Fluid Spaces

Publié le 27 avril 2023 par
Jørg Himmelreich

La plupart des grandes villes se développent. En conséquence, les loyers augmentent et les surfaces habitables se raréfient. Dans le même temps, la surface moyenne utilisée croît et aggrave le problème: de plus en plus de personnes vivent dans des appartements ou des maisons inutilement grands, surtout les personnes âgées, et sont confrontées à une solitude croissante. Il est donc grand temps d’innover dans la construction de logements. Toutefois, jusqu’à présent, l’industrie immobilière a peu tenu compte de ces changements. Elle continue de se concentrer principalement sur les appartements de trois et quatre pièces et de prévoir des espaces communs plutôt petits. L’Arc Afterwork, qui aura lieu le 15 juin 2023 à la fonderie d’Oerlikon, abordera principalement trois questions. Comment concevoir des espaces de vie flexibles et néanmoins compacts pour différents modèles et phases de vie? Comment stimuler de nouvelles formes de convivialité? Et comment le logement peut-il être plus durable et moins cher?

L'espace commun du rez-de-chaussée de l'immeuble coopératif San Riemo, à Munich, a été baptisé «Lobby» par les habitants. Doté d'une cuisine et d'un atelier, il favorise les activités communes. Les machines à laver et les étagères peuvent être dissimulées derrière des rideaux si nécessaire. Photo: Petter Krag

L'espace commun du rez-de-chaussée de l'immeuble coopératif San Riemo, à Munich, a été baptisé «Lobby» par les habitants. Doté d'une cuisine et d'un atelier, il favorise les activités communes. Les machines à laver et les étagères peuvent être dissimulées derrière des rideaux si nécessaire. Photo: Petter Krag

L'espace commun du rez-de-chaussée de l'immeuble coopératif San Riemo, à Munich, a été baptisé «Lobby» par les habitants. Doté d'une cuisine et d'un atelier, il favorise les activités communes. Les machines à laver et les étagères peuvent être dissimulées derrière des rideaux si nécessaire. Photo: Petter Krag

Le prochain Arc Afterwork réunira trois des bureaux d’architecture les plus passionnants en matière d’innovation dans l’habitat. Maria Conen (Conen Sigl Architekt*innen, Zurich), Anne Femmer (summacumfemmer Architekt*innen, Leipzig) et Annegret Haider (einszueins architektur, Vienne) présenteront leurs concepts et travaux sur ce sujet lors de conférences. Les trois bureaux ont en commun la recherche de nouvelles typologies, d’une plus grande diversité et de nouvelles formes de vivre ensemble. Leur travail est basé sur la prise de conscience que les constellations dans lesquelles les gens vivent ensemble et les besoins en matière d’habitat évoluent de manière générale. La famille hétérosexuelle et bigénérationnelle reste statistiquement le type de ménage le plus courant en Suisse, mais les personnes qui vivent seules ou dans des constellations plus fluides sont de plus en plus nombreuses. En conséquence, les architectes tentent de rompre avec les plans conventionnels. Ils recherchent des concepts de logement qui donnent de l’espace à des groupes plus diversifiés grâce à une multitude d’options et expérimentent parfois des typologies qui peuvent être reconfigurées avec un faible ou moyen effort.

Conen Sigl ont conçu le lotissement coopératif Westhof sur le site de Hochbord à Dübendorf qui est composé de quatre grands éléments. Une barre protège du bruit d'une voie ferrée. Un disque de neuf étages s'élève derrière celle-ci et un avant-corps invite les passants à s'écarter du chemin et à entrer dans la cour. Photo: Philip Heckhausen

Conen Sigl ont conçu le lotissement coopératif Westhof sur le site de Hochbord à Dübendorf qui est composé de quatre grands éléments. Une barre protège du bruit d'une voie ferrée. Un disque de neuf étages s'élève derrière celle-ci et un avant-corps invite les passants à s'écarter du chemin et à entrer dans la cour. Photo: Philip Heckhausen

Conen Sigl ont conçu le lotissement coopératif Westhof sur le site de Hochbord à Dübendorf qui est composé de quatre grands éléments. Une barre protège du bruit d'une voie ferrée. Un disque de neuf étages s'élève derrière celle-ci et un avant-corps invite les passants à s'écarter du chemin et à entrer dans la cour. Photo: Philip Heckhausen

Nouvelles communautés

D'autres thèmes sont communs à ces bureaux: ils veulent créer une architecture qui transforme le voisinage en communauté. Car même si de plus en plus de personnes décident consciemment de vivre seules - dans toute l'Europe, les ménages individuels sont déjà la forme de vie la plus populaire dans les grandes villes - un sentiment de solitude augmente chez les jeunes comme chez les personnes âgées. Les baby-boomers et les générations Y et Z veulent plus de communauté. Ils sont ouverts au partage, qu'il s'agisse d'une voiture, d'objets ou d'un espace, et la qualité des espaces partagés est souvent plus importante pour eux que la taille de leur propre appartement. Le travail domestique organisé collectivement est moins perçu comme un fardeau qu'auparavant, et davantage comme une opportunité de créer un sentiment d'unité: la participation permet des rencontres et favorise la solidarité entre les habitants.Célibataires, parents isolés, personnes âgées, collocations, familles recomposées, LGBTQI+, personnes en situation de handicap physique, personnes aux pratiques culturelles différentes: l'industrie immobilière a jusqu'à présent accordé peu d'attention à toute une série de groupes qui ont été pour la plupart contraints de se contenter de logements standardisés. En attendant, des acteurs du discours architectural s'engagent à penser l'environnement bâti de manière plus diversifiée. Cela se répercute lentement mais sûrement sur les maîtres d'ouvrage. Une recherche de solutions s'est amorcée en divers lieux afin d'impliquer plus fortement qu'auparavant les «autres» avec les moyens de l'architecture. Les constellations deviennent de plus en plus fluides. Jusqu'à présent, lorsqu'il y avait des changements, le seul choix était de déménager ou, parfois, de rester dans des appartements trop grands. Les plans de l'immeuble coopératif San Riemo de l'association de travail summacumfemmer Büro Juliane Greb, par exemple, formulent une alternative typologique. Dans cette «maison qui respire», les unités de vie peuvent être agrandies, réduites, réunies ou divisées selon les besoins, notamment pour permettre des usages communs tels qu'un espace de jeu, un bureau à domicile ou un atelier. À cette fin, les architectes se sont appuyés sur une trame de base formée d'unités de 14 mètres carrés. Ces approches et d'autres seront discutées le 15 juin.

Gleis21 est le projet d'un groupe coopératif, qui a été construit entre 2017 et 2019 près de la gare centrale de Vienne. Il a été planifié dans un processus participatif par einszueins architektur. Ce domicile subventionné comprend 34 unités de logement, de nombreux espaces communautaires et quatre locaux commerciaux. 47 adultes et 20 enfants y vivent actuellement. Photo: Hertha Huranus

Gleis21 est le projet d'un groupe coopératif, qui a été construit entre 2017 et 2019 près de la gare centrale de Vienne. Il a été planifié dans un processus participatif par einszueins architektur. Ce domicile subventionné comprend 34 unités de logement, de nombreux espaces communautaires et quatre locaux commerciaux. 47 adultes et 20 enfants y vivent actuellement. Photo: Hertha Huranus

Gleis21 est le projet d'un groupe coopératif, qui a été construit entre 2017 et 2019 près de la gare centrale de Vienne. Il a été planifié dans un processus participatif par einszueins architektur. Ce domicile subventionné comprend 34 unités de logement, de nombreux espaces communautaires et quatre locaux commerciaux. 47 adultes et 20 enfants y vivent actuellement. Photo: Hertha Huranus

Conception de nouveaux systèmes

La durabilité est également abordée de manière architecturale. Au-delà des questions de densité et d'usages multiples, c'est aussi une question d'organisation et de motivation à réduire l'empreinte écologique. Concevoir une architecture résidentielle devient ainsi plus qu'une question de forme et de matière: c'est la conception de projets de vie alternatifs. Les trois équipes expérimentent également de nouvelles approches économiques, notamment des modèles coopératifs, afin d'identifier des alternatives aux standards existants pour le financement. Alors que les besoins en appartements neufs ne cessent de croître dans les grandes villes européennes, on assiste actuellement à un effondrement du nombre de logements construits. Les projets sont annulés, et les coûts de construction élevés ainsi que la hausse des taux d'intérêt ralentissent l'évolution. Une question se pose donc: les habitants et les architectes peuvent-ils eux-mêmes devenir les investisseurs? Outre les aspects typologiques, il sera aussi question d'économie à l'Afterwork. Coopératives, consortiums, associations et groupes de construction, ces modèles de financement deviennent de plus en plus importants pour réaliser des alternatives dans la construction de logements. Si le bon groupe ne peut être trouvé ou convaincu, les architectes eux-mêmes deviennent parfois membres de la coopérative, et donc maîtres d'ouvrage, aspect qui sera également présenté à l'Afterwork.

Toutes les places de l’Afterwork étant déjà réservées, l’inscription n’est malheureusement plus possible.

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