Arc Award 22: Typologies – Interview avec le jury

L'architecte Armin Baumann présente à Dominique Salathé, Ludovica Molo et Vincent Mas Durbec le nouveau Bâtiment GLC dédié à la recherche de l'ETH de Zurich, planifié par Boltshauser Architekten. Photo Jørg Himmelreich
Vous avez établi une shortlist exhaustive et visité de nombreux bâtiments lors du voyage du jury. La qualité des projets architecturaux soumis à l’Arc Award était-elle supérieure à celle des autres années?
Nous sommes globalement contents du niveau de la culture du bâti en Suisse qui demeure élevé. En ce qui concerne la shortlist et notre visite des lieux, nous avons bien sûr choisi les fleurons parmi la vaste sélection de projets. Or, lorsqu’on parcourt la Suisse, on voit encore bien d’autres types de constructions – et il est vrai qu’il reste encore beaucoup à faire en matière de planification et d’architecture. Nous avons également été impressionnés par le nombre élevé de chantiers, il y a une très forte activité de construction. Malheureusement, il manquait aussi quelques nouvelles constructions passionnantes. Elles n’ont pas été présentées, ce qui est dommage.
Avez-vous pu identifier de nouvelles tendances dans l'architecture suisse?
La nécessité de mieux gérer nos ressources semble doucement s’imposer. Nous assistons à un changement de paradigme marqué par l’utilisation de nouveaux matériaux, mais aussi par une approche plus enthousiaste en ce qui concerne la préservation du patrimoine. Mais il reste encore beaucoup à faire. Ce qui m’a surpris, par exemple, c’est le manque flagrant d’innovation dans l’utilisation du photovoltaïque. Nous avons également constaté que certains thèmes, comme celui de la construction de logements, sont fortement conditionnés par les discours régionaux. En Suisse romande, on construit différemment qu’en Suisse alémanique ou au Tessin. Cette diversité est un phénomène caractéristique de la Suisse, et dans un sens aussi positif, dans la mesure où cela contribue à notre richesse culturelle.
Quelles sont les tâches auxquelles les architectes devront s'atteler avec plus de détermination dans un avenir proche?
Nous, les architectes, devons faire avancer plus activement les questions urgentes de notre époque. La construction climatiquement neutre doit devenir une évidence; nous devons considérer l’ensemble du cycle de vie d’un bâtiment. Par ailleurs, je pense que la construction dans l’existant est une question qui mérite d’être approfondie. Il nous faut considérer l’existant comme un stock de matières premières – ou mieux encore, comme une base pour continuer le bâti. Cela suppose un changement de mentalité. Transformer et continuer le bâti ne doivent pas être l’exception, mais la règle. Les architectes devraient en outre se convaincre qu’avec moins, on peut souvent faire plus.
Les espaces habitables, qui se voient appliquer des contraintes de plus en plus fortes, représentent un véritable défi sur le plan typologique. La densification se fait surtout sentir dans les régions urbaines; il y a une pression accrue sur les espaces environnants. Dans ce contexte, il devient crucial de trouver de nouveaux espaces adaptés à une utilisation collective. Nous devons penser à des formes d’utilisation innovantes, tant sur le plan architectural qu’urbain. Nous ne manquerons pas de travail!
Dominique Salathé (président du jury)
est directeur du bureau d’architecture Salathé Architekten à Bâle. Depuis 2004, il est professeur à la Haute école d’architecture FHNW et a également enseigné comme professeur invité à l’EPF Lausanne. Il est actif dans toute la Suisse en tant qu’expert et juré.
Ludovica Molo
est directrice de i2a istituto internazionale di architettura à Vico Morcote et travaille comme architecte indépendante à Lugano.
Inès Lamunière
est depuis 2006 co-directrice du bureau d’architecture dl-a, designlab-architecture à Genève. Elle a remporté le Swiss Grand Award for Art / Prix Meret Oppenheim. Elle a participé à la sélection de la shortlist des projets pour l’Arc Award 2022.
Vincent Mas Durbec
co-dirige depuis 2015 avec Inès Lamunière le bureau d’architectes dl-a, designlab-architecture à Genève. Il s’implique dans diverses associations professionnelles comm GPA (groupement professionnel des architectes de suisse occidentale) et CCAO (la commission des concours et des appels d’offres). Il a participé au voyage du jury et a sélectionné les gagnant·e·s avec Dominique Salathé et Ludovica Molo.