Toujours plus haut – Arc Afterwork à Lausanne

Publié le 18 juin 2024 par
Valentin Oppliger

En 2013, le peuple suisse a adopté une révision de la loi sur l’aménagement du territoire, limitant les zones à bâtir aux besoins prévisibles des 15 prochaines années. Cette mesure visait à préserver les terres agricoles, mais réduit les terrains constructibles, poussant ainsi les architectes à faire preuve de créativité pour faire face à la crise du logement. La surélévation de bâtiments se présente comme une solution durable, mais est-il judicieux – comme le propose actuellement le PLR – d’autoriser deux étages de plus dans toute la Suisse? C’est dans ce contexte stimulant que se tiendra le prochain Arc Afterwork au Musée Olympique de Lausanne le 4 septembre. Lors de cet événement, dix architectes visionnaires et engagé·e·s présenteront chacun·e un projet de surélévation, réalisé ou en cours de réalisation, à travers de courtes présentations et aborderont les questions de construction, de législation et de conception.

Aujourd’hui, les surélévations jouent un rôle crucial dans la transition vers une architecture plus durable. En évitant l’utilisation de terres agricoles ou naturelles, elles limitent l’étalement urbain, préservent les écosystèmes fragiles, permettent de mieux utiliser les infrastructures existantes, et réduisent les déplacements domicile-travail. De plus, en conservant les structures existantes, la demande en matériaux de construction est réduite, ce qui minimise l’empreinte carbone de ces projets.

Au-delà de leurs aspects écologiques, les extensions en hauteur incarnent une vision renouvelée de l’architecture, où l’ancien et le nouveau dialoguent, parfois avec difficulté. Les proportions urbaines en sont souvent transformées, elles modifient le profil d’une rue, l’équilibre d’un îlot et peuvent même initier la transformation de la physionomie d’un quartier entier. Mais habilement réalisées, ces surélévations peuvent aussi sublimer un édifice ou un ensemble autrefois banal, offrant ainsi une seconde vie au bâtiment.

Dans un contexte caractérisé par des bâtiments industriels transformés ou entièrement remplacés, Sujets Objets/ ont en 2022 conservé et prolongé en hauteur le bâtiment existant de la HEAD-Genève, construit par l’architecte Jean Erb en 1948. | Photo: Charly Jolliet
Le projet de surélévation de deux étages à l’avenue Wendt à Genève du bureau Lacroix Chessex vient compléter un couple d’immeubles dont le voisin vient de finaliser sa surélévation. Deux types d’extensions radicalement différentes doivent cohabiter malgré leurs différences. | Photo: Olivier Di Giambattista
Madeleine architectes transforme actuellement un chalet d’habitation situé à Val-d’Illez en bâtiment administratif. Plus qu’une simple surélévation, il s’agit-là d’un ajout d’un nouveau madrier à chaque niveau afin d’augmenter le vide d’étage. | Photo © Madeleine architectes
Corgémont est une petite commune située dans le canton de berne. C’est dans ce paysage rural que Studio V9 surélève actuellement le bâtiment de la fondation Grosjean. | Photo © Studio V9

Les Lois au cœur du débat

Si les surélévations apparaissent de plus en plus dans le paysage bâti, c’est aussi grâce à de nouvelles lois. Comme celle de Genève en 2008, lorsque la Ville a modifié son règlement urbain pour augmenter de deux niveaux les hauteurs constructibles dans deux des trois secteurs de la ville. Genève voyait dans cette rehausse des gabarits une solution à la crise du logement. Cependant, une loi existante limitant la spéculation immobilière par le plafonnement des loyers a empêché de nombreux projets autorisés de voir le jour, les rendant non rentables. Ainsi, seulement 400 à 500 logements répartis sur une quarantaine de projets ont été construits au cours des dix premières années de la loi. De plus, la municipalité, préoccupée par les effets de la spéculation et la préservation de son patrimoine bâti, s’est régulièrement opposée à cette loi. La Ville et le Canton, en désaccord sur cette stratégie urbaine, ont finalement trouvé un terrain d’entente avec la création, six ans après la mise en œuvre de la loi, d’une méthode d’analyse des projets de surélévation. La méthode proposée, établie par Bruno Marchand en collaboration avec le bureau Joud & Vergély, s’adresse aux services et commissions concernés afin qu’ils puissent évaluer les projets de surélévation en tenant compte des différents enjeux inhérents à ce type de projet. Par ailleurs, ce manuel d’analyse permet également aux créateur·rice·s d’être guidés dans leur phase d’élaboration et d’avoir une bonne connaissance préalable précise de la manière dont leurs requêtes seront examinées par les différentes instances chargées de les préaviser.

Le projet de Rapin Saiz, situé à Vevey, consiste à assainir un bâtiment contenant des ateliers et laboratoires, ainsi qu’à transformer et agrandir un bâtiment annexe en espaces de bureaux. | Photo: Joël Tettamanti
La surélévation d’un immeuble des années 1960 de Jaccaud + Associés, situé à Genève, affirme une volonté de lecture unitaire. L’extension ne se distingue ainsi que par de subtiles différences de proportions et de matériaux laissant à une observation attentive la distinction entre les parties neuves et anciennes. | Photo: Joël Tettamanti
Le quartier Wankdorf City à Berne doit être completé par des constructions colorées et diversifiées. Un projet collaboratif est en phase de travail. L’équipe est composée de rolf mühlethaler architekten, Maurus Schifferli Landschaftsarchitekt, E2A Architekten, Meili, Peter & Partner, Bob Gysin Partner Architekten, Bauart Architekten und Planer et S+B Baumanagement. | Photo © Rolf Mühlethaler Architekten
Le projet de surélévation de Localarchitecture à l’avenue Dapples à Lausanne propose une approche innovante en mise sur la construction en bois. le projet propose une surélévation de deux étages en toiture sans interventions dans les étages habités. | Photo: Michel Bonvin

Une vision globale

Mais qu’en est-il des autres cantons? Par quelle démarche faut-il passer pour surélever les bâtiments du centre-ville de Lausanne, ou de Berne par exemple? C’est ce que nous découvrirons lors de l’Arc Afterwork au Musée Olympique de Lausanne le 4 septembre 2024. Dix projets de surélévation ou de densification en hauteur seront présentés sous forme de courts exposés composés de 20 slides de 20 secondes chacune.

Outre les contextes géographiques variés, différents types de surélévations seront présentés: du petit agrandissement d’un étage d’une maison unifamiliale à l’ajout de trois étages sur un immeuble locatif, ou de la surélévation visible et assumée à l’extension discrète et sobre. Le but étant de découvrir un maximum de types de surélévations en une soirée.

Pour découvrir ces dix projets enrichissants et participer au débat sur les surélévations et, plus généralement sur la densification du bâti, réservez votre place au Musée Olympique pour le 4 septembre 2024 en vous inscrivant sur swiss-arc.ch. Nous nous réjouissons de vous y rencontrer nombreux et nombreuses.

Dans un contexte de pénurie d’espaces scolaires, Pont12 architectes ont ajouté six nouvelles salles de classes sur l’école des Allières à Genève. Très visibles, l’étage de surélévation est accessible depuis un nouvel escalier extérieur. | Photo: Vincent Jendly
Avec la rénovation et la surélévation d’une maison multigénérationnelle située à Prilly, Dreier Frenzel interprète la notion de collectivité, en imaginant que l’habitat groupé est le mode d’habiter du futur. | Photo: Eik Frenzel

La soirée de conférences est malheureusement déjà complète. Nous mettrons toutefois une vidéo de la soirée en ligne ici quelques semaines après l'événement!

Cet article est paru dans l'Arc Mag 2024–4. Abonnez-vous dès maintenant pour recevoir prochainement le magazine dans votre boîte aux lettres.

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