Oval Housing

Le projet, situé à Pinchat en amont du Rondeau de Carouge, est en contact immédiat avec la couronne d’urbanisation de la ville «dense». La parcelle représente une échelle «intermédiaire» à la croisée de trois tissus différents et distincts: la vieille-ville de Carouge, la troisième zone de développement et la zone villa dans laquelle s’inscrit le projet.

Contexte et structure
Cette localisation toute particulière permet au site de bénéficier d’une végétation luxuriante, rare en zone urbaine. Le plateau de Pinchat se veut être un des «poumon vert» de la ville offrant un cadre généreusement arboré. En ce sens, le projet s’articule autour de ces deux composantes fortes du site: urbanisation et végétalisation. Cette double considération permet au projet de s’inscrire dans la continuité du quartier en harmonie avec le paysage existant tout en proposant une densification maitrisée et qualitative de la parcelle. En prenant un soin particulier à préserver un maximum de sujets végétaux présents en lisière, le projet s’implante au centre de la parcelle. Le volume bénéficie d’un effet de clairière pour s’insérer respectueusement. Le bâtiment, de forme ellipsoïdale, épouse naturellement les contours de ce vide pour affirmer sa position. Sa courbure suit l’orée des bosquets environnants et surligne la nature avec laquelle il dialogue. La toiture, partiellement végétalisée, restitue l’empreinte au sol du volume tout en offrant un relais biologique à la faune et la flore. Elle devient un véritable jardin suspendu. Immergé dans la verdure, le projet se dérobe. En s’inscrivant sur deux niveaux, le bâtiment se veut volontairement discret. De par son gabarit restreint et son volume furtif, son empreinte est réduite. Sa forme, en ellipse, permet d’éviter l’effet de «pignon» et amenuise l’impact visuel du projet dans son environnement. Légèrement surélevé par rapport au niveau aménagé du terrain, la volumétrie du projet rappelle la carapace d’un scarabée dans une forêt.

Conception et durabilité
Chaque niveau contient quatre appartements, pour un total de huit logements. Le dessin du plan permet une mixité typologique souhaitée: Trois, quatre et cinq pièces se complètent. Deux cages d’escalier distribuent l’ensemble permettant à chaque appartement de bénéficier d’une situation traversante. Les chambres donnent sur l’arrière, où se situe la cour d'entrée, tandis que les espaces dits de «jour» profitent d’un large balcon sur l’avant. En flirtant avec la végétation, il devient l’interface entre intérieur et extérieur. Tout de noir vêtu, le bâtiment se distingue tout en s’effaçant. Son apparence se confond avec l’ombre des sous-bois. Ce choix de teinte garantie l’insertion du bâtiment dans le monde végétal qui l’entoure. La façade et les balcons, en bois saturé sombre, rappellent les murs en béton teinté de l’intérieur. Coffrés en planchettes de bois, la texture des parois fait écho au revêtement extérieur, et vice-versa. Enveloppe et structure ne font plus qu’un. Toujours dans le respect du site, les aménagements extérieurs sont traités de manière naturelle. Les jardins sont conçus comme des espaces de contemplation plus que comme un lieu d’investiture. Le sous-bois existant, qui occupe une grande partie du site, offre un espace de jeu et d’exploration bucolique. Les composantes naturelles sont préservées; les enrochements sont conservés et mis en valeur. Aussi, les tas de branchages issus des tailles in-situ sont créés pour offrir des refuges et des habitats à la faune locale. Durable et respectueux de l’environnement, le bâtiment vise un label de Très Haute Performance Energétique dont les performances sont largement supérieures aux exigences réglementaires en vigueur. Une enveloppe performante ainsi que l’utilisation d’énergies renouvelables ont été favorisées pour en faire un projet exemplaire. Plus que des contraintes, ces critères s’inscrivent dans une démarche de respect de la nature, initiée dès le début du projet. Jusque dans les moindres détails le projet s’inspire des éléments naturels qui l’avoisinent. Le calepinage sur-mesure des planchers en béton rappelle les nervures d’une feuille, les poteaux «cigares» légèrement évasés suggèrent une succession de troncs, les luminaires s’apparentent aux silhouettes d’insectes. Nature et architecture se confondent.

Le projet de FDMP Architectes a été soumis dans le cadre du Swiss Arc Award 2025 et publié par Nina Farhumand. La version française a été revue par Estelle Gagliardi.