La maison d'origine Zum Falken a été construite à l'époque où la banlieue de Stadelhofen se trouvait encore à l'extérieur de l'enceinte fortifiée de Zurich. Plus tard, elle s'est retrouvée à proximité immédiate de la gare de Stadelhofen, creusée dans la colline voisine. La maison s'est alors retrouvée coincée entre le quai de la gare et la Kreuzbühlstrasse en pente. La propriétaire, la fondation de placement AXA, a chargé l'architecte et ingénieur Santiago Calatrava de construire un nouveau bâtiment dont le sous-sol à plusieurs étages, en accord avec la ville de Zurich, comprend des locaux de stationnement pour un total de 800 vélos.

L'architecte a été choisi avec soin; Calatrava avait déjà conçu la nouvelle gare de Stadelhofen, mise en service en 1989 lors de l'inauguration du S-Bahn et qui a fait sensation bien au-delà de Zurich. Entouré de tous côtés par la circulation, le nouveau bâtiment, désormais prêt à être emménagé, s'intègre de manière similaire à la gare dans le quartier dense de Seefeld et la promenade verdoyante sur le versant de la colline: une base solide soutient une structure légère et squelettique qui rend la transition entre les deux quartiers adjacents perméable. Mais la Haus zum Falken apparaît comme une sculpture à part entière: un socle élégant en calcaire poli aux bords légèrement arrondis intègre parfaitement le volume dans les zones de circulation. Au-dessus de ce socle, le bâtiment est recouvert d'une façade-rideau entièrement vitrée. Avec ses nervures verticales rapprochées, celle-ci détermine son apparence. Aucune partie de la façade n'est verticale; au-dessus du rez-de-chaussée en forme de coin, chacun des quatre étages supérieurs s'étend un peu plus vers l'extérieur, tandis que le toit plat s'efface légèrement. L'extension vers le haut permet de gagner de l'espace au niveau de la rue. La façade suit cette extension jusqu'au coude vers l'intérieur au niveau de la gouttière et épouse la forme du plan. Elle donne ainsi l'impression d'une pierre précieuse à facettes, dont le socle sert de monture. La situation urbanistique inhabituelle, quelque peu isolée et en même temps exposée, est le lieu idéal pour ce langage architectural expressif.

L'espace libéré aux extrémités du bâtiment est utilisé comme place publique. Le côté large du «coin» borde la gare et l'escalier d'un passage piétonnier. La confiserie Bachmann ouvrira prochainement une succursale sur cette place. La place située sur le côté étroit, accessible depuis la Kreuzbühlstrasse en pente, est surélevée d'un étage. Elle abrite l'entrée de quatre étages consacrés à des services médicaux. Le socle massif forme ici un hall vitré, visible de trois côtés, dont Santiago Calatrava est particulièrement fier, comme on a pu le constater lors d'une visite de presse le 28 octobre 2025. «Toutes les personnes qui passent par ici ont une vue parfaite, même depuis le tramway et le train Forchbahn», a-t-il déclaré. Le toit du hall d'entrée sans piliers, conçu comme une arche de pont, est un plafond lumineux unique. Les visiteur·euses se retrouvent devant un mur rouge foncé avec cinq portes menant aux ascenseurs, à la cage d'escalier et au rez-de-chaussée. Le mur est structuré par des pilastres couleur laiton, similaires à ceux de la façade, et présente une plasticité en relief. Cet espace semi-public extravagant rappelle un peu les halls d'ascenseurs des gratte-ciel de l'époque Art déco.

Les étages supérieurs du bâtiment peuvent être divisés librement. Les piliers sculpturaux en acier attirent le regard et, comme dans de nombreuses œuvres de Santiago Calatrava, permettent de percevoir la répartition des charges. AXA a déjà loué tous les locaux: elle prévoit d'y proposer différents services médicaux, notamment dans le domaine de la médecine interne et de la chirurgie buccale et maxillo-faciale. L'hôpital Zollikerberg souhaite notamment y installer sa permanence gynécologique de Zurich. Selon AXA, l'ouverture des espaces à l'étage supérieur se fera de manière échelonnée au cours de l'année prochaine, en fonction du calendrier des locataires respectifs. Toutes les parties prenantes se réjouissent de l'affluence attendue dans le bâtiment. Cela convient en effet à ce bâtiment qui, malgré le nombre d'étages, a le caractère d'un pavillon et est en réalité prédestiné à un va-et-vient animé. Comme pour divers autres bâtiments, il faudra voir si les exigences artistiques élevées sont compatibles avec l'inévitable banalité du quotidien et comment l'architecture noble supportera l'environnement parfois rude de la zone très fréquentée de la gare.

Manuel Pestalozzi dirige la sélection des chantiers.