Pile Up – Compte rendu et vidéos de l'événement

Publié le 22 septembre 2024 par
Jean-A. Luque

Lors du Swiss Arc Afterwork du 4 septembre 2024 au musée Olympique de Lausanne, plus de 100 personnes sont venues découvrir neuf surélévations réalisées ou en cours de réalisation présentées par les architectes qui les ont conçues. Densification, matérialité, spécificitées structurelles et développement urbain étaient au centre des discussions.

Les conférencier·ère·s présents ont chacun·e présenté leur projet en un peu mois de sept minutes. Ce qui a permis de découvrir beaucoup de projets en une soirée. Photo: Pedro Gutiérrez

Les conférencier·ère·s présents ont chacun·e présenté leur projet en un peu mois de sept minutes. Ce qui a permis de découvrir beaucoup de projets en une soirée. Photo: Pedro Gutiérrez

Les conférencier·ère·s présents ont chacun·e présenté leur projet en un peu mois de sept minutes. Ce qui a permis de découvrir beaucoup de projets en une soirée. Photo: Pedro Gutiérrez

Le constat n’est pas nouveau. En Suisse, le taux de logements vacants est au plus bas; la poussée démographique atteint des niveaux jamais vus. Mais cette demande effrénée est entravée par la pénurie de terrains constructibles. Ces derniers sont de plus en plus rares, d’autant plus qu’ils sont limités depuis la révision de la LAT (loi sur l’aménagement du territoire) acceptée par le peuple en 2013. Dans ces circonstances, les architectes doivent faire preuve d’imagination et d’audace pour faire face aux enjeux du moment.

Plus de 120 personnes ont assistés aux neuf conférences. Photo: Pedro Gutiérrez
À la suite des conférences, un flying dinner a permis aux participant·e·s d'échanger sur le sujet. Photo. Pedro Gutiérrez

La surélévation des bâtiments existants est une des pistes les plus fréquemment suivies pour répondre au défi de la densification. À Lausanne, le 4 septembre dernier, l’événement Arc Afterwork a abordé cette problématique au Musée olympique. Devant une salle comble, neuf architectes sont venus présenter des projets concrets de surélévation. Le résultat s’est avéré passionnant grâce à un format aussi concis qu’efficace: les intervenants disposaient de 20 images à commenter et seulement 20 secondes par illustration. L’occasion de découvrir une multitude de points de vue différents; chaque professionnel ayant sa signature toute personnelle quand il s’agit de réinterpréter un édifice en lui ajoutant un ou deux niveaux supplémentaires. L’ajout d’étages à un bâtiment présente de nombreux avantages en mettant un frein au mitage du territoire et en préservant des terres précieuses pour le vivant. Cette densification, dite douce, minimise également l’empreinte carbone en évitant des travaux lourds et des matériaux de construction superflus. Mais les contraintes sont à la hauteur du challenge. Ces transformations de gabarit modifient les persperspectives urbaines et transforment la rue et les équilibres de quartier.

Simon Chessex présente la surélévation d'un immeuble d'habitation à Genève.
Inigo Oregui Biain parle de la surélévataion de Localarchitecture à Lausanne.
Antoine Béguin présente la tranformation en cours d'un chalet à Val-d'illez

Comme l’a justement relevé Jean-Paul Jaccaud, le principe de la surélévation n’est pas nouveau. Ce principe architectural a toujours existé. Toutes les grandes villes se sont construites en Europe sur elles-mêmes au gré de différentes vagues de surélévation. À Paris, dès le Moyen Âge, les bâtiments ont gagné en hauteur pour faire face à des besoins de logements supplémentaires dans un territoire contraint. Les règles d’urbanisme ont permis régulièrement le développement de ce procédé. Genève et les autres grandes cités suisses n’y ont pas échappé. Comme le souligne Jean-Paul Jaccaud, ce qui est important c’est «la cohérence dans le bâti», «l’invisibilité de l’intervention» et la «prolongation du déjà là». De la subtilité dans la continuité. Cette délicatesse dans l’art de gagner de la hauteur se retrouve dans de nombreux projets présentés au Lausanne Arc Afterwork. Il s’agit toujours de distinguer l’ajout sans heurter ou dénaturer le socle initial. À Genève, le bureau Lacroix Chessex Architectes a prolongé la structure porteuse d’un immeuble d’habitation, l’ancienne et la nouvelle partie se fondant en une unité cohérente. À Lausanne, Localarchitecture s’est inspiré des toits mansardés du quartier pour réinterpréter le toit brisé avec des lignes diagonales se démarquant par leur modernité. En Valais, au coeur du village de Val d’Illiez, la transformation d’un chalet historique de 1891 en bâtiment administratif s’est heurtée, pour sa part, au manque de hauteur sous plafond. La surélévation, dans ce cas précis, n’a pas cherché à gagner de la surface habitable, mais à garantir une hauteur d’étage suffisante. Chaque niveau a été surélevé de manière artisanale par des charpentiers à l’aide de crics et de cales, puis des madriers ont été ajoutés. Madeleine Architectes, qui a dirigé le projet, n’a pas cherché à dissimuler les nouvelles couches avec son bois clair, mais veut rendre lisible à l’extérieur l’histoire des transformations grâce à leur visibilité.

Alain Walther et le grand projet de Wankdorfcity à Bern
Charline Dayer présente la surélévation de la HEAD à Genève.
Cyril Michod explique comment s'est déroulée la surélévation de l'école des Allières à Genève.

Le bois est une constante dans la majorité des projets de surélévation. En effet, les structures historiques des bâtiments n’ont pas forcément été calculées pour accueillir le poids supplémentaire d’un ou deux étages. Le bois, matériau roi, a de nombreux atouts à faire valoir: outre sa durabilité, il est à la fois léger et robuste. Charpentes, murs ou planchers, le bois est omniprésent. Et parfois même, il se présente sous forme de container ou de pavillon modulaire. Pont12 Architectes l’utilise ce procédé pour assurer ses surélévations de bâtiments scolaires. Tout est préfabriqué en usine. Rapide. Efficace.

Bastien Jeandrevin de StudioV9 présente une surélévation dans le Jura bernois.
Jean-Paul Jaccaud et la surélévation d'un immeuble à Genève
Yves Dreier présente la transformation d'une maison familiale à Prilly.

Les échanges animés lors des discussions qui ont suivi témoignent d’un intérêt manifeste pour ces solutions innovantes, révélant une volonté collective d’agir pour une urbanisation durable et adaptée aux besoins contemporains. La surélévation apparaît donc comme une réponse pertinente et inspirante aux enjeux de demain.

Le texte a été rédigé par Jean-A. Luque pour l'Arc Mag 2025–1.Commandez votre exemplaire sous: swiss-arc.ch

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