Service archéologique de Bâle-Ville
,
Suisse
Publié le 29 juin 2021
Baumann Lukas Architektur AG
Participation au Swiss Arc Award 2022
Données du projet
Données de base
Données du bâtiment selon SIA 416
Description
Des couleurs fraîches
Depuis 2019, le Service archéologique de Bâle-Ville réside dans un bâtiment historique tardif, initialement conçu pour accueillir une clinique privée. Le bureau d’architecture Baumann Lukas Architektur de Bâle a transformé et assaini le bâtiment existant en procédant à des interventions minutieuses et en réinterprétant le design intérieur au niveau des couleurs.
Niché entre l’église historique Saint-Pierre et sa célèbre Petersplatz, le campus voisin et l’Unispital de Bâle juste en face, le bâtiment du Petersgraben 11, où sise le Service archéologique de Bâle-Ville, se trouve au plein cœur de la vieille ville.
L’histoire de ce magnifique bâtiment historique tardif style Art nouveau commence au début du siècle. En 1904, le chirurgien Carl Sebastian Hägler demande aux célèbres architectes bâlois Alfred Romang et Wilhelm Bernoulli de projeter et de construire une clinique privée. Ce bâtiment, connu sous le nom de «Andlauerklinik», se distinguait par des chambres qui étaient conçues chacune de couleur différente et dégageaient une atmosphère de bien-être très particulière à l’intérieur. La clinique comprenait 31 lits d’hôpital et une salle d’opération.
Après la mort du Carl Sebastian Hägler, le bâtiment de la clinique passe au Bürgerspital de Bâle, avant d’être finalement remis au canton en 1972. En 1984, la clinique, ainsi que le bâtiment voisin du Petersgraben 9, sont transformés pour accueillir l’Institut de préhistoire et d’archéologie de l’université de Bâle ainsi que le Service archéologique de Bâle-Ville.
Ce dernier se composait de différents départements, tous encore répartis sur plusieurs sites dans la région de Bâle. Afin d’optimiser les activités, tous les départements – fouilles, traitement des découvertes, archives/collecte et médiation culturelle – devaient être regroupés sur le site principal.
Et c’est en 2017 que ce projet a finalement été confié au jeune bureau d’architecture bâlois «Baumann Lukas Architektur AG» dans le cadre d’un concours en procédure sélective pour planificateurs. Les architectes s’étaient déjà forgé une très bonne réputation pour leurs rénovations et reconstructions soignées de bâtiments à valeur historique. Actuellement, ils travaillent sur un projet de grande envergure, à savoir la rénovation du Théatre de Bâle.
Protection du patrimoine bâti et sécurité
Les architectes ont dû relever plusieurs défis pour mener à bien ce projet: d’une part, la structure bâtie existante devait satisfaire les besoins des nouveaux utilisateurs et, d’autre part, les travaux devaient être réalisés dans le respect du caractère classé du bâtiment. Parallèlement, il a fallu intégrer toutes les salles de travail et de bureau malgré l’espace restreint disponible dans le bâtiment. En outre, il a fallu tenir compte des réglementations applicables en matière de construction et de sécurité, y compris la mise à niveau parasismique et les exigences énergétiques en vigueur.
Le bâtiment de plan trapézoïdal a été construit comme une parcelle d’angle, avec une entrée principale donnant sur le Petersgraben et l’étroite ruelle Herbergsgasse sur le côté. Au sud-est, un généreux jardin bordé d’arbres encadre la parcelle.
Un nouveau concept de couleur contemporain
À l’entrée du bâtiment, après avoir franchi quelques marches, le visiteur se retrouve devant deux imposantes portes battantes en vert foncé, partiellement vitrées. Le regard est amené à se diriger tout droit vers l’escalier. Les marches en pierre, en sous-face ornées de points et de vagues peints en blanc, mènent aux étages supérieurs, dans un décor de murs rouges. On accède aux quatre étages par cet escalier spacieux et accueillant qui ouvre la vue sur le jardin arrière.
À l’intérieur de la maison, les architectes ont déployé toute leur créativité en adoptant un tout nouveau concept de couleurs. L’objectif déclaré n’était pas de reproduire le cadre historique, mais plutôt de traduire la densité des couleurs et l’ambiance d’origine dans le contexte actuel.
Les couloirs centraux des étages sont désormais entièrement baignés de vert sapin: un «all-over» sur les portes, les radiateurs et les surfaces murales. Seul le plafond revêtu de blanc, avec les lampes suspendues, illumine le couloir.
Le parquet en mosaïque existant, posé dans les années 1980, a été teinté en noir et huilé pour créer une surface de sol mate de couleur brun foncé à travers laquelle la structure du bois transparaît encore quelque peu.
Les nouveaux locaux de bureaux et de travail ainsi que la bibliothèque donnent soit sur la rue, soit sur le jardin. L’ancienne salle d’opération du premier étage est un véritable bijou, avec sa grande fenêtre en forme d’oriel. Aujourd’hui, elle abrite une merveilleuse salle de réunion.
Nouvelle charpente de toit
Vu le programme des locaux restreint, il a été décidé d’intégrer la charpente en procédant à l’aménagement des combles. Pour y accéder, les auteurs ont prévu un nouvel escalier à une volée.
La construction porteuse de la charpente a permis aux architectes de la transformer en un grand espace ouvert, qu’ils ont zoné avec des meubles encastrés. Des panneaux de bois peints en clair sur le plafond mansardé et un plancher en mélèze confèrent à la pièce une agréable légèreté. Une partie de cette vaste pièce sert d’espace pour les pauses, avec une cuisine intégrée pour les collaborateurs, tandis que l’autre côté comprend des tables et des chaises supplémentaires pour échanger sur les résultats des recherches archéologiques.
Une multitude de petits puits de lumière éclairent les combles sur tout le pourtour. La vue depuis la seule et unique grande lucarne située dans l’espace de pause s’étend de la Predigerkirche historique en direction du Rhin jusqu’à la nouvelle ligne d’horizon avec les deux tours Roche.
En 2019, le Mouvement de défense du terroir de Bâle a déjà récompensé «Baumann Lukas Architektur AG» pour cette transformation polyvalente et son utilisation optimisée.
Raphaël Oehler , Architecte chez Baumann Lukas Architektur AG, à propos des lampes choisies:
Dans le cadre de ce projet, divers modèles de luminaires ont été testés. Le choix s’est porté sur un produit de haute qualité, tant en ce qui concerne le couvercle en verre que les composants de montage et la technologie d’éclairage (LED). Le couvercle en verre est réfléchissant, un effet qui, à notre avis, entre en parfaite harmonie avec le bâtiment.
Texte: Sibylle Hahner
Première publication: Magazine de la Documentation suisse du Bâtiment 2021 - 4