Reussinsel III

Le périmètre de planification du nouvel immeuble d'habitation se situe dans l'une des zones à multiples facettes de Lucerne. La topographie définit de manière naturelle un resserrement entre le bassin du lac (région alpine) et le plateau. Outre la Reuss et les artères de transport local et à longue distance, le quartier de la Basel/Bernstrasse n'a cessé de se développer au cours des dernières décennies et constitue désormais un lien urbain autonome entre Lucerne et Lucerne Nord, avec le quartier de Littau et les communes d'Emmen et d'Emmenbrücke. Entre les flux de circulation et la zone urbaine de la ville, la Reuss constitue un espace naturel de compensation pour le calme et la détente. Ceci constitue la base de l'implantation et de l'extension du nouveau corps de bâtiment. Le bâtiment allongé reprend la structure existante des constructions adjacentes à l'ouest et sépare l'espace fluvial du remblai de la voie ferrée. Le bâtiment est en outre placé tout contre la limite nord. Cela permet d'avoir la plus grande distance possible au sud ainsi qu'un lien direct entre les logements et l'espace fluvial. L'accès aux 64 unités d'habitation se fait par la Reussinselstrasse. On accède aux différents noyaux de desserte verticaux par une zone avant commune, légèrement surélevée. Le volume du bâtiment dans la zone d'habitation de quatre étages se comprend comme un solitaire et un bâtiment de liaison avec la structure d'habitation adjacente.

Selon le principe de l'habitat traversant, les plans profitent aussi bien du côté sud urbain que de l'espace fluvial calme. L'organisation des plans des appartements est définie par la possibilité d'expérimenter cette qualité d'espace extérieur différente. Des fenêtres à hauteur de plafond offrent une vue sur le cours d'eau et le mur historique de la Musegg. 

Une couche de balcons sur tout le pourtour de l'immeuble d'habitation forme en premier lieu l'image de la façade. Côté sud, il garantit l'ombre nécessaire. Côté nord, elle offre aux appartements leur propre «belvédère» sur la rivière. Une construction en bois filigrane structure la longue façade et forme la couche filtrante nécessaire à l'intimité de l'espace extérieur urbain, tout en dessinant le mouvement ondulatoire du côté du fleuve. En raison de la protection contre les inondations, l'immeuble d'habitation trône sur un socle monolithique qui forme à nouveau une «île» sur l'ancien site industriel au bord de l'eau. Cela permet d'une part de réagir à la déclivité du terrain et d'autre part de garantir l'intimité des habitants du rez-de-chaussée. Le rez-de-chaussée comprend également le parking, les locaux techniques et les caves.

Le projet de Scheitlin Syfrig Architekten a été soumis dans le cadre du Swiss Arc Award 2025 et publié par Jeannine Bürgi. La version française a été revue par Estelle Gagliardi.