Rénovation du chalet
,
Suisse
Publié le 03 avril 2025
savioz fabrizzi architectes Sàrl
Participation au Swiss Arc Award 2025
Données du projet
Données de base
Données du bâtiment selon SIA 416
Description
Le pavillon qui s'habille comme un costume
Une lecture contemporaine du chalet suisse, une maison dans la maison. Un rêve d’enfant, de la conception aux panneaux de pin, qui révèle une qualité d’hospitalité redéfinissant la notion de «maison simple». C’est une maison. Ou plutôt, un chalet. Construit dans les années 1960, non loin du village de Chippis (Valais), il semble parfaitement correspondre à l’image du refuge de week-end «made in Switzerland». Claude Fabrizzi, architecte du projet, raconte: «Il s’agit à l’origine d’un bien familial, construit par mon grand-père maternel, maître maçon.» Un chalet bâti avec les moyens de l’époque, doté d’une décoration légèrement pompeuse.
Aujourd’hui, c’est un objet réinventé. Structurellement presque identique – grâce à un système de façade porteuse massif –, il a été profondément transformé dans son organisation. Avant tout parce que le projet s’intègre aux façades conservées. On peut y voir une forme de respect envers le travail du grand-père, mais aussi la volonté de travailler avec un budget limité afin de préserver cet aspect moderne. Désormais, c’est un objet singulier. Vu de l’arrière, il semble fondamentalement inchangé. Mais dès qu’on le regarde de face, il révèle un nouvel habillage.
Dessine-moi une maison!
Tout commence par la façade en bois brûlé – du mélèze – qui adopte une forme archétypale de «maison dans la maison». Un effet visuel renforcé par la simplicité des ouvertures: trois fenêtres de tailles différentes, S, M et XL. À l’origine, l’habitation était recouverte d’un bardage horizontal en bois, une esthétique aujourd’hui dépassée. Désormais, le revêtement est vertical, ce qui accentue la hauteur et confère au bâtiment une certaine prestance.
Mais l’élément le plus marquant reste cette cheminée, un étrange édifice monumental qui témoigne du savoir-faire du grand-père maçon. «Elle servait à chauffer l’intérieur et à faire des grillades sous l’entrée couverte.» Aujourd’hui, elle est entourée d’une terrasse en béton qui fait office de salle à manger extérieure, idéale par beau temps. À la fois extension de l’intérieur et espace d’invitation, elle constitue un premier seuil dans la séquence d’accès au chalet. Deux larges dalles de pierre naturelle, rustiques, font office de marches quasi organiques. La cheminée, débarrassée de son habillage en pierre, s’intègre désormais dans la continuité de la dalle en béton. L’ensemble est unifié par un enduit rugueux et rustique, offrant un aspect «simple et naturel».
Le contreplaqueé n'est pas un jeu d'enfant!
L’intérieur est un cocon en bois. Ce que la façade laissait deviner se concrétise ici avec la finesse d’une tiny house. Un espace unique où chaque centimètre compte, où les portes coulissantes ont été privilégiées pour optimiser l’espace. Semi-ouvert pour des raisons de régulation thermique, un jeu de double hauteur crée un dialogue spatial entre les niveaux. «À l’origine, explique Claude Fabrizzi, il n’y avait qu’un seul niveau, et les combles étaient aveugles. Pour les rendre habitables, nous avons dû ajouter 1,50 mètre de hauteur.» Le toit a donc été surélevé de cette hauteur, et l’architecte en a profité pour redéfinir sa pente afin de lui donner une silhouette plus alpine.
On accède à l’escalier en contournant l’espace «table du petit déjeuner». On y retrouve un système de marches servant de seuil et marquant les différences de niveau. L’ensemble du bâtiment, plus robuste qu’une architecture en Kapla, repose sur un plancher intermédiaire en poutres et poteaux, conçu comme un cadre croisé. L’enveloppe intérieure est entièrement habillée de panneaux de contreplaqué de pin. Un matériau industriel que Claude Fabrizzi affectionne particulièrement, notamment «parce que son veinage évoque les copeaux produits lorsqu’on taille un crayon!» Encore une allusion à la maison d’enfance et à la famille.
Si on y pense bien, ce petit chalet suisse illustre parfaitement la célèbre maxime de Lavoisier: «Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme.» Car ici, la transformation est avant tout un hommage au contexte. Une approche qui met en dialogue ce qui a été fait et ce que l’on en fait aujourd’hui.
Le projet de savioz fabrizzi architectes a été soumis dans le cadre du Swiss Arc Award 2025 et publié par Jeannine Bürgi. La version française a été revue par Estelle Gagliardi.