Les villes souffrent du changement climatique

Pluies diluviennes, inondations, vagues de chaleur sont autant de signes du changement climatique qui se manifeste à l'échelle mondiale par la hausse des températures, les phénomènes météorologiques extrêmes et l'élévation du niveau de la mer, mais dont les effets sont directement perceptibles à l'échelle locale de la ville: les espaces urbains souffrent de stress thermique. Les surfaces imperméables, les façades réfléchissantes ainsi que le manque d'ombre, d'eau et de verdure créent des îlots de chaleur qui ne peuvent plus se refroidir et se régénérer, même la nuit. Dans un avenir prévisible, on atteindra des températures à peine supportables pour les personnes, les animaux, les plantes et les infrastructures. Cela met en danger non seulement la vie sociale et la productivité de la ville, mais aussi la santé et la survie de ses habitant·e·s. Aujourd'hui déjà, la population urbaine est exposée à un risque accru de déshydratation et de maladies cardio-vasculaires, et le nombre de décès dus à la chaleur augmente. Une situation qui exige de toute urgence une planification urbaine résiliente. Car sans contre-mesures efficaces, certaines villes seront inhabitables dans quelques décennies, y compris en Europe.

Test de résistance au pavillon allemand

La contribution allemande à la Biennale de Venise prend cette menace concrète comme point de départ: l'exposition «Stresstest» rend la réalité future du climat urbain physiquement et psychiquement perceptible et montre de manière impressionnante que l'architecture et le paysagisme ne sont pas seulement capables de créer des villes adaptées au climat, mais qu'ils doivent le faire.

L'exposition du pavillon allemand est divisée en deux thèmes distincts à savoir, «Stress» d'une part et le «Destress» de l'autre. Dans les espaces de Stress, les visiteur·e·s font l'expérience directe de la réalité de la chaleur urbaine extrême et comprennent de manière immédiate les relations et les effets complexes du réchauffement climatique. Les espaces de Destress forment un contraste sensible: un lieu de repos et de solutions où l'architecture, le paysagisme et l'urbanisme ne sont plus pensés comme des disciplines purement fonctionnelles ou créatives, mais font partie d'un système global et résilient au climat.

Développement urbain intégré basé sur des données

Pour prendre des mesures d'adaptation efficaces, il est essentiel d'enregistrer précisément le stress thermique. La morphologie urbaine, la matérialité et les interactions microclimatiques influencent considérablement l'évolution des températures. Des scénarios sur l'évolution du climat et ses effets sur l'espace urbain sont visualisés à l'aide d'images numériques de régions urbaines réelles. Ils constituent la base d'une planification urbaine nouvelle et durable, dans laquelle la politique et l'administration, l'industrie et l'économie, les planificateurs et les citoyen·nes négocient et développent ensemble des stratégies pour des villes résistantes à la chaleur.

Naturel, Artificiel, Collectif

La contribution allemande tente ainsi de répondre le plus précisément possible au thème général de l'exposition. Sous le titre «Intelligens. Natural, Artificial, Collective», le curateur de la Biennale de cette année, Carlo Ratti, se penche sur l'environnement construit en tant que plus grande source d'émissions globales de CO₂. Il mise sur l'interaction de différentes disciplines, l'architecture en tête, pour développer des solutions substantielles, rapidement réalisables et efficaces. Pour ce faire, il considère que la combinaison des connaissances naturelles, artificielles et collectives est la clé. C'est dans cet esprit que Stresstest montre que les infrastructures vertes, les technologies innovantes et la collaboration interdisciplinaire sont des leviers essentiels pour rendre les villes plus résistantes, plus saines et plus agréables à vivre.