Extension du centre de soins Bombach

La tour marquante du centre de soins communal Bombach, à Zurich-Höngg, a été remise en état il y a quelques années. Sur la partie est de la parcelle, entre les vieux arbres, la ville de Zurich a maintenant réalisé une extension destinée aux personnes atteintes de démence. Le bâtiment de type pavillonnaire est une réponse méditerranéenne au bâtiment en béton des années 1960.

La magnifique vue qu’ont les patients sur la ville depuis le bâtiment des lits de neuf étages facilite certainement leur entrée en maison de soins et offre une agréable distraction aux visiteurs confrontés à la situation de leurs proches pouvant parfois paraître désespérée. Le grand espace vert allongé qui entoure le bâtiment était jadis utilisé pour se promener sous les vieux arbres et intégrait la maison du personnel, avec un accès direct au bâtiment principal le long du bord de la pente située au sud. Cette précieuse qualité spatiale du parc a été l’élément clé pour le groupe d’architectes qui a remporté le concours du bâtiment d’extension du centre de soins en 2016. Le bâtiment en double U du projet est implanté dans la pente et offre un accès direct à l’espace vert à tous les endroits où ceci est possible.

Des hauts et des bas
Le nouveau bâtiment est appelé bâtiment B et la tour existante, bâtiment A. Les noms nous rappellent l’alphabet que nous avons appris à l’école. Certaines personnes ne sont peut-être plus en mesure de le réciter du premier coup, mais certainement s’ils
essaient une deuxième fois. Les choses que l’on n’oublie jamais sont comme des livres dans une étagère: ils peuvent parfois se
renverser. Les personnes atteintes de démence ont besoin d’aides et de repères efficaces pour pouvoir se souvenir de choses perdues. Avec de l’élan et du mouvement, elles ont la chance d’y arriver, et une image, une odeur ou le gazouillis des oiseaux peuvent donner des impulsions pour associer des éléments nouveaux et des éléments familiers.
Le couloir existant du bâtiment A atteint en fait le côté sud du nouveau bâtiment au sous-sol. Dans cette aile du bâtiment, les chambres des patients s’ouvrent sur le vallon de la Limmat, et quelques espaces situés à l’arrière et des parties du couloir sont disposés autour d’une cour claire dont le niveau est abaissé. Pour le personnel soignant et les patients, le couloir constitue l’accès principal au nouveau bâtiment. Il longe une cage d’escalier bien éclairée et mène dans le couloir central qui s’enroule à l’infini autour des chambres des patients et de la cour en forme d’escargot. Il est large et, comme les étages de la tour, très haut. Dans le plan, on reconnaît une extension des deux côtés. Celle-ci est reprise par le couloir qui s’élargit au centre et devient plus étroit aux extrémités. Du côté ouest, les deux ailes sont reliées par un couloir et, au-dessus de celui-ci, par une colonnade couverte évitant les culs-de-sac.

Liberté protégée
Afin de donner libre cours aux pensées des patients, il est important que les barrières physiques paraissent invisibles. Une promenade autour de la cour méditerranéenne est un élément important de leur quotidien. Des rencontres individuelles avec le personnel soignant ou des visiteurs y sont possibles et le chemin du retour n’est jamais long. Les habitants peuvent se reposer un instant le long des mains courantes décoratives ou se mettre à l’aise, seuls ou à deux, sur l’un des nombreux bancs disposés sur le côté. Comme tous les aménagements fixes et les luminaires, les bancs ont été conçus par les architectes. Les coussins sont recouverts d’un tissu bleu clair difficilement inflammable, qui est agréable au toucher et rappelle les meubles d’une pièce de séjour. De là, la cour intérieur se dévoile directement ou à travers la toile métallique tissée des volets.
Le jardin aux formes géométriques aménagé par les architectes paysagistes August et Margrith Küntzel est un régal pour les yeux et sert de lieu de séjour contemplatif aux patients et au personnel d’encadrement. À l’est et à l’ouest, une zone protégée empêchant les «fugues» accueille des jardins thérapeutiques aux deux étages, devant la cafétéria, pour le travail et la détente.
Des espaces de séjour dont les murs sont peints en rouge vif sont disposés du côté de la cour et entre les chambres des patients. Des verts et des bleus plus discrets ont été en revanche utilisés dans les chambres des patients. Le sol du couloir est recouvert de Marmoleum brun avec une bordure beige clair d’une largeur à peu près égale à la hauteur des plinthes. Comme dans tous les bâtiments médicaux, il y a un va-et-vient incessant de personnes et d’objets mobiles tels que des chariots de repas et des fauteuils roulants dans les couloirs. Les murs sont donc très exposés, mais la fibre de verre posée entre la plinthe d’une hauteur d’environ trente centimètres et la main courante en chêne peut être repeinte dès que ceci est nécessaire.

Fenêtres côté cour
Les murs extérieurs du bâtiment certifié Minergie-Eco sont en maçonnerie simple recouverte d’un enduit naturel clair d’une épaisseur de trois à quatre centimètres. Les grandes fenêtres brunes sont réalisées en bois et en métal avec des stores vénitiens intégrés. À l’extérieur, elles reprennent le caractère des arêtes vives des nouvelles fenêtres en aluminium du bâtiment A.
Les visiteurs rejoignent leurs proches directement par l’entrée du rez-de-chaussée située sous la colonnade couverte. Les patients dont les chambres se trouvent dans l’aile nord ont une vue sur la cour en contrebas et, de l’autre côté, dans un espace familier à caractère urbain qui ressemble à une ruelle. Depuis les logements du personnel situés à l’étage supérieur et auxquels on accède séparément depuis le côté nord, les habitants ont une vue sur le toit en croupe en zinc-titane de l’aile sud et le vallon de la Limmat.

Texte: Claudia Frigo Mallien

Première publication: Magazine de la Documentation suisse du Bâtiment 2021 - 5