Données du projet
Données de base
Données du bâtiment selon SIA 416
Description
Texte: Robert Mehl
Le musée du papier qui se trouve à Düren près de Cologne a fait l’objet d’un assainissement radical. L’ancien commerce du pétrole des années 1950 a été complété par une aile en béton in-situ, l’intérieur ayant été entièrement réorganisé.
Quand la demande lui est parvenue d’élaborer un projet pour le «Musée du papier» de la ville de Düren, l’architecte Klaus Hollenbeck ne savait pas très bien ce qui allait y être exposé – des livres, peut-être? En même temps, il reconnut l’importance du papier, ce matériau qui représentait la base de notre société contemporaine. Sans papier, il n‘y aurait ni documents, ni certificats, ni cartes, ni pièces d‘identité, ni argent.
Le contrat a été attribué au planificateur sur la base d‘une étude préliminaire, qui constitue la base de de cet édifice. L‘industrie du papier, un secteur économiquement très fort à Düren, se montra très impressionnée par cette étude. Et elle promit des dons de plusieurs millions pour la transformation du musée.
Légèreté et pliage
Sur le plan administratif, le musée du papier est rattaché au musée Leopold Hoesch avoisinant (LHM), un palais classique de 1905. En 2010, ce bâtiment a fait l’objet d’une extension contemporaine très remarquée, projetée par Peter Kulka. Klaus Hollenbeck était à la recherche d’une forme de bâtiment qui pourrait s’affirmer à lui tout seul sans pourtant trop se détacher de l’ensemble. La réponse formelle, Holleneck l’a retrouvée dans le sujet même auquel se consacre le musée: le papier. Le bâtiment devait transmettre la légèreté du papier. Pour souligner le caractère flottant, l’architecte a opté pour un joint de base noir, très fin. Construit
légèrement en retrait de la ligne de construction des bâtiments existants, l’immeuble semble avoir glissé en arrière vu sa légèreté. Enfin, on aperçoit une ligne de brisure qui traverse en diagonale la façade en plâtre, tel un pliage origami.
La construction du bâtiment a été, quant à elle, un véritable défi: la partie est du bâtiment, face au musée Leopold Hoesch, est une construction en béton coulé sur place dont la ligne de brisure a dû être réalisée durant le gros œuvre. Pour souligner la géométrie des éléments de coffrage, les architectes ont créé des maquettes en carton à l’échelle 1:20 du coffrage. Les murs en béton coulé sur place, partiellement inclinés, disposent d’une isolation classique en fibres minérales avec une sous-construction métallique, sur laquelle a été monté un panneau de fibres à liant ciment. Les joints des panneaux ont été comblés avec de minces nattes tissulaires puis recouverts d’une fine couche d’enduit.
Le côté ouest se compose d’un bâtiment
ancien, où siégeait dans les années 1950 un commerce pétrolier et dont les murs extérieurs en brique ont été équipés d’une construction en acier qui fait saillie jusqu’à 1,5 mètres.
Le filigrane et le gaufrage
L’enseigne avec le lettrage «Papiermuseum Düren» a été réalisée sous forme d’un crépi légèrement en relief et recouverte d’un vernis transparent – comme métaphore architecturale pour les processus de gaufrage du papier ou l’application d’un filigrane. Selon la position du soleil, la surface du mur paraît blanche et le lettrage gris ou inversement; parfois l’écriture n’est même pas reconnaissable. De manière tout aussi discrète, Hollenbeck a fait appliquer, à côté de la fenêtre de l’étage supérieur, les armoiries de la ville de Düren qui, au premier coup d’œil, ressembles plutôt à un code QR.
En relation avec le papier
«Le papier, est vecteur d’émotions!», avec la commissaire d’exposition Caroline Kaiser, Klaus Hollenbeck a choisi cette phrase comme message principal de la nouvelle exposition permanente; leur second constat prouve que «le papier a une valeur particulière pour chacun de nous». Au premier abord, les visiteurs de l’exposition pourraient remettre en question ces idées anodines.
L’exposition se divise en cinq parties: l’histoire, la valeur ajoutée, les visions, l’ordre et l’art. La première partie se consacre à l’histoire du papier; la deuxième se penche sur la production du papier, qui peut être activement retracée par la pédagogie muséale. Par ailleurs, le musée expose un «cylindre hollandais», une machine qui sert à déchiqueter les fibres des chiffons, un énorme baquet et enfin une presse à papier de 500 kg. Pour des raisons statiques, chaque appareil devait reposer sur sa propre fondation; en outre, il a fallu créer un propre système de drainage pour «l’îlot de création de valeur», qui a été surélevé de 20 cm. C’est notamment dans ce domaine thématique que la bonne collaboration entre l’organisateur de l’exposition et l’architecte a porté ses fruits.
Un billet d’entrée et un livre
Avec le billet d’entrée, chaque visiteur reçoit un livre en cadeau personnel. Il s’agit là d’un «livre explicatif» au lieu d’un audio-guide ou d’un catalogue – en hommage à la culture du livre et au papier. Seul le chapitre «Ordre» ne contient aucune entrée – il se consacre à l’utilisation contemporaine du papier, principalement comme matériau d’emballage. Car, bien qu’aujourd’hui de nombreux domaines traditionnellement orientés vers le papier, comme par exemple les médias, se passent de ce matériau, la production de papier bat son plein. Les visiteurs sont donc appelés à consulter les informations sur l’exposition par le biais du code QR en utilisant leur propre téléphone portable.
Des discussions très controversées ont eu lieu afin de trouver une solution pour les visiteurs ne disposant pas de téléphone portable ou alors d’un appareil non adapté à la lecture des codes QR. La réponse assez pragmatique et réaliste de Klaus Hollenbeck à ce problème est la suivante: «Qui n’évolue pas avec son temps s’efface petit à petit!»
Ce qui, à première vue, révéler une attitude arrogante, reflète en fin de comptenotre actuelle vie sociale quotidienne – la numérisation est impitoyable. Et l’exposition a pour but de donner une impulsion morale pour reconnaître ce fait. Et elle est censée rompre une lance en faveur du papier en tant que bien culturel sur lequel les lettres seront encore lisibles dans les siècles à venir.