutre, ces appartements peuvent être réalisés sur les trois étages standard. En outre, chaque étage de l’extension, qui ressemble à une tour carrée en demi hors œuvre, dispose d’un espace à usage commun de 30 m2 (salle commune et deux buanderies).
Au quatrième étage N+4, la coursive mène directement aux entrées des appartements en attique sur deux étages de type MIN 2, chacun de 46 m2 (N+4/N+5). Étant donné que ce type d'appartement ne dispose pas d'espaces extérieurs privatifs, il y a deux terrasses communes: l’une est sur le toit de la «tour en demi hors œuvre» dans la cour, l'autre dispose d’une cheminée extérieure pour le barbecue dans le coin sud-est du bâtiment avec une vue sur le lac du Glattpark.
Étude du projet
Appartements (MIN)
Le projet comprend quatre types d'appartements. Certains appartements d'angle ainsi que le type MIN+ ont été réalisés en fonction de leur emplacement respectif et disposent en partie d'une surface habitable quelque peu plus grande. Pour les appartements cluster MAX, il a été élaboré un plan dont la superficie équivaut à celle de quatre unités MIN.
Le type MIN 1 a été développé en réponse à la troisième thèse: l'objectif était de faire émerger une nouvelle qualité de l’habitat à partir d’une surface habitable compacte – les appartements ne devaient en aucun cas être perçus comme des appartements conventionnels à petite échelle. La qualité de l'habitat est liée à l’espace de grande hauteur, de coupe simple et bien zoné, qui, grâce à l'intégration du jardin d'hiver de 8 m2 supplémentaires et une hauteur de pièce de 3,00 mètres donne une sensation d'ampleur visuelle à la pièce. Cet effet spatial est renforcé par des bandes de lanterneaux à l’intérieur, au-dessus de la cuisine et de la salle de bains, et donnent l'impression de continuité au niveau du plafond et confèrent à la pièce un aspect cohérent. Par ce «caractère d’atelier», les appartements jouissent d’une une sensation d'ouverture et d’espace, si bien qu’ils conviennent à différents usages et profils de locataires.
Particularités
Bien que similaire, le type MIN 2 mais utilise d’autres moyens. Ce type d'appartement se distingue par son grand espace ouvert à hauteur de plafond qui occupe la moitié de la surface au sol et crée une hauteur libre de 5,00 m dans la zone de séjour. Alors que dans le type 1 l'extension horizontale du plafond crée un réel espace, de l’appartement du type 2 se distingue par une grande hauteur sous plafond et une largeur réduite. Cet effet est renforcé par la fenêtre étroite du «créneau» qui relie les deux niveaux .
L’appartement de type MIN 3 est un cas particulier, un fruit des circonstances structurelles: il n’y en a que cinq, tous sur le côté est. Ce type d’appartement offre une surface habitable de quelque 55 m2. Le double retrait de l'alignement des façades permet de créer des terrasses extérieures privées sur les deux niveaux. Les cloisons de la terrasse au niveau N+5 confèrent au bâtiment une expression spécifique du côté est.
Appartements (MAX)
La disposition proposée pour le type d'appartement cluster MAX équivaut à la surface de quatre unités de type MIN 1. Conçus dans une logique d’appartement en collocation, ces logements offrent néanmoins à chaque résident la possibilité de se retirer. Les espaces privés comprennent un salon et une chambre à coucher, un petit jardin d'hiver et une salle de bain. La pièce commune est un espace de grande hauteur au milieu duquel se trouve une cuisine en îlot. Sur le côté, dans le prolongement des arcades, se trouve un grand jardins d’hiver. Ce salon commun dispose d’une entrée où se trouvent les toilettes pour invités. La structure spatiale des appartements en cluster est indépendante de la structure primaire de la façade et peut sans trop d'efforts être modifiée en unités MIN.