Le Swiss Arc Mag 2024–3 explore le potentiel des espaces culturels
Le nouveau Swiss Arc Mag met en scène de nouveaux bâtiments passionnants dédiés à la culture. Mais pourquoi s’intitule-t-il «Espace public culturel»? Cela s’explique par différentes observations concernant le rôle de la culture dans la ville contemporaine, notamment en ce qui concerne la transformation de l’espace public. Si la consommation a été le moteur de son animation depuis le boom de l’après-guerre, le shopping entre lentement mais sûrement en crise – notamment en raison du passage du commerce de détail au commerce électronique. Dans ce contexte, les musées et autres institutions culturelles peuvent être utilisés comme catalyseurs pour (re)dynamiser les centres-villes, comme en témoignent des projets réussis dans le monde entier. Mais comment ces lieux culturels doivent-ils être conçus et occupés pour pouvoir jouer un tel rôle? Pour y répondre, il faut se poser d’abord quelques questions: que définit notre société dans les années 2020 dans le contexte de la mondialisation et de la numérisation? Quelles sont nos valeurs sociales et culturelles communes dans la condition postmoderne, et comment les espaces culturels peuvent-ils les exprimer ou favoriser un dialogue à ce sujet?
Si les espaces culturels veulent relever ce défi, ils sont appelés à fournir bien plus que «simplement» offrir un cadre idéal pour la présentation. Ils doivent être des centres vivants d’échange et d’épanouissement créatif, avoir un rayonnement et permettre en même temps un accès facile. Ils doivent donner envie d’y faire un halte et le plus grand nombre possible de personnes doivent intégrer les visites et expositions comme une évidence dans leur quotidien. Dans l’idéal, l’architecture doit être en mesure de communiquer que ces espaces culturels contemporains sont des lieux démocratiques, non hiérarchiques, neutres en termes de genre et postcoloniaux, au sens du Third Space tel que défini par Edward Soja. Nous sommes conscients que l’utilisation de ces termes est devenue délicate, mais de ce point de vue, les bâtiments culturels pourraient peut-être même créer de nouvelles identités communes et générer un sentiment d’appartenance – non pas dans le sens d’une unicité manifeste, mais d’une marge de manœuvre pour une communauté diversifiée et inclusive, qui place au centre un débat continu sur les valeurs et les négociations culturelles.
La rédaction vous souhaite une bonne lecture!