Entretien avec Dominique Salathé, le président du jury de l'Arc Award 20/21

Dominique Salathé sur le balcon de la Tour des Ailes dans l'écoquartier «les Vergers» à Genève en janvier 2021, à l'issue du voyage du jury. Deux projets de ce nouvel amménagement ont été nominés pour l'Arc-Award.
Qu'est-ce qui vous motive à vous engager en tant que président du jury de l'Arc-Award?
Voilà une formidable occasion de se pencher de manière plus approfondie sur la situation actuelle de l'architecture en Suisse. Pour ce faire, il est essentiel de visiter sur place un certain nombre de bâtiments pertinents. La qualité spatiale et l'intégration contextuelle ne peuvent être perçues que dans la réalité, sur le terrain. En outre, j'ai beaucoup apprécié les discussions avec mes collègues jurés d'autres régions du pays. Nous prenons notre travail très au sérieux, et nos discussions sont tout aussi intenses.
Comment se développe la culture du bâti en Suisse? Quelles tendances se dessinent dans les projets qui ont été présentés du point de vue de la construction et de la planification?
Il va sans dire que les considerations écologiques sont une préoccupation croissante pour les planificateurs. La question du climat est devenue un enjeu majeur pour la conception architecturale et a finalement retenu l'attention des architectes et des maîtres d'ouvrage. L'utilisation de nouveaux matériaux et de systèmes simples, intelligents et durables ouvre de nouvelles perspectives. Ce qui est effrayant, c'est ce manque de soin que l'on peut observer; la quantité de nouvelles constructions d'architecture banale et sans aucune personnalité est impressionnante. C'est du moins ce que nous avons constaté lors de notre voyage des jurés à travers la Suisse. Partout c'est la même chose, tout se ressemble, et c'est vraiment dommage. Mais il existe heureusement des exemples remarquables, développés avec beaucoup de soin, qui sont porteurs d'espoir.
Quelles sont les conditions pour réaliser une bonne architecture? Quels sont les modèles de collaboration entre urbanistes et constructeurs les plus prometteurs que vous avez identifiés dans le cadre de ce concours?
Une bonne architecture est toujours une combinaison de plusieurs facteurs. Outre la compétences des architectes et des planificateurs, il faut avant tout un bon maître d’ouvrage et un programme pertinent. Ce n’est que par un véritable dialogue que l’on peut réaliser une culture du bâti de qualité; les bâtiments primés disposent tous de ce petit supplément d’âme, qui va au-delà de la simple perfection. C’est pourquoi les projets d’investisseurs ne figurent pratiquement pas parmi les projets nominés; il manque tout simplement un vis-à-vis concret. Les programmes sont souvent interchangeables – ils se focalisent généralement sur la maximisation du profit et sur l’efficacité. Cette approche banalise l’architecture et lui enlève toute spécificité.